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ANAIS NIN |
Vénus EroticaAux éditions STOCKVisitez leur site |
509Lectures depuisLe vendredi 1 Novembre 2019
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Une lecture de |
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Delta of Venus Erotica – 1969. Traduction de Béatrice Commengé. Editions Stock. Parution Avril 1978. 310 pages. ISBN : 2234008476 Vous mendierez des nouvelles… A la demande d’un collectionneur, Henry Miller fut sollicité pour écrire des nouvelles érotiques. Cent dollars par mois, un dollar la page. Mais écrire sur commande déplaisait à Henry Miller, le frustrait. Ceci se déroulait en avril 1940. En décembre de la même année, Henry Miller rencontre à nouveau le collectionneur. Il s’est attelé à la tâche, il faut bien vivre, mais il doit partir en voyage et il demande à son amie Anaïs Nin d’assurer l’intérim. Un remplacement qui n’est pas évident mais qu’elle assume. Seulement, ce personnage friand de textes érotiques, et qui se dit comme le fournisseur d’un mystérieux client, demande à ce que les écrits soient expurgés de poésie. Du sexe, que du sexe, encore du sexe ! Laissez tomber la poésie et les descriptions autres que celles du sexe. Concentrez-vous sur le sexe. Une exigence qu’Anaïs Nin accepte et elle passe des jours à la bibliothèque afin d’étudier le Kâma-Sûtra et écoute les aventures les plus extravagantes de ses amis littérateurs ou autres. Ainsi naissent ces nouvelles empreintes d’exotisme et d’inventivité. Elle se rend compte que peu de femmes avant elle ont abordé la littérature érotique. Et que ce domaine était réservé aux hommes. Ce qui la gênait, c’était la relation écrite par des hommes des émois ressentis par une femme. Et je la comprends car il est difficile de se mettre dans la peau d’une personne du sexe opposé autrement que charnellement. Et comme ses amis ont besoin d’argent, elle continue pour un dollar la page à rédiger des aventures amoureuses, pour le plus grand plaisir du collectionneur et de son ami. Du moins c’est ce qu’il affirme. Cette période est décrite par Anaïs Nin dans son journal, tome 3 pour une période allant de 1939 à 1944. En septembre 1976, elle rédige un post-scriptum servant d’introduction, en plus des pages extraites de son fameux Journal tome 3, trois mois avant son décès en janvier 1977.
Cet ouvrage recueille donc quinze textes érotiques écrits par Anaïs Nin. Femmes du monde ou prostituées, danseuses ou oies bleues parsèment ces nouvelles auprès d’homme attirés par le sexe. Mais pas que. En les lisant, je les ai trouvés fades, érotiques certes mais souvent fades, du moins dans la première partie, car depuis la période où ils ont été rédigés, voire l’année de leur publication bien des pages plus explicites ont été écrites et publiées. L’on trouve des scènes dites osées, charnelles, érotiques, gauloises, sensuelles, libertines, charmantes, parfois cliniques sur les rapports entre hommes et femmes, entre femmes et femmes ou à trois, à un ou plusieurs membres de cette confrérie de la jouissance, sans oublier quelques classiques, les exhibitionnistes, un (ou une ?) hermaphrodite, l’amie de la mère. Mais elles n’atteignent pas la puissance d’évocation de certains textes licencieux. Toutefois l’on ne peut s’empêcher de sourire à la lecture de quelques-unes de ces nouvelles, comme L’Anneau, dans laquelle un homme enfile un anneau dit de mariage sur son pénis. Malheureusement, il n’avait pas anticipé certains développements. Si l’on exclue les romans ou nouvelles écrites par des hommes, on peut toutefois signaler quelques perles dont Le roman de Violette de la comtesse Manoury d’Ectot publié en 1882, des romans signés sous pseudonymes par Renée Dunan, Pauline Réage et son fameux Histoire d’O et sa suite Retour à Roissy, longtemps considéré comme une œuvre de Jean Paulhan mais qui fut écrit par Dominique Aury pseudonyme de Anne-Cécile Desclos, Maud Sacquard de Belleroche et son roman L’Ordinatrice, et quelques autres. Donc la voix était ouverte, mais Anaïs Nin ignorait peut-être le nom de ces prédécesseurs féminins dont les ouvrages sont souvent nettement plus explicites dans les descriptions, au moment où elle écrivit ce post-scriptum. J’élimine Emmanuelle Arsan puisqu’il ne s’agissait que d’un prête-nom, Emmanuelle ayant été écrit par son mari ou tout au moins à quatre mains.
Mais il fallait du courage pour oser écrire à cette époque de telles pages, une femme ne devait-elle pas se consacrer à son mari, et rester au foyer ? Anaïs Nin était une femme libérée et, inconsciemment peut-être elle a permis à des générations de jeunes filles et femmes de prendre connaissance de leur condition d’égale à l’homme et de jouir de leur corps, ne pas rester passive, voire d’anticiper. |