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ANDREE A. MICHAUD

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Andrée a. MICHAUD




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

Autour du lac de Boundary Pond, s’étend un territoire forestier très dense. C’est un endroit aux confins de l’État américain du Maine et au sud-est de la Beauce québécoise. Il serait impossible de marquer la frontière (boundary) entre les deux pays. Selon la légende, c’est ici que se réfugia jadis Pierre Landry, un trappeur solitaire, qui finit par se suicider. Dans les années 1960, le tourisme gagna du terrain, attirant auprès du lac des vacanciers qui y montèrent chacun leur chalet. Anglophones et francophones s’y côtoyaient, en famille. Les uns parlaient mal la langue des autres, mis à part Brian Larue. Mais dans la décontraction estivale, ça ne posait aucun problème. L’ambiance était joyeuse, légère.

En cet été 1967, Samuel et Florence Duchamp profitent de leur chalet, avec leurs enfants Bob, Millie et Andrée, âgée d’une dizaine d’années. Sans doute Andrée est-elle intriguée par le mythe de Pierre Landry, ni monstre ni victime, ce qu’elle ne mesure pas vraiment. Andrée reste trop fillette pour fréquenter réellement des ados dévergondées telles que Zaza Mulligan et son double, Sissy Morgan. Ni même leur copine Frankie-Frenchie Lamar. L’été prête à l’exubérance pour les jeunes américaines, une liberté dont ne dispose pas encore Andrée. Néanmoins, elle va être témoin des drames à venir. Ça débute avec la disparition de Zaza Mulligan, que son amie Sissy recherche partout autour du lac.

C’est le voisin Gilles Ménard qui découvre le cadavre de Zaza. Elle a été violentée. Une de ses jambes était prise dans un piège à ours oublié, datant sûrement du temps de Pierre Landry. Ce sont les autorités de l’État du Maine qui vont enquêter : les policiers Cusack et Michaud arrivent sur les lieux. Brian Larue sert de traducteur, tandis qu’ils interrogent le voisinage : Gilles Ménard, Sam Duchamp et d’autres témoins. Le célibataire Marcel Dumas éprouve une part de gêne, mais ça ne prouve pas grand-chose. Mark Meyer, le gardien du camping, peut apparaître moins sympathique. Quatre jours d’enquête, tous ayant un alibi assez valable. Après les obsèques de Zaza Mulligan, il ne reste qu’à tourner la page.

Les voisins ayant cherché à débarrasser la forêt proche d’éventuels pièges à animaux, il est né une solidarité nouvelle entre eux. Hélas, quelques jours plus tard, c’est au tour de Sissy Morgan de disparaître. On retrouve bientôt son corps, elle est morte dans les mêmes conditions que son amie Zaza. De retour à Boundary Pond, le duo de policiers ne peut pas croire en une coïncidence. Selon le rapport d’autopsie, “les cheveux de Sissy Morgan avaient été coupés par un couteau de chasse, du genre de ceux dont on dépèce les carcasses.” Le mythe du trappeur ressurgit, la piste d’un chasseur est plausible, on n’ose à peine penser à celle d’un pervers. Les interrogatoires sont plus tendus, tel celui de Valère Grégoire. Ayant fraternisé avec Emma, la fille de Brian Larue, la petite Andrée continue à observer son petit univers estival, où le malaise s’est installé…

(Extrait) “Pendant que Cusack s’éloignait, Michaud était descendu jusqu’au lac, s’était assis sur le sable, avait repéré un saule près du rivage qui pourrait le distraire de sa langueur, et avait enlevé ses chaussures trop lourdes pour la saison. Le sable était brûlant, mais si on y enfouissait le pied, on rejoignait vite une couche de fraîcheur humide qui tempérait le corps entier.

Malgré le beau temps, il était seul près du lac. Pas un enfant qui pataugeait dans l’eau, pas un homme qui réparait son quai ou sa clôture. Boundary était enveloppé du calme succédant au drame, de l’engourdissement des jours de deuil, quand tout le monde se croit tenu de chuchoter, de baisser le volume de la radio, de garder les enfants à l’intérieur. Ce silence durerait tout au plus une journée ou deux, puis le bruit reprendrait ses droits. La mort de Zaza Mulligan, comme toute autre mort, ne parviendrait pas à étouffer éternellement le rire des survivants.”

Amateurs de thrillers énigmatiques spectaculaires ou d’enquêtes balisées par des indices, ce roman ne s’adresse pas à vous. On est ici dans le récit confidentiel, dans un petit cercle se composant de personnages aperçus, de témoins pour la plupart peu impliqués, de gens en vacances non préparés à des crimes. Certes, ils s’émeuvent, ils se mobilisent, ils sont choqués, mais comme on l’est face à la fatalité. Andrée A.Michaud crée une harmonie entre le contexte général, la narration des faits meurtriers de l’été 1967, et le regard de sa jeune héroïne qui s’exprime, elle, à la première personne.

Une forêt largement restée à l’état naturel avec sa végétation luxuriante, des clairières sur les rives d’un lac où l’on s’installe pour l’été, des images du passé flottant encore dans les esprits – pas seulement le cas de Pierre Landry et de son ami Little Hawk, celui d’Esther Conrad aussi. Le mode de vie insouciant de la décennie 1960, le mélange des nationalités et des langues parlées dans ce lieu spécifique, la mort d’ados un peu provocatrices, des enquêteurs qui n’en sont pas moins des êtres humains avec leurs propres tourments. La petite Andrée et sa boîte à secrets, collectionnant de menus objets, tandis que dans sa tête elle conserve les images de cet épisode de son enfance.

À l’âge d’Andrée, nous avons pu connaître ce genre de situation, quel que fut notre "lieu de vacances", dans un climat amical et sans souci. Dans cette histoire, l’ambiance ne peut que s’alourdir, sans devenir absolument pesante grâce à la construction fine, subtile. Un tel décor sauvage ne