Pour faire un bon polar à la mode de Tran-Nhut, il faut une solide érudition, et une pincée de bons sentiments. Pour ce qui est de l’érudition elle s’étend de l’Histoire, en passant par la médecine, à l’astronomie, et j’en passe. Mais c’est les bons sentiments qui , loin de gâcher la sauce la délie délicatement et lui donne ce petit goût doux-amer sans pareil. "La poudre noire de maître Hou" ne déroge pas à la règle ! Nous retrouvons le mandarin Tân, flanqué du lettré Dinh grand amateur d’étoffe et dont l’œil à une certaine tendance à s’attarder sur les jeunes garçons, au point qu’il n’est pas prêt d’observer le devoir de tout bon confucéen qui respecte la doctrine du maître : assurer une descendance à ses propres parents. D’ailleurs le lettré Dinh n’a cure de Confucius auquel il préfèrerait le libertaire Lao T’Seu. Notre fine équipe est renforcée par le docteur Porc, grand amateur de nourritures grasses, de femmes qui le sont tout autant, et de cadavres si possibles putréfiés. Notre trio va être renforcé dans cette enquête par un homme étrange à la peau blême et aux cheveux rouges, qui a pour étrange coutume, entre autre, de se signer au moindre cadavre. Un jésuite venu porter la bonne parole aux Chinois et qui doit s’avouer qu’il aura sans doute plus appris de l’Asie (il note ses observations dans un précieux cahier noir), que ce qu’il aura apporté aux païens qui peuplent cette région du monde. Et les cadavres ne manqueront pas puisque outre celui d’un aristocrate dévoyé et de deux femmes mystérieusement saignées lors d’un naufrage, il y a foule de morts vivants dans cette histoire. Mais pas uniquement. Le cœur de notre mandarin balance entre une adorable créature qui manie le fouet comme personne, et une déesse mariée à un eunuque. Sur fond de baie d’Halong au XVIIème siècle. À cela s’ajoute, comme toujours, une pointe d’érotisme et l’habile maniement du discours équivoque qui font de chaque roman de Tran-Nhut un puits d’érudition pimenté de sensualité, une enquête qui fait plus que tenir la route, et une langue gourmande de mots . Quant à la pointe de bons sentiments dont je parlais au début, elle exprime la révolte de nos auteurs (il s’agit de deux sœurs) pour des sujets comme l’intolérance, la cruauté gratuite, le refus des différences, la bêtise grasse des hommes, tous sujets qui sont malheureusement toujours d’actualité.
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