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JOSE NOCE |
Villa ConfusioneAux éditions KRAKOENVisitez leur site |
2387Lectures depuisLe lundi 29 Juin 2009
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Une lecture de |
Grâce à un héritage fort bien venu, une magnifique villa dans l’île Ustica, non loin de la Sicile, le commissaire en retraite Raymond Garcia Lopez, et sa femme Claudine, journaliste internationale s’installent dans un lieu paradisiaque, loin de tout. Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que des importuns viendraient troubler leur repos. Qu’à cela ne tienne ! Grâce à Pépé, la figure locale, aussi connu comme trublion que comme artiste, propriétaire d’un chien léonin et d’un âne dont la tessiture du braiment dépasse de loin le nombre de décibels autorisés, ils vont détourner les inconvénients des visites surprises. Le vieil homme complaisant leur prête un pré sur lequel subsistent des reliquats de bâtisse issue du fin fond des temps et des grottes pouvant servir de chambres d’hôtes. Les hôtes qui se sont imposés déguerpissent rapidement, leurs carcasses et entendements ne résistant pas à l’inconfort proposé. Mais il faut croire que cette primo invasion n’était que le premier grain de sable d’une plage s’étendant à l’infini. Deux nouveaux indésirables débarquent et là, ce n’est pas de la pacotille. Saintonge et Maève, deux anciennes connaissances mais pas forcément amicales, arrivent à leur tour. C’est du sérieux, du solide, des ennuis en perspective. Pourtant Raymond croyait bien en avoir fini avec le Rincon, organisation dont il était le créateur, plusieurs dizaines d’années auparavant, avec quelques amis écolo-anarchistes (non ce n’est pas un pléonasme !). Depuis l’organisation avait fait tâche d’huile, essaimant ses membres un peu partout dans le monde tandis que Raymond se recyclait policier, affecté à un service spécial. C’est surtout Maève qui pose problème, puisqu’elle fut son amante, alors que Claudine batifolait parfois dans d’autres draps. Période révolue, pensait Claudine. Mais faut croire que la villa héritée possède un pouvoir d’attraction dont les anciens propriétaires n’auraient pas connu la capacité car un troisième flot d’antipathiques personnages fait irruption. Pour Raymond, et ses amis îliens, il va falloir jouer serrer et sortir la grosse artillerie. Il y a peu, Didier Decoin, de l’Académie Goncourt , déclarait “ si au bout de quarante pages, il ne se passe rien, je passe au suivant ”, en parlant des ouvrages sélectionnés pour le fameux prix de l’hôtel Drouant. Moi je déclare qu’il faut parfois persévérer, ainsi avec Villa Confusione, dont le début est vraiment confus, desservi par une écriture tarabiscotée, alambiquée, qui se veut humoristique mais tombe à plat dans ce délire verbal. Ensuite cela se décante, et l’histoire prend son envol avec une mise en scène de personnages limite déjantés, animaux compris. Bref un bon roman qui aurait demandé à être légèrement dégraissé.
