|
|
SPRINGER NANCY |
L’énigme Du Message Perdu Les Enquêtes D’enola HolmesAux éditions NATHANVisitez leur site |
1644Lectures depuisLe mardi 18 Mai 2010
|
Une lecture de |
Traduction de l’anglais par Rose-Marie Vassalo
Petite sœur de Sherlock et Mycroft, Enola Holmes veut démontrer qu’elle aussi possède des dons d’enquêtrice. Refusant de se plier aux ordres de ses grands frères qui lui imposeraient un passage par la pension afin qu’elle devienne une lady, elle a décidé de voler de ses propres ailes en créant son cabinet d’investigations, sous une identité d’emprunt. Elle loge dans le East-End, un quartier populaire et miséreux de Londres, chez Mrs Tupper, une veuve âgée, sourde, quasiment analphabète, vivant parmi ses souvenirs. Mrs Tupper vient de recevoir une lettre dont le texte est pour le moins abscons : « Pigeon voyageur, délivre immédiatement ton message pour cervelle d’oiseau ou tu regretteras d’avoir pu quitter Scutari ». La vieille dame narre alors le drame qu’elle a vécu trente cinq ans auparavant, durant la guerre de Crimée en 1855, lors de la bataille de Sébastopol, le décès de son mari et de l’enfant qu’elle portait en son sein, et toutes souffrances endurées durant cette période l’hôpital en plein air sis à Scutari, aujourd’hui un quartier d’Istambul. Ceci n’apporte guère d’éléments à Enola qui se promet de résoudre cette énigme, d’autant que l’entretien entre la brave dame et son interlocutrice est longuet et haché, à cause de sa surdité. Le lendemain, lorsqu’elle rentre de sa journée à étudier le message, à le disséquer, Enola est toute surprise de découvrir le logement chamboulé, la vaisselle cassée, les meubles pillés, les tiroirs éventrés comme si une tornade avait tout dévasté sur son passage, sa logeuse évaporée, et Florrie, la gamine qui aide parfois aux travaux ménagers, ligotée. Selon ce que peut se rappeler Florrie, les agresseurs étaient deux et portaient des barbes, signalement imprécis très vite infirmé par les habitants du quartier, chacun y allant de sa version. Parmi les vêtements qui gisent en vrac sur le plancher Elona a la surprise de trouver une robe en crinoline passée de mode mais en bon état. Et en interrogeant Florrie, ce qui n’est pas une mince affaire, elle apprend que la robe aurait été donnée par une certaine Florence Nightingale, célèbre infirmière de la haute société qui justement s’était illustrée sur les champs de bataille de Crimée comme infirmière. Elona pense tenir un bout de l’écheveau, lequel pourrait bien être un ruban brodé. Seulement elle s’aperçoit qu’elle suivie, et cela ne lui plait guère. Ce n’est pas parce que se greffe dans cette histoire falbalas et chiffons que ce roman s’adresse uniquement aux filles. Au contraire tour le monde y trouvera son compte et son conte. Le prologue est particulièrement évocateur, celui des souffrances endurées dans un hôpital de campagne, et s’adresse à tous, adultes compris, tout comme le reste de l’histoire qui nous plonge dans le Londres des miséreux et celui de la haute société. Florence Nigthingale a réellement existé, mais Nancy Springer se sert du personnage pour développer une histoire qui se tient, avec son lot d’aventures et de mystères, de résolutions d’énigmes et en toile de fond Sherlock Holmes, qui va s’incruster, et Watson. Enola malgré sa jeunesse se montre vive d’esprit, indépendante et aventurière. Bon sang ne saurait mentir. Un ouvrage dont se délecteront ceux qui comme moi aiment se replonger dans l’atmosphère des romans qui ont enchanté notre enfance, un bain de fraîcheur et de jouvence. Sans oublier la petite note humoristique : « Je soutiens que les majordomes, même s’ils n’en laissent rien voir, sont après tout des êtres humains, et donc curieux par nature ». |