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CHRISTOS MARKOGIANNAKIS |
Au 5e étage De La Faculté De DroitAux éditions ALBIN MICHELVisitez leur site |
511Lectures depuisLe lundi 14 Mai 2018
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Une lecture de |
À Athènes, Christophoros Markou appartient à l’élite de la police grecque. Âgé de trente-cinq ans, il se veut avant tout homme de terrain. Néanmoins, Markou est diplômé en criminologie. C’est dans ce département de la faculté de Droit qu’il doit enquêter cette fois. Un lundi soir autour de 23 heures, deux personnes ont été abattues dans un couloir de ce secteur de la fac. Il s’agit de Mme Irini Siomou, une universitaire, et d’Anghelos Kondylis, un brillant étudiant rentrant tout juste de Paris où il poursuit ses études. Markou a connu plusieurs responsables de ce département de criminologie, ce qui devrait faciliter ses investigations. Il compte également sur son amie Véra Konsta, ex-étudiante qui a été secrétaire ici, pour l’aider discrètement dans ses recherches. Markou n’ignore pas qu’il règne un ambiance exécrable dans cette partie de la faculté. Le scénario du double meurtre semble clair. La sacoche en cuir que portait Anghelos Kondylis, le second à être assassiné, a disparu. La relative obscurité à cette heure dans ce couloir aurait-elle influé sur le déroulement des faits ? Possible. Markou interroge successivement les protagonistes. En commençant par la directrice du département, Mme Olympia Danéli. Elle ne cache pas qu’une brouille sérieuse l’opposait à Mme Siomou. Cette dernière était surnommée La Vipère : “Une femme sévère, rigide, une perpétuelle étincelle de sarcasme dans le regard, souvent blessante avec les étudiants comme avec ses collègues. De ses lèvres serrées qui ne savaient pas sourire, elle crachait son venin sur tous et à tout propos.” Elle contribuait largement au mauvais climat. Si M.Vellis, dit Le Bouddha, ex-directeur du département, fit figure de diplomate huilant les rouages entre chacun, il ne nie pas que Mme Siomou propageait de sales rumeurs sur les gens, en particulier contre Mme Danéli. Pourtant, il a du mal à croire que le coupable se trouverait en interne. Quant à M.Mavridis, autre éminent professeur, il admet qu’une défiance générale pourrissait les relations, à cause de Mme Siomou. Il ne pense pas que les deux victimes aient été en contact, avant le crime. Il considérait Anghelos Kondylis comme un de leurs meilleurs étudiants. Mlle Strobaku, actuelle secrétaire, révèle au policier que Mme Siomou fouillait beaucoup dans les archives et les dossiers ces derniers temps. Ce qui irritait encore davantage son entourage professionnel. L’enquêteur Markou doit aussi interroger le professeur Légros, hospitalisé après son retour récent d’Amérique Latine. Celui-ci comprenait l’amertume de Mme Siomou, mais il a fini par se fâcher avec elle, comme les autres. Malgré son rôle parallèle, Véra est assommée par un inconnu, ce qui a fatalement un lien avec l’affaire. Le policier explore les messages par e-mail d’Anghelos Kondylis. Ce qui semble corroborer les témoignages, encore que certains points restent en suspens. Les coupables potentiels ne manquent pas… (Extrait) “— Qu’est-ce qui pousse un individu au meurtre ? Pour quelle raison, d’après vous, quelqu’un commet-il le pire des crimes ? — Vous savez comme moi, capitaine – nous sommes d’ailleurs plusieurs à proposer un cours là-dessus dans notre programme de master –, qu’il n’y a pas une, mais de multiples réponses à votre question. Les vieilles théories qui mettaient en avant un unique facteur criminogène, de préférence l’hérédité, l’atavisme ou un développement biologique anormal, l’environnement social, le manque de chance, etc., tout cela est dépassé. La tendance, depuis des années, est de considérer qu’on a affaire à de multiples facteurs concomitants et associés les uns aux autres, par exemple la présence du gène de la criminalité dans un contexte social défavorable […] D’après mon expérience personnelle et mes travaux théoriques, quelqu’un peut passer à l’acte ou en arriver à tuer quand il se sent menacé dans ce qui est vital pour lui. Non pas au sens littéral, dans sa vie même, car nous parlerions d’un réflexe d’auto-défense. Je parle plutôt de quelque chose de fondateur pour son existence sociale…” Né en 1980 à Héraklion, Christos Markogiannakis a étudié le droit et la criminologie à Athènes et à Paris. Il a travaillé pendant plusieurs années comme avocat pénaliste. C’est dire qu’il utilise pour cette intrigue un contexte qu’il connaît fort bien. Pas uniquement la faculté de Droit d’Athènes, où se déroule toute l’affaire, mais il est aussi question de Paris – une référence pour les étudiants grecs, semble-t-il. C’est un roman policier dans les règles de l’art que nous propose l’auteur. Avec un enquêteur compétent et attentif, qui ne néglige aucun témoignage, et qui élabore quelques hypothèses à vérifier. Dans la grande tradition, en vue du dénouement, il réunit finalement les principaux protagonistes pour leur exposer ses conclusions. Comme il se doit, les suspects sont devant nos yeux, appartenant au microcosme de ce département de criminologie ou en périphérie directe. Dans n’importe quel groupe de personnes, des rivalités naissent, des jalousies existent. Justifiées ou non, il arrive que certaines relations hostiles prennent une ampleur regrettable, peut-être jusqu’au passage à l’acte meurtrier. Ici, nous sommes au milieu d’experts en crimes, même si leur savoir est largement plus théorique que concret, selon le policier Markou. Mais qu’est-ce qui pourrait pousser l’un ou l’autre de ces dignes universitaires à éliminer deux victimes ? Un puzzle criminel à reconstituer, selon l’éternel principe du roman d’enquête. Un suspense très sympathique. |