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JEAN-PAUL NOZIERE |
Roméo Sans JulietteAux éditions THIERRY MAGNIERVisitez leur site |
1158Lectures depuisLe vendredi 12 Juin 2015
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Une lecture de |
Parution le 13 mais 2015. 272 pages. 14,50€. C'est comme un repas sans sel ou un baiser sans moustache ? Résident depuis six mois dans un centre éducatif fermé, Roméo est convoqué par le directeur de l'établissement. Lequel lui annonce deux nouvelles, une bonne et une mauvaise, cela dépend de quel côté le curseur est placé. La première, c'est que Roméo est libre et qu'il va pouvoir entrer dans la vie civile comme cela lui bon lui semble, c'est à dire probablement s'engager comme militaire. Son rêve depuis des années. Ensuite que son père est malade, en fin de vie et qu'il serait normal qu'il lui rende visite. D'ailleurs il le réclame. Ça, Roméo n'y tient pas, mais alors pas du tout. C'est un peu, ou beaucoup de la faute de son père s'il a vécu six mois en centre éducatif fermé. Toutefois il accepte d'écouter au téléphone le docteur qui suit la santé de son père à l'hosto. Il n'est pas convaincu de se rendre sur place, mais lorsque le toubib lui annonce que son père n'a plus que quelques heures à vivre, qu'il l'a vu en pleurs et qu'il a prononcé P'tit pédé, alors que depuis de depuis plus de six mois il n'avait dit aucun mot, Roméo accepte de se rendre sur place. Mais, arrivé à Sponge, la ville où il a vécu toute son enfance, il tient d'abord à se rendre au Petit Clocher, un lieu-dit à la sortie de la commune. Son père tenait une épicerie, mais il ne reste plus rien. De toute façon Roméo ne se rendait pas au Petit Clocher pour constater les dégâts, mais pour rencontrer son amie d'enfance Juliette. Seule sa mère est présente et reçoit Roméo comme un chien dans un jeu de quilles. Juliette est prétendument à la fac. Quant à Léopold, le frère de l'adolescente, il se remet progressivement de la perte d'une jambe. Roméo est déçu, toutefois il comprend cette réaction, en regard des événements qui se sont déroulés les mois précédent son enfermement en centre éducatif. Roméo et Juliette se connaissent depuis leur toute petite enfance. Brigitte, la mère de Juliette et Léopold, est relativement riche et vit de l'autre côté de la route en face de chez Roméo. Tandis que Roméo, alors âgé de huit ans, habitait depuis un mois chez sa grand-mère Costancia, à Dijon, celle-ci lui apprend que sa mère est morte. Il revient au foyer paternel et son père seul s'occupe de lui. Roméo se rend souvent chez Brigitte, et les deux gamins vont ensemble à l'école. Serge Lopez, le père de Roméo n'est plus tout à fait comme avant. Sa petite épicerie bat de l'aile, pourtant il continue à faire marcher son commerce. Toutefois il semble traficoter par ailleurs. Les jours, les semaines, les mois passent, les années défilent, Serge Lopez devient agressif envers tous ceux qui selon lui mangent le pain des Français, les émigrés, les étrangers en général et les Arabes en particulier, ainsi que les homosexuels. Tous bons à mettre dans le même panier selon lui. Il s'enfonce dans un racisme primaire, vitupérant envers justement les Arabes qui ouvrent leurs échoppes quasiment vingt-quatre heures sur vingt-quatre, alors que lui est obligé de se conformer à la loi et de respecter les horaires. Il plante en haut d'un mat fiché dans son jardin un drapeau français, surnomme l'endroit où ils vivent la Petite France, s'abouche avec des individus peu recommandables, et change le prénom de Roméo en Romé tout court. Et l'appelle P'tit pédé de temps à autre. Roméo ne sait pas si c'est du lard ou du cochon. Les individus qui côtoient son père ne sont vraiment pas fréquentables, des personnages malsains, racistes, des bagarreurs, à l'esprit obtus. Pourtant Roméo va lui aussi les fréquenter, un peu par obligation, et c'est le début de la fin.
Jean-Paul Nozière trempe une fois de plus la plume là où ça démange. Il met en évidence les déviances comportementales exercées par des olibrius ne méritant pas l'appellation d'êtres humains entraînant des dérives sectaires, racistes et homophobes. Les paroles et les actes d'un père perturbé dans sa vie familiale et sentimentale agissent négativement sur son fils qui veut faire plaisir à son géniteur, même s'il se rend compte que son comportement n'est pas celui qu'il devrait avoir. L'amitié juvénile entre Roméo et Juliette évolue en vieillissant et bientôt l'affection puis l'amour adolescente se substituent à ce sentiment loin d'être puéril. Pourtant Roméo et Juliette prennent des chemins séparés, Juliette se montrant brillante et studieuse tandis que Roméo délaisse les études pour entrer à mi-temps dans la vie active. Leurs fréquentations ne sont pas les mêmes et influent sur leur caractère. Jean-Paul Nozière n'écrit pas des romans à l'eau de rose lorsqu'il s'adresse à des adolescents, au contraire, il leur montre la réalité quotidienne toute crue, en se focalisant sur certaines dérives.
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