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MICHAEL MENTION |
Bienvenue à Cotton’s WarwickAux éditions OMBRES NOIRESVisitez leur site |
371Lectures depuisLe mardi 21 Decembre 2016
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Une lecture de |
Parmi les bourgades oubliées de l’Outback australien, il y a Cotton’s Warwick. À peine une vingtaine d’habitants qui survivent là, peut-être pas mécontents d’être considérés comme un village fantôme. Il leur suffit d’être un des maillons d’un trafic pour subsister sans se poser trop de questions. Le QG où beaucoup passent l’essentiel de la journée, c’est le pub du Warwick Hotel, tenu par Karen. Elle est la seule femme à vivre ici. Objet de fantasme, mais Quinn veille à ce que nul ne l’agresse. Quinn est un Ranger, faisant figure de chef du village. C’est aussi lui qui préside à la messe quotidienne et quasi-obligatoire. Quinn a les contacts avec l’extérieur. Quand le routier Mitch passe chez eux, c’est encore et toujours le Ranger qui comptabilise la marchandise détournée à leur profit. Si vraiment se pose un problème de santé, ils peuvent espérer que Doc ne les laissera pas tomber, qu’il débarquera avec son Gyrocopter. Mais la confiance mutuelle est limitée, très limitée. Outre la bande de bons-à-rien squattant le bar de Karen, il y a aussi "l'autre". Il s’agit d’un étranger venu de Sidney, employé unique de l’abattoir local. Il traite la viande chassée aux alentours, dans des conditions sanitaires presque inexistantes. Personne n’a envie de savoir que son prénom est Jason. Sauf Karen, peut-être. Avec près de cinquante degrés en journée, la maigre population passe donc son temps à boire de la bière. Jusqu’à ce qu’une mort suspecte vienne les secouer. C’est Pat, le menuisier septuagénaire, qu’on retrouve sans vie près d’un poteau, à l’orée du désert. Insolation, selon Doc. Le routier Mitch, qui venait de faire halte à Cotton’s Warwick, est la deuxième victime. Sa mort est plus étrange encore : on peut imaginer qu’il a été déchiqueté par un razorback, ce mythique monstre rappelant un cauchemardesque sanglier. Quinn, le Ranger, ordonne que soit nettoyé le lieu du décès, afin d’éviter la curiosité des autorités. Si la police n’a pas envie de mettre les pieds dans le coin, la société de transport finit par déléguer une de ses responsables, Faïza, pour enquêter sur le sort de Mitch. Entre-temps, la situation a empiré ici. Un des jumeaux Wilson a été victime d’une attaque de kangourous, tandis que Jimmy Boy a été tué par une nuée d’oiseaux de proie. De son côté, leur ami Ryan cherche à débusquer le fameux razorback, ce qui n’est pas sans danger s’il existe. Bientôt, les choses deviennent incontrôlables dans la bourgade dépeuplée. Un seul refuge pour les rescapés, l’abattoir de Jason. Résister courageusement ? La chaleur étouffante du bâtiment contribue à leur dépérissement, la faim et la soif les tenaillent. Alerté avec retard, Doc n’est pas pressé de rejoindre ce piège… (Extrait) “Son frère outrepasse sa terreur ¯"Enculés !"¯ pour abattre un kangourou. Deux. Trois. Un autre esquive son tir et, de sa queue, l’expulse violemment. Tyler virevolte, échoue contre le 4x4. Choc, cri, aboiements. Là-bas, les kangourous sautent un à un sur le cadavre de Shawn, qui se démembre sous leurs centaines de kilos. Tyler peine à se rétablir, sonné, quand deux marsupiaux jaillissent du ciel. Il les évite de peu, se résout à abandonner son frère, se jette au volant. Contact. Moteur. Vitesse. Virage brutal. Mort d’un assaillant, écrasé. L’autre kangourou poursuit le 4x4, bondit et retombe sur le spot. Il s’électrocute, embrasant le toit puis le sol. Tyler s’enfuit dans la nuit finissante, au son d’aboiements terrifiés. Aux premières lueurs de l’aube, il revient sur place. Enragé, les larmes aux yeux, avec Quinn et une poignée d’autres. Tous armés, Ils découvrent avec émotion le cadavre de Shawn, mais aucun kangourou. Les vivants comme les morts.” Parmi les jeunes talents actuels du polar, Michaël Mention a déjà quelques récompenses à son actif. Il a publié une trilogie chez Rivages/Noir, et c’est également son troisième titre paru dans la collection Ombres Noires. On ne peut que saluer son assiduité à l’écriture, qui lui permet de montrer les diverses facettes de son inspiration. Cette fois, c’est l’Outback australien qui sert de contexte à cette intrigue apocalyptique. On est bien obligé de penser au remarquable “Cul-de-sac” de Douglas Kennedy, pour la population décrite. Mais la bourgade peut aussi bien faire penser à “Nu dans le jardin d’Eden” d’Harry Crews. On verra que l’auteur fait référence à Ernest Hemingway, entre force et désespoir. Ces villages hors du temps, situés en France, aux États-Unis, en Australie ou ailleurs, sont fragilisés par le moindre dérapage, venant rompre leur tranquillité apparente. Il est vrai que dans ce désert australien, si vide hormis les exploitations minières, c’est sûrement une forme de folie qui explique que des gens s’accrochent à ce territoire hostile. Si Quinn, le Ranger, maintient un semblant de règles ¯ aussi fermes soient-elles, il est usé comme ses concitoyens locaux. À peine plus prêt au "combat" que les autres. Grâce à sa tonalité personnelle, Michaël Mention nous plonge dans ce microcosme malsain avec délectation, sur fond musical rock’n’roll pour conforter l’ambiance débridée. |
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