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JEAN-LOUIS NOGARO |
La Guerre A Son ParfumAux éditions DU CAIMANVisitez leur site |
1918Lectures depuisLe jeudi 13 Mai 2010
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Une lecture de |
Saint-Étienne, fin mai 1944. Le jeune Lucien Bornier est une sombre crapule. Pas simplement un de ces traficoteurs qui, en temps de guerre, subsistent grâce à de petites combines. Surnommé l’Embaumé, Bornier traite directement avec l’occupant nazi. Il entretient des relations privilégiées avec un oberführer de la Wehrmacht, Gustave Hermann. Il a échappé au STO, et bénéficie de laissez-passer de toutes sortes. La Gestapo paie bien les armes ou les émetteurs volés chez les maquisards. Dénoncer sans scrupule ses concitoyens ne le gêne pas, puisque ça rapporte gros. Le seul luxe affiché par Bornier, ce sont les parfums coûteux, soigneusement choisis, à ses yeux signes d’élégance. La menace du débarquement des Alliés désorganise les troupes allemandes. Les relations avec la Milice étant moins lucratives, il est temps pour Bornier de récupérer sa valise bourrée d’argent et de quitter la ville. Le 26 mai, un bombardement aérien secoue Saint-Étienne, causant de graves dégâts. Bornier trouve l’occasion de changer d’identité, avant de disparaître. Une trentaine d’années plus tard, un inconnu pense le reconnaître dans un train. Ce notable de Clermont-Ferrand, riche chef d’entreprise originaire du Puy-en-Velay, serait-il cet homme dont-il cherche la trace depuis si longtemps ? Il doute que Lucien Bornier soit mort en héros, en 1944. C’est dans un des nombreux cimetières stéphanois qu’il trouve finalement la preuve qu’il cherchait. En avril 2007, une série de braquages vise les parfumeries Martinaud dans la région de Saint-Étienne. L’affaire intrigue l’oisif Ernest Cafuron, un escogriffe traînant quotidiennement dans le bistrot de son copain Paul. Il s’inquiète pour sa petite amie Linda, employée dans une boutique Martinaud pas encore attaquée. Cafuron mène sa petite enquête dans les parfumeries braquées. Il semble que les voleurs n’emportent que des parfums fantaisie, de peu de valeur. Selon de témoignage d’une esthéticienne, ces braqueurs sont probablement allemands. Même s’il n’est guère apprécié du père de Linda, Cafuron se doit de protéger la jeune femme. Il s’installe durant tout l’après-midi dans le bistrot faisant face à la parfumerie. Mais il provoque un incident, qui l’empêche d’assister à l’attaque de la boutique. Or, justement, les braqueurs ont kidnappé Linda… Ce court roman noir utilise avec aisance le contexte historique et géographique stéphanois, l’auteur connaissant bien sa région. Les portraits des protagonistes sont parfaitement réussis. Celui de Bornier, vil salopard profitant de la guerre pour s’enrichir salement, autant que celui d’Ernest Cafuron, jeune séducteur désargenté aimant l’aventure. Les seconds rôles sont aussi fort bien dessinés. Si la suite du récit apparaît plus souriante, elle n’en contient pas moins sa part de noirceur. Sans doute est-ce une occasion de se souvenir que beaucoup de collabos et traîtres en tous genres ont échappé à l’Épuration. Utilisant un format bref, c’est sur une narration vive que Jean-Louis Nogaro nous entraîne dans ce texte. Il confirme les qualités remarquées dans un de ses précédents polars, “Saint-Étienne Santiago” (Éd.Ravet-Anceau, 2007). À découvrir ! |
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