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ROSS MAC DONALD |
Rendez-vous à La MorgueAux éditions UN MYSTERE |
795Lectures depuisLe jeudi 13 Decembre 2018
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Une lecture de |
En Californie, au début des années 1950. Howard Cross est agent de liberté surveillée du côté de Pacific Point, assisté d’Ann Devon. C’est par l’épouse de Fred Miner que Cross est alerté sur la disparition de son mari et du petit Jamie Johnson, quatre ans, dont il est le chauffeur. Cross connaît le cas de Fred Miner, trente-cinq ans. Voilà quelques mois, il a frôlé de gros ennuis avec la justice après avoir tué accidentellement en voiture un inconnu – que l’on n’a pas identifié depuis. Fred était en état d’ivresse manifeste. Il est resté au service du riche Abel Johnson et de sa femme Helen, ex-infirmière. Le père du petit Jamie a reçu une demande de rançon par courrier le matin même de l’enlèvement de son fis. Car il s’agit bien d’un kidnapping – dont on peut soupçonner Fred Miner. Avec son avocat Larry Seifel, Abel Johnson a rapidement réuni les 50.000 $ exigés – sans avertir la police, qu’il a déposés sans attendre à l’endroit indiqué. Bien que Fred et Jamie ne réapparaissent pas, Amy Miner se refuse à croire son mari coupable. Elle-même risque fort d’être bientôt inculpée pour complicité. Immédiatement, Howard Cross se met sur la piste de la valise contenant le pactole, obtenant bientôt le signalement d’un suspect. C’est à l’état de cadavre que Cross retrouve cet inconnu, dont les initiales sont AGL. Un kidnapping et un meurtre, ça déclenche une enquête du FBI, en la personne du policier Forest. Grâce à Ann Devon, qui est amoureuse de Larry Seifel, Cross apprend que l’avocat avait croisé la victime. Ce qu’il confirme, mais en affirmant ignorer son nom. Seifel et l’inconnu se sont brièvement rencontrés lors du procès de l’accident de Fred Miner. L’avocat l’ayant trouvé malsain, il ne donna pas suite à ses offres de service. Cet homme collabora quelques temps dans une agence de détectives, dont le patron comprit bien vite le manque de fiabilité de ce Art Lemp. Avec des complices, Lemp était un combinard qui faisait chanter la clientèle sur laquelle il enquêtait pour l’agence. Même si l’affaire n’est pas de son niveau, on peut supposer que c’est lui qui a organisé l’enlèvement du petit Jamie Johnson. Howard Cross tient une nouvelle piste : Molly Fawn était la partenaire des manœuvres de Lemp, avec un troisième comparse, le photographe Kerry Snow. Cross garde une longueur d’avance sur l’enquête du fédéral Forrest, en particulier après avoir trouvé des éléments en visitant – avec Molly – la chambre d’Art Lemp. Il a déniché le point commun entre Art Lemp, Kerry Snow, et Fred Miner. Les heures passent, mais on n’a toujours aucune trace des disparus, Fred et Jamie. Incarcérée, Amy Miner reste sur sa version des faits. La rousse Helen Johnson bénéficie heureusement du soutien moral de l’avocat Larry Seifel, car une nouvelle épreuve l’attend. Démêler le vrai du faux et définir le rôle de chacun, Howard Cross s’y emploie jusqu’au bout… (Extrait) “Soudain j’aperçus une auto que je n’avais pas encore vue, cachée qu’elle était par le camion. C’était une vieille conduite intérieure Chevrolet de couleur bleue, et son numéro minéralogique indiquait qu’elle venait de Los Angeles. Il n’y avait pas longtemps qu’elle était là, car on voyait encore les traces des roues que le sable n’avait pas eu le temps de recouvrir. Je m’approchai et jetai un coup d’œil à l’intérieur. La première chose que je vis, sur le siège arrière, fut une valise noire, toute neuve. Ouverte. Puis j’aperçus l’homme. Il était recroquevillé devant le volant, de telle façon que, de l’extérieur, il état impossible de le voir. D’ailleurs, un manteau marron le recouvrait en partie. Lorsque j’ouvris la portière, une perruque roux-marron se détacha de sa tête et tomba à mes pieds. Un pic à glace était fiché dans son cou.” Si Kenneth Millar (1915-1983) reste un des grands noms du polar sous le nom de Ross Macdonald, c’est grâce aux enquêtes du détective privé californien Lew Archer (de 1949 à 1976). Au risque de négliger d’autres romans de cet auteur. Ce qui est assurément le cas de ce “Rendez-vous à la morgue” publié en 1954 dans la collection Un Mystère des Presses de la Cité, jamais réédité depuis. Pourtant, c’est là un roman d’enquête aux multiples péripéties tout aussi convaincant que le reste de son œuvre. D’abord, l’action se déroule pour l’essentiel en continu sur 24 heures, respectant en grande partie l’unité de temps. Le héros, s’il n’est pas détective privé, est assez inspiré pour avancer sur les bonnes pistes. Autre qualité notable : l’Amérique de l’après-guerre (le conflit étant encore récent) nous est décrite avec un certain réalisme et sans lourdeur. Un autre atout n’est pas négligeable : la traduction est ici assurée par Igor B. Maslowski, romancier et critique pour Mystère Magazine, qui fut un des meilleurs dans sa spécialité. C’est avec soin et sur une tonalité souple très agréable qu’il s’est occupé de la version française de ce roman. La fluidité de l’histoire lui doit certainement beaucoup. Bien que l’intrigue soit riche en énigmes et mystères, qu’on y croise bon nombre de personnages, on n’est jamais perdus – le narrateur ne cachant rien de ses investigations au lecteur. Sans doute serait-il bon que de tels romans très réussis, palpitants à souhaits, soient aussi valorisés que la série Lew Archer.
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