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CLAUDE MESPLEDE |
Le Cantique Des CantinesAux éditions BALEINEVisitez leur site |
465Lectures depuisLe lundi 7 Janvier 2019
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Une lecture de |
Gabriel Lecouvreur est surnommé par ses amis Le Poulpe à cause de ses longs bras semblables aux tentacules de cet octopode. C’est un enquêteur indépendant qui aime fouiner dans les faits divers, à la recherche de situations pouvant souligner certains dysfonctionnements de nos sociétés actuelles. Sans être un justicier, Le Poulpe n’hésite pas à régler des comptes, au besoin. Cette fois, c’est à Toulouse que se produisent deux affaires concomitantes. La jeune Marie et son compagnon Paco Escobar assistaient à une soirée à l’Opéra de Toulouse, quand elle fut la cible d’un tir mortel. Sous l’effet de la peur, Paco a disparu. Dans le même temps, René Blanchon est mort dans l’explosion de sa villa, un acte criminel. Il était entre autres copropriétaire du club Le Bambou. Son employée Caroline Lebedel, qui logeait chez lui, avait été agressée peu avant. Elle est hospitalisée. Gabriel Lecouvreur se rend sans délai à Toulouse. À l’adresse de Paco Escobar, pas de trace du jeune homme. Mais il tombe sur Pascal Destains, son colocataire. Connaissant bien la ville, Pascal peut utilement l’aiguiller dans son enquête. C’est par son intermédiaire que Gabriel rencontre Michèle Casanueva, séduisante journaliste locale – à laquelle ce diable de Gabriel ne saurait résister longtemps. Le parcours de René Blanchon ne manquait pas de singularité : il fut d’abord militant syndical dans l’aéronautique, avant de sa lancer dans les affaires commerciales. Outre le club Le Bambou, il créa Restoplus, une société de restauration collective en constant développement. Dans toutes ses sociétés, il avait des associés, chacun tirant parti financièrement du succès de ses initiatives. Qu’il se soit fait des ennemis au fil du temps est plus que probable. Avec Pascal, Le Poulpe fait un passage au club Le Bambou, où les associés du défunt sont bavards et peu discrets. S’introduire à l’hôpital afin d’interroger Caroline Lebedel n’est pas si simple, malgré l’aide de Pascal. D’ailleurs, la jeune femme dit ignorer les raisons du meurtre de son patron. C’est du côté de la société aéronautique et du syndicalisme qu’il espère des réponses. La réputation de René Blanchon y reste très mauvaise, sachant qu’il a, en son temps, profité outre mesure des budgets alloués au syndicat. C’était déjà un combinard, ce que confirme un ouvrier retraité qui l’a bien connu. Quant à sa société Restoplus, il est certain que tout n’y est pas facturé. Toutefois, Gabriel Lecouvreur doit se méfier, car un gros ventru l’a à l’œil. Ce dernier cogne et séquestre un temps Le Poulpe, qui échappe à ses griffes. Pour Gabriel, arrive le moment de la riposte… Défenseur acharné des littératures populaires, ami des romanciers, Claude Mespède n’a lui-même écrit que très peu de fictions. En 1997, il fit partie de la cohorte d’auteurs qui racontèrent chacun un épisode des aventures du Poulpe. Un personnage à l’esprit libre, qui ne pouvait que lui convenir, évoluant dans une ville que Mesplède connaissait bien. Il y est question de clubs de nuits, mais également des pratiques de responsables syndicaux – un milieu qu’il avait fréquenté – et des moyens de s’enrichir dans le privé par la corruption et la magouille. Une enquête de bon aloi, fluide à souhaits. Meplède n’oublie pas de rendre hommage, çà et là, à des géants du roman noir – tel Jim Thompson. Pour les initiés, des noms, un peu transformés, comme Pascal Destains ou Caroline Lebedel sont évocateurs. Initialement publié dans la collection Le Poulpe en 1997, “Le cantique des cantines” fut réédité en 2013 (version revue et corrigée) dans “Trente ans d’écrits sur le polar” publié aux Éditions Krakoen. Cet ouvrage rassemble une partie des multiples articles, entretiens, et chroniques que Claude Mespède dédia au polar. On y trouve en particulier des interviews de James Ellroy, Robin Cook, ou des portraits de James Lee Burke, Francisco Gonzales Ledesma, ou de Joseph Bialot, parmi les grands de ce genre littéraire. Le gratin des écrivains, la crème du crime ! Plus un petit historique de la Série Noire au cours des décennies successives. Mesplède a œuvré jusqu’au bout pour mettre en valeur la diversité de ce genre littéraire qui était sa passion. Relire ses textes est un bonheur. Découvrir un roman comme “Le cantique des cantines”, un autre moyen de lui rendre hommage.
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