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ÉRIC MANEVAL |
InflammationAux éditions 10/18Visitez leur site |
887Lectures depuisLe mardi 19 Decembre 2017
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Une lecture de |
Jean a quarante-cinq ans. Il a épousé Liz voilà une douzaine d’années. Ils ont deux enfants : Lucie, la fille de sa femme, et Clément, huit ans. Dans son village, Jean restaure des maisons afin de les louer ensuite. Son ami Bernard, maçon et musicien, participe aux chantiers avec Jean. Bernard est marié à Sophie, une enseignante. C’est généralement le Révérend qui a trouvé de nouveaux locataires pour les maisons rénovées de Jean. Lorrain sexagénaire, René Schirer a créé une association, les Jardins de Vie, rassemblant des gens dont l’existence a été jusqu’alors marquée par de lourdes épreuves. Si les prières font partie de leurs rites, le Révérend n’impose aucun dogme religieux. Bernard semble se sentir assez proche de ce groupe, leur rendant parfois des services annexes. Un jour d’orage, Liz disparaît soudainement, sans explication. On retrouve son véhicule bloqué sur un gué, ce qui suppose une noyade de la jeune femme. On peut imaginer aussi bien un accident qu’un suicide, mais le corps n’est pas immédiatement repéré. Un certain Romero mène une enquête parallèle à celle de la gendarmerie, en collaboration. C’est un spécialiste des disparitions mal explicables. Il a relevé une anomalie concernant un des abonnements téléphoniques de Liz. Une question à laquelle Jean s’avoue incapable de répondre, son épouse se chargeant de tout l’administratif. Bernard suggère qu’une vie de couple trop routinière a pu rendre Liz dépressive. Fouillant chez lui, Jean trouve une piste : un nommé Markus vivant en Belgique qui a pu être un proche de Liz. Peu après, il entre en contact avec l’assistante de ce Markus Berk. Cet homme riche serait moribond, mais il sera possible à Jean de le rencontrer en Belgique. Jean s’aperçoit qu’il connaît finalement très mal ses locataires, hormis le Révérend. Quand il approche leur "communauté", il réalise que son épouse était vraiment appréciée de ces personnes. Liz faisait preuve d’empathie et d’une écoute gratifiante pour eux, qui ont un passé difficile. Ce n’était pas la Foi, mais la bonté et l’équilibre de Liz qui fascinait. Y compris Bernard, il le reconnaît. Jean n’a jamais perçu cette facette, peut-être un peu secrète, de sa femme. Tandis que la vie normale reprend lentement pour Jean et ses enfants, le comportement de Lucie l’inquiète. Il y a plus de détermination que de traumatisme en elle. À l’heure du rendez-vous en Belgique, l’assistante de Markus Berk donne quantité de précisions à Jean sur beaucoup d’éléments qu’il ignorait totalement. En particulier, sur le passé professionnel et personnel de Liz, sur ses liens avec Markus. S’il y a une fortune à la clé, ce n’est pas l’aspect le plus important dans ces mystères. Que l’on retrouve bientôt Liz vivante ou morte, il restera de multiples points à éclaircir… (Extrait) “— Je ne dois pas chercher à comprendre, alors ? C’est ce que tu es en train de me dire ? Je dois faire confiance aux autres ? — Reste rationnel, je te demande seulement ça. Tu peux mener ton enquête, naturellement, et je t’aiderai s’il le faut, tu le sais, mais là tu es dans le deuil. Enfin, ce n’est même pas un deuil, puisqu’on ne sait pas… Tu es dans je ne sais quoi. Un truc instable, mouvant, avec des émotions qui t’assaillent de tous les côtés et qui se percutent sans cesse. Tu es dans les limbes, Jean. C’est ce que je crois. Tu vois, c’est un peu comme la guitare : si tu n’as pas la partition, sur quoi tu vas improviser ? Il n’y a que les grands pour improviser sur rien du tout. Jean, il n’y a que les faits, la raison, la logique, la partition. Reste là-dedans.” Afin de ne point trop déflorer les méandres de l’intrigue, soulignons juste qu’elle flirte avec l’ésotérisme et qu’elle évoque des effets médicaux. Un personnage principal mal préparé à des circonstances exceptionnelles ou anormales, c’est classique dans le roman à suspense. Ici, il faut imaginer la différence absolue entre le mode de vie de Jean et le reste, ce qu’il découvre. Pour lui, le contexte est ordinaire et paisible, ce qui est le cas de la population habitant un coin tranquille de nos régions. Une sorte de déséquilibre s’est insidieusement installé autour de lui, tel un engrenage invisible ou une force nuisible. Au lieu de réponses cartésiennes peut-être incernables, Jean devrait s’efforcer d’échapper à cette emprise. Disponibles en format poche chez 10-18, les romans d’Éric Maneval “Retour à la nuit” et “Inflammation” ont tous deux été publiés aux Éd.La Manufacture de Livres. “Retour à la nuit” a reçu le prix du polar lycéen d’Aubusson en 2011, et a été finaliste du prix Sud Ouest/Lire en Poche du festival de Gradignan 2017. Par ailleurs, il a publié “Rennes-le-Château Tome Sang” aux Éd.Terre de Brume. Certes, dans “Inflammation” l’ambiance est énigmatique. Pourtant, Éric Maneval ne cherche pas à créer la confusion par un récit trop tortueux. Au contraire, la narration est aussi limpide que possible. Sans doute est-ce cette tonalité sans tricherie que l’on apprécie, une manière "réglo" de présenter les faits. Ce qui n’empêche pas une toile de fond sombre et déstabilisante. Un très bon suspense. |
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