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JEAN-HUGUES OPPEL |
19 500 Dollars La TonneAux éditions LA MANUFACTURE DE LIVRESVisitez leur site |
971Lectures depuisLe jeudi 23 Mars 2017
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Une lecture de |
Parution le 2 mars 2017. 256 pages. 16,90€. Cela mettrait ce livre à 5$36... Y'a un truc... Homme de principes, Falcon ne veut pas être qualifié de tueur à gages mais tient à l'appellation d'assassin professionnel. Et effectivement, il ne joue pas dans la cour des amateurs, des bricolos qui sabotent le travail qui leur est confié. Ainsi, à Caracas, où sa mission l'a conduit, il a maquillé son boulot de tireur isolé en attentat laissant sur place assez d'indices pour induire les policiers en erreur. Il quitte les lieux la conscience pas vraiment tranquille. Non pas qu'il regrette son geste, il a été payé pour, mais parce qu'il sent qu'il a omis une petite vérification qui pourrait lui être fatale. De plus, il commence à vieillir, l'âge de la retraite va bientôt sonner pour lui, et les tueurs à gages, principalement issus d'Europe de l'Est arrivent sur le marché en cassant les prix. D'ailleurs il n'a pas touché la totalité de la rétribution qui lui est due, et, homme de principes, il n'accepte pas ce manque à la déontologie. Et il rencontre aux USA son commanditaire, ou plus exactement le représentant de commanditaires texans. Ce n'est pas Dallas, mais ça sent bien le pétrole.
Agent analyste de la CIA, Lucy Chan, d'origine chinoise mais Américaine à part entière, elle sait le préciser lorsqu'on la titille sur la couleur de sa peau et sur son nom, Lucy Chan donc, surnommée Lady-Lee, survole l'Atlantique pour une mission au Nigéria. Après Lagos, elle se rend à Port Harcourt, et là aussi ça sent le pétrole, à plein nez, jusque dans ses bottes dont elle a eu soin de se prémunir. Elle rencontre le chef d'antenne de la base locale de la CIA, qui entretient quelques préjugés sur les femmes et leur capacité à mener à bien leurs missions. Elle le détrompe rapidement. L'agent West a alerté la CIA à cause de la tension actuelle et de la chute des cours du pétrole, ce qui est préjudiciable à tout le monde. Un message crypté attend Lucy Chan lui demandant de se rendre au Nord-Kivu, dans la région des Grands Lacs, en République Démocratique du Congo. A Goma, l'un des résidents, un major parait-il, lui explique que les avions qu'elle entend voler au dessus d'elle sont chargés de cassitérite, provenant des mines exploitées manuellement par les locaux travaillant dans des conditions dangereuses pour un coût extrêmement bas mais qui à la revente grimpe à des prix d'or. Elle approche un Chinois faisant partie d'un groupe de visiteurs appartenant à un conglomérat guère préoccupé d'écologie ou de recherches zoologiques.
A Londres un opérateur de marché surveille jour et nuit, sur les quatre écrans disposés devant lui, les cours des actions et des matières premières, des fluctuations régies selon l'offre et la demande.
Pendant ce temps, un individu qui se cache sous l'alias de Mister K. envoie des mails, des newsletters, plus ou moins subversifs prétendant éclairer les masses en divulguant les scandales de la spéculation boursière. Une pratique que n'apprécient pas la CIA et d'autres services d'état. Pour un courtier en immobilier, il ne s'agit que d'un emmerdeur qui peut déranger les esprits faibles et agiter ceux des crétins complotistes. Il est vrai que montrer du doigt certaines pratiques financières en jouant avec de l'argent virtuel, peut déstabiliser les marchés boursiers.
Sérieux, détaillé, documenté, précis, ce roman est toutefois nimbé d'un humour subtil et Jean-Hugues Oppel se montre même persifleur par intermittence, lors de certaines scènes. Et le final pourrait paraître baroque, emprunter au non sens, se révéler comme une immense farce, sauf que ce genre de pratiques s'établit en coulisses, sans que le commun des mortels soit dans la confidence. Le maquillage au nom du secret et de la raison d'état et surtout des financiers. Et ce n'est pas tant l'histoire en elle-même qui n'en est que le support, mais le fond de l'intrigue qui interpelle (c'est un mot à la mode !), mais qui devrait donner froid dans le dos des petits épargnants. Il ne s'agit pas d'une leçon d'économie pour les Nuls, mais de montrer en évidence quelques pratiques peu avouables, et d'ailleurs peu avouées. Et tant pis pour ceux qui se laissent prendre les doigts dans le pot de confiture, ou dans le paquet d'actions achetées et revendues en quelques secondes, empochant ou perdant quelques millions de dollars ou d'euros. La Bourse n'est qu'un immense jeu de Monopoly.
Il faut toujours se méfier des pays qui croient nécessaire de mentionner démocratique (ou populaire) dans leur nom.
- Savoir dépenser pour économiser, ne pas hésiter à commencer par perdre pour gagner ensuite, de sages préceptes que trop de grands patrons négligent ou méprisent. Vous connaissez la différence entre un producteur de cinéma américain et un producteur de cinéma européen, surtout français ? - Allez toujours, je sens que ça va être hilarant. - Le producteur français se demande toujours combien va lui coûter un film, l'américain combien il peut lui rapporter. A méditer, mon vieux. |
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