Raymond et Claudine ont hérité d’une villa en Sicile, sur l’île d’Ustica. Quinquagénaire proche de la retraite, Raymond connut une carrière de policier assez trouble. Anar dans l’âme, écologiste militant, il contribua à fonder l’organisation RINCON, mouvement regroupant des défenseurs de l’écologie. Mais leur réussite eut son revers : en s’internationalisant, le RINCON intégra des activistes de plus en plus violents. Raymond a pris ses distances avec le mouvement. Néanmoins, sur Ustica, il compte quelques sympathisants qui lui restent fidèles. Une des figures de l’île, c’est le vieux pépé Antonio. Le meilleur allié de Raymond, sans doute, avec son terrible chien mordant et son âne redoutablement sonore. Il connaît la vie, pépé Antonio, lui qui a trop tôt perdu sa Maria, mais qui la garde en lui comme son étoile. Des indésirables, amis du couple Raymond et Claudine, il s’en présente à Ustica pour séjourner dans leur magnifique Villa Confusione. C’est un taudis en chantier, une ruine inconfortable, que leur présente Raymond en guise de palais. En réalité, la masure baptisée Villa Confusione 2, appartient au pépé Antonio. Pas difficile de décourager les importuns. Toutefois, quand débarquent sur l’île deux vrais revenants, Claudine préfère s’éloigner. Car Camille Saintonge est censé avoir perdu la vie dans une action commando. Et Maève Choisy, qui fut brièvement l’amante de Raymond, devrait actuellement vivre avec son riche époux Grec. Elle a l’air gravement souffrante, Maève, après avoir connu le martyr avec son mari. Sauvé par des moines orthodoxes grecs, Camille l’a accompagnée ici, tandis qu’un sérieux danger les menacent. Sur son yacht Priam, le grec Dimitriou espère récupérer un mystérieux microfilm qui pourrait lui nuire. Mais Raymond et le pépé Antonio ne manquent pas de ressource quand il s’agit de contrer des adversaires, aussi bien entraînés soient-ils. D’autant que les festivités d’Ustica vont leur permettre de répliquer sans alerter trop de monde. Mais, après Dimitriou, c’est le puissant Léandros qui se manifeste… Le terme « Confusione » désigne non seulement la villa des héros, mais aussi la nature même de leur histoire, sa construction. L’idéalisme de Raymond et de ses amis, la vision du monde du vieil Antonio, les animaux singuliers de ce dernier, la jalousie de Claudine et ses mésaventures à Lipari, les malheurs de Maève et Camille, le commando des Grecs, etc. : tout ça nous donne une sorte de kaléidoscope en guise de scénario. Ce n’est ni déplaisant, ni enthousiasmant, mais ça exige un certain effort de lecture (les paragraphes de deux-trois pages sont toujours quelque peu rebutants). Sur la fin, offrir une amourette à Raymond, après qu’il ait traversé divers périls, apparaît superflu. Certes, la philanthropie l’emporte au dénouement, ce qui correspond à l’esprit de Raymond. Avec davantage de fantaisie, de décalage, ce roman aurait été bien plus convaincant.
Lorsque l’on hérite d’une somptueuse villa dans une île ensoleillée au large de la Sicile, a-t-on le droit de s’étonner que des importuns débarquent à l’improviste, avec la ferme intention de profiter du gîte, du couvert, du soleil et de la mer ? Au lieu de se scandaliser de ce manque d’éducation, il vaut mieux déployer quelques ruses subtiles afin que ces fâcheux prennent la fuite au plus vite. Avec la complicité de Pépé, un vieil autochtone qui converse avec les morts dans sa tenue d’Adam, Garcia Lopez installe les messéants au milieu de résidu de pierres qu’il présente comme sa demeure. Le résultat est immédiat : ces visiteurs fuient dès le lendemain. Malheureusement, Garcia Lopez ne se débarrassera pas de ses seconds convives que lui imposera son passé de baroudeur écolo. Lorsque débarque Maève, une ancienne de ses maitresses, en compagnie de l’ancien collègue Saintonge, sorte de mercenaire qu’il avait laissé pour mort, c’est sa femme Claudine qui prend la poudre d’escampette… Et, pour ce brave commissaire à la retraite Garcia Lopez, les ennuis ne font que commencer. Car dans leur sillage, ces deux visiteurs issus d’une époque qu’il souhaitait ancestrale, traine une bande de véritables malfaisants, aux AK-47 affutés… Certes, Garcia pourra se reposer sur l’aide de Pépé, son neveu simplet, son chien luciférien et son âne aux sabots percutant, mais cela suffira-t-il ?
Quant à José Noce, l’auteur de ce roman aux relents de folie, il est amoureux des mots. Et cette passion, il la défend « unguibus et rostro ».
Lorsqu’une expression s’installe dans sa tête, il la soupèse, l’examine, la triture avant de la jeter, méconnaissable, sur la page blanche. Et de mots à mots, de syntaxes en syntaxes, il multiplie les juxtapositions, les coordinations, les subordinations, les relatives, les complétives, les circonstancielles… il multiplie comme d’autre des petits pains, pour roman hors norme aux situations et aux personnages aussi loufoques qu’incroyables. |
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