|
|
MAX OBIONE |
Regarde AilleursAux éditions SKAVisitez leur site |
791Lectures depuisLe lundi 22 Juillet 2019
|
Une lecture de |
16 Nouvelles fantastiques noires. Collection Mélanges. Editions SKA. Parution le 29 juin 2019. 135 pages. 3,99€. ISBN : 9791023407785 Sans être atteint d’un strabisme divergeant ou convergeant… Dans ce recueil virtuel de nouvelles noires et fantastiques, teintées d’anticipation et d’un zeste d’érotisme, d’un humour (noir, je précise) parfois sarcastique, Max Obione démontre que sa palette créative ne faillit pas d’imagination. Il ne manque pas de nous rappeler au détour de certains textes que l’histoire nous guette sans se projeter dans le temps, sans même traverser la rue, mais chez soi. Ainsi dans Les gros mensonges, le narrateur est un écrivain qui pond régulièrement ses deux cent cinquante pages mensuelles afin d’assurer sa pitance et d’évacuer sa libido avec des personnes aux charmes tarifés mais dont les sentiments n’entrent pas dans les contrats. Il possède plusieurs pseudonymes, américains cela va de soi car c’est vendeur, et il en change souvent afin de laisser croire aux lecteurs qu’ils se délectent d’un catalogue aux nombreux romanciers de talent. A moins que ce soit l’éditeur qui veut laisser croire qu’il possède une écurie conséquente. Pour autant, le narrateur ne se leurre pas sur l’importance de son talent et la portée de sa prose. Comme disait Michel Lebrun en parlant de ses propres romans et de la littérature populaire en général, Vite écrit, vite lu, vite oublié. Ce que l’on appelle le réalisme. Mais Max Obione ne se contente pas de mettre en place un protagoniste qui pourrait lui ressembler (quoi que…) et il offre un épilogue de toute beauté, une pirouette digne d’un Fredric Brown qui joue avec les codes et se montre malicieux. Parmi les autres nouvelles, dont vous trouverez la liste ci-dessous, à signaler Orphans dont le propos est nettement plus sérieux ( ?), et qui colle à l’actualité depuis quelques années. Le décor est placé dans un orphelinat dont les pensionnaires sont des maladies dites orphelines. La vie est difficile aussi bien physiquement que moralement et le personnel de santé ne se montre guère compatissant. Des enfants, on en retrouve dans Tomato Kecchappu Kôtei, des gamins en révolte contre les adultes, une révolution sexuelle juvénile située dans une des îles composant l’archipel du Japon. Ce texte prend sa source d’après un film de 1971 de Shuji Terayama. Quant à La Chatte bottée, s’il s’agit d’une nouvelle librement inspirée du conte de Charles Perrault. Une botte narre l’histoire et les aventures amoureuses et sanglantes de Luisa tandis que sa sœur jumelle, la sœur de la botte je précise, n’est pas intéressée du tout par ce qu’il se passe. Elle fait la tête tandis que la première marche sur la pointe des pieds pour mieux se divertir de certaines séances et séquences. Cutter, comme son titre l’indique, est l’arme qui a servi à mutiler des femmes, des cadavres. Dans ce petit coin des Etats-Unis, les policiers arrivent rapidement sur place, alertés par un de leurs collègues qui a découvert le dernier corps dans un fossé. Mais selon toutes vraisemblances le meurtre s’est déroulé ailleurs. Las des haines, titre jeu de mots, nous présente un biologiste amateur cultivant amoureusement une bactérie, la regardant grossir de jour en jour, l’examinant avec fierté dans l’oculaire de son microscope. Il la nourrit comme s’il portait en son sein sa progéniture, et il n’y en a que pour elle.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, ces seize nouvelles n’ont rien en commun sauf ce regard de Max Obione sur notre entourage, celui que l’on ne perçoit pas toujours mais que l’on côtoie. Un regard désabusé, décalé, un humour grinçant, sarcastique, et si l’on s’esclaffe de temps à autre, il s’agit d’un rire jaune. L’auteur regarde ailleurs, certes, mais dans les yeux, un monde en déliquescence, le fixant comme l’entomologiste examine un insecte nauséabond et nuisible. Mais on a besoin d’insectes, quelle que soit leurs fonctions dans la biodiversité. Et sous la plume inquisitrice de l’auteur se dégagent, se dévoilent, une grande sensibilité, un humanisme prégnant, une vision pessimiste et une désillusion exacerbée quant à notre avenir.
Sommaire : Les gros mensonges Orphans Cutter Las des haines Véroli & vérola Tomato Kecchappu Kôtei La chatte bottée Le rire des hyènes Maltraitance La ficelle Canon A cœur battant Attention à la marche La gaule à Mickey Arrière-cuisine Caduta massi
|
Autres titres de |