JEAN-HUGUES OPPEL

Le commissaire Gouanaud reçoit un courrier anonyme. Il s’agit de documents et d’un CD audio, concernant le meurtre de Jean-Pierre Duchesnes. L’expéditeur a pris toutes les précautions afin de ne fournir aucun indice sur son identité. Obéissant à ses propres motivations, il apporte des révélations sur ce dossier mal résolu.

Jean-Pierre Duchesnes appartenait au milieu de la haute finance. S’il avait une bonne réputation (et une jolie femme), certains affirment qu’il fut mêlé à de scandaleuses transactions occultes. Le trafic d’armes vers l’Afrique reste juteux. Ce n’est pas le colonel ivoirien Eugène “Dumbo” Martinson qui dira le contraire. Les intermédiaires comme Duchesnes élaborent de savantes combinaisons, bénéfiques pour les fournisseurs et leurs clients. Les services secrets états-uniens s’en mêlent peu, mais suivent attentivement ce jeu d’import-export. Ils ne paraissent pas impliqués dans ce meurtre. Quant à Douglas Schussmann, le coupable officiel, il semblait bien inoffensif.Dans le CD audio, l’expéditeur (sans doute un étranger) s’adresse au commissaire. Il relativise les témoignages lus par le policier. L’opération “Pélican Rouge” était une habituelle affaire d’argent sale, une manipulation politico-financière ordinaire. En réalité, « la raison principale de l’assassinat de Jean-Pierre Duchesnes est à chercher dans la place qu’occupait celui-ci dans les rapports de production » dit l’homme de façon sibylline...

Le thème du meurtre par un professionnel est un classique du roman noir. De même que les pièces du dossier, servant à cerner la vérité. Oppel connaît et maîtrise le sujet. Le plus intéressant, c’est le propos : trafics d’armes et magouilles internationales, réseaux discrets et bakchich pour chacun, l’organisation est bien rôdée. Mais en ce 21^e siècle ultra-libéral, où (presque) tout se vend librement, où la nouvelle génération de dirigeants ne masque plus son cynisme, les transactions secrètes ont-elles encore un avenir ? Voilà qui mérite réflexion. Bienvenue dans un monde pourri !