JEAN-PAUL NOZIERE

Lorsque Vassile arrive dans le petit village de Blot accompagné de son chien Mo, il est précédé d’une réputation guère flatteuse. Son apparence de zonard ne plaide guère en sa faveur, mais ce sont surtout ses antécédents qui le discréditent auprès d’une grande partie de la population. Sa mère a vécu durant près de dix ans un peu à l’écart de la bourgade, hébergée dans une bicoque appartenant à un gros vigneron local. Aujourd’hui elle est décédée et il vient prendre possession de son héritage. La bâtisse a subi d’importantes dégradations et des jeunes villageois continuent le saccage en sa présence. Il préfère laisser les adolescents sous l’emprise de l’alcool et de leur fureur mêlée de haine perpétrer leur vandalisme plutôt que d’envenimer le climat par des actes de rébellion. Liliana, sa mère née en Moldavie avait été achetée à ses parents par Vladimir, un proxénète qui l’avait emmenée à Lyon à l’âge de seize ans. Et quand elle était tombée enceinte, au grand dam de Vladimir, elle s’était opposée non seulement à un avortement mais avait gardé et élevé son enfant comme une mère dite normale. Les années étaient passées, elle avait été obligée de confier son petit garçon à une famille d’accueil. Vassile ne se souvient plus vraiment de ces années passées, de son enfance perturbée. Il n’a qu’une photo de sa mère, celle prise sur son lit de mort en Moldavie. Grâce à des témoignages divers Vassile va pouvoir reconstituer son parcours et surtout le calvaire, le chemin de croix de sa mère.

Les romans de Jean-Paul Nozière, même s’ils s’adressent à un lectorat d’adolescents, ne sont pas constitués de guimauve. Ils plongent leurs jeunes lecteurs dans une réalité sociale réelle, loin de l’infantilisme qui parfois prévalait dans les romans destinés à des ados. Tout n’est pas rose sur cette terre et Jean-Paul Nozière le démontre, le dénonce, fait toucher du doigt le concret, même si certains de nos hommes politiques refusent de voir l’existence de certaines situations. Il ne s’agit pas de tomber dans le misérabilisme, au contraire, mais de relater le destin d’êtres humains confrontés à l’adversité. Un roman plus fort qu’un cours de philosophie abstrait et abscons.