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HUBERT NYSSEN |
Les Belles InfidèlesAux éditions ACTES SUDVisitez leur site |
1284Lectures depuisLe samedi 13 Avril 2013
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Une lecture de |
Hommage à Hubert Nyssen, né le 11 avril 1925. Alors que certains auteurs s’escriment à sortir du ghetto de la littérature policière, d’autres s’y plongent avec une visible délectation, s’ébrouant à plaisir dans ce que d’aucuns considèrent comme de la fange. Hubert Nyssen, l’heureux créateur des éditions Actes Sud, dont la notoriété n’est plus à faire, a voulu lui aussi goûter à ce fruit défendu, réputé vénéneux. Et non seulement il en réchappe, mais de fort belle manière.
Mini-scandale devant la mairie d’Avignon, alors que le printemps botte le derrière d’un hiver récalcitrant : Louise Charmasson va convoler en justes noces et le père de la mariée n’est pas au rendez-vous. Au risque de déplaire à son géniteur, la promise conduit son fiancé devant l’autel laïc, entrainant à sa suite une demi-douzaine de personnes invitées aux festivités, et prononce devant Monsieur le Maire le Oui sacramentel. L’aréopage est à moitié consterné devant ce bras d’honneur moral envers l’absent, gros promoteur immobilier de la région. Un camouflet durement ressenti par madame Mère, l’humble Carmen Charmasson. A n’en point douter, Charmasson père n’approuvait guère cette mésalliance et s’est consolé, regrettable habitude chez lui, dans les bras accueillants d’une femme subjuguée par ses prouesses de fornicateur impénitent. Charmasson est retrouvé allongé, seul, dans son véhicule, victime d’un coup de couteau. Les soupçons se portent, allez donc savoir pourquoi, sur le gendre au passé de baroudeur, lieutenant dans l’armée et vindicatif, parait-il, dans le civil. L’inspecteur Raoul Dutry, surnommé le Capucin à cause d’une certaine ressemblance avec le pigeon du même nom, spécialiste de Lewis Caroll, adepte de syllogismes et de sorites, trouve sur son chemin l’ex-commissaire Renoir, parrain du marié soupçonné et dont la passion s’égare du côté des Belles Infidèles. Entendez par là « Les traductions qui ne manquent pas d’allure mais qui prennent avec le texte des libertés parfois singulières ».
Un roman alerte, guilleret, mené tambour battant, plaisant à lire autant pour l’histoire que pour le style, mais qui déconcertera le lecteur habitué à une rigueur logique dans le dénouement. Les clins d’yeux ne manquent pas, les références non plus, et Hubert Nyssen prend à contre-pied ceux qui pouvaient prétendre lire une mièvrerie. L’absurde et le draconien s’y côtoient, la culture et l’amusement font assaut de courtoisie et ce roman qualifié de Petit Polar tient aussi bien la route que les grosses cylindrées. |