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NADINE MONFILS |
Le Rocker En PantouflesAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
1213Lectures depuisLe mercredi 14 Mars 2018
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Une lecture de |
À travers le monde, Elvis Presley compte quantité de sosies. En Belgique, Elvis Cadillac est un de ses admirateurs, qui connaît une certaine notoriété en tant que sosie du chanteur. Mais le Belge admet ses limites : “[Il] était loin d’avoir la beauté insolente, virile et racée du King. Il n’avait pas non plus le charisme, ni la voix chaude de baryton, veloutée et animale de son idole, mais il se sentait habité par lui et était persuadé d’avoir été choisi pour perpétuer son souvenir, parce qu’il le valait bien. Premier blanc à chanter comme un noir, un mélange de folk, de boogie et de blues dans les années cinquante d’une Amérique puritaine, Elvis Presley, avec son look rebelle et sexy, faisait craquer les teenagers. Cadillac, lui, faisait craquer les vieilles dans les homes. Il était né trop tard.” Avec sa chienne Priscilla et sa Cadillac rose 1955, le sosie trouve l’occasion de s’éloigner de sa mère, l’envahissante Raymonde Pirette. Il a décroché un contrat sur la Côte Fleurie, pour interpréter quelques chansons aux obsèques de M.Maurice, admirateur de Presley. La Normandie du côté de Dives-sur-Mer, il ne connaissait pas encore, mais il est tout de suite séduit par l’ambiance envoûtante. Quand il prend un auto-stoppeur, un vieux Normand fantomatique et cultivé, Elvis Cadillac se dit qu’on croise de curieux personnages par ici. À Dives, la population n’est guère prolixe concernant M.Maurice. D’ailleurs, il n’y a qu’une seule personne à ses obsèques, sa voisine Hortense, qui fait figure de gardienne de leur quartier, le pittoresque village de Guillaume-le-Conquérant. Remarquant une photo du défunt M.Maurice, Elvis Cadillac s’aperçoit que c’est l’étrange auto-stoppeur qu’il avait embarqué. Pourtant, Hortense confirme que son voisin est bien mort dans sa cabane de pêche, et qu’il n’avait pas de frère jumeau. Le sosie s’autorise une visite clandestine chez M.Maurice, mais aucun indice n’apparaît probant… Le décès de M.Maurice n’est pas la seule mort énigmatique s’étant produite ces derniers temps. Deux jeunes filles, Carine Bintje et Violette Chenu ont été assassinées. La première, dont on n’a pas retrouvé la tête, était la fille de Charles Bintje. Cet homme prétentieux est surnommé Patate, dans la région. Quant à Violette Chenu, elle était enceinte. Sa sœur Myrtille, bien moins ravissante qu’elle, cherchera à savoir qui était le père du futur bébé. Rose, la grand-mère de Carine Bintje, ne devrait sans doute pas tant fouiner autour de son détestable gendre, ça pourrait mal finir. Quant à Elvis Cadillac, il doit en rester à des hypothèses, suspectant tel ou tel d’avoir supprimé M.Maurice. Possible qu’en interrogeant Myrtille, ça ferait avancer son enquête. La chanson de Little Richard “Tutti frutti”, aussi interprétée par Presley, obsède Elvis Cadillac. Il doit bien y avoir une raison… (Extrait) “Il ouvrit la boîte et étala les articles découpés dans les journaux. Les lut minutieusement, y cherchant des détails susceptibles de lui faire comprendre ce qui pouvait rattacher ces meurtres à l’intérêt que leur portait M.Maurice. Un goût morbide pour les faits-divers sanglants ? Ou autre chose… Quel lien cet étrange personnage avait-il avec les fillettes ? Les avait-il tuées ? Et s’il était revenu sous forme de fantôme pour se racheter ? […] Les corps de Carine et Violette avaient été retrouvés près des falaises des Vaches Noires à Houlgate, donc pas loin de Dives-sur-Mer. Plus précisément dans une balise ou bouée charpente rouge, vérolée par la rouille. C’est un des gardes-côte qui, voyant qu’elle ne s’allumait plus et risquait de provoquer des accidents avec les bateaux, était allé vérifier et, en passant par la petite porte appelée "trou d’homme", avait découvert les corps des jeunes filles. Par contre, on n’avait pas retrouvé la tête de Carine, malgré les recherches des hommes-grenouilles. Mangée par les poissons ?” L’atmosphère des romans de Nadine Monfils se compose d’une large dose de fantaisie, de quelques faits criminels dont la police ne s’occupe guère, de comportements bizarres chez les uns ou ridicules chez les autres, de références allant de Lewis Caroll à Frédéric Dard. Sans oublier la belgitude revendiquée par l’auteure, offrant un piment supplémentaire. Si certains polars sont construits dans les règles de l’art, ce qui est louable, Nadine Monfils se démarque incontestablement en menant le récit plus librement. Son héros drôlatique, et diablement sympathique, collecte des éléments épars, mais aucune méthode ne guide ses investigations en détective amateur. D’ailleurs, s’il a accepté cette prestation sur la Côte Fleurie, c’était juste pour changer d’air, loin de son agent et de sa mère. Bien que l’humour soit omniprésent, en témoignent les portraits ironiques de la plupart des protagonistes, l’intrigue polar est bien présente. Des meurtres grand-guignolesques, pour rester dans la tonalité. Passons sur la carte postale d’un coin idyllique de Normandie, du côté de Cabourg, célébré jadis par de grands peintres et autres artistes originaux. Charmant, mais retenons surtout les tribulations d’Elvis Cadillac qui, même chaussé de pantoufles, démêlera cette sinueuse affaire. Bienvenue dans l’univers de Nadine Monfils ! |
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