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MAUREEN O BRIEN |
A L’inattendu Les Dieux Livrent PassageAux éditions HB EDITIONSVisitez leur site |
1332Lectures depuisLe mercredi 20 Decembre 2006
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Une lecture de |
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L’école anglo-saxonne de la littérature policière permet la coexistence assez pacifique de deux courants aussi vivaces l’un que l’autre : d’un côté la branche vigoureuse des durs à cuire où s’affirment John Harvey et Bill James, les Anglais, John Williams le Gallois, Ian Rankin l’Ecossais ; de l’autre un rameau aussi solide que discret où coexistent des auteurs plutôt disparates, P.D. James ou Ruth Rendell. L’œuvre de Maureen O’Brien pourrait bien en être le bourgeon dernier né. Deux de ses romans ont été récemment traduits en français ; ils retracent les enquêtes criminelles menées par l’inspecteur divisionnaire John Bright dans le milieu du théâtre. Est-ce à cette emprise du monde des acteurs que l’on doit le climat général de ces récits, fondé sur les sentiments de terreur et de pitié? Déjà dans les fleurs sont faciles à tuer , la narratrice, Millie, communiquait facilement au lecteur son angoisse, jouant avec ses nerfs tout au long de l’histoire sans que l’on puisse déterminer son implication dans l’assassinat de son amie, étoile montante de la télévision. Maureen O’Brien dans ce second roman garde la trame générale du premier : le meurtre d’une jeune femme retrouvée en état de décomposition fort avancée dans la baignoire de la maison qui appartient à une actrice de théâtre, Kate Creech, partie depuis deux mois jouer la tragédie ancienne Médée, où elle interprète le rôle titre. Son trouble à l’annonce de la découverte macabre faite par le subtil et brutal John Bright, vif et affligé d’un coquet strabisme, peut-il en faire une coupable idéale ? Ces éléments posés, l’enquête se déroule, menée et c’est une première originalité du roman, par Kate,autant que par le policier. Comme si le sentiment douloureux d’avoir été flouée – le ou les criminels sont des proches, ont utilisé sa maison dont ils avaient la clef, bousculé son intimité- décuplait sa volonté de démêler « le tissu de la trahison » En même temps bien sûr, le lecteur n’est sûr de rien, puisque le policier compose avec elle un improbable couple enquêteur : une douloureuse et récente passion, qu’on ne peut dévoiler ici, le fragilise lui aussi. Bref, dans les spirales d’une enquête rondement menées, où le tempo de l’intrigue est relayé et soutenu par des dialogues brillants, on appréciera la trame impeccable d’une tragédie policière où la quête ardente de la vérité ne tue pas celle de l’amour. Bernard Daguerre Maureen 0’Brien : A l’inattendu les dieux livrent passage (The Mask of Betrayal 1998 traduit de l’anglais par Lalla Lenda )– HB éditions- 426 pages -octobre 2006- 22 €- 12/06 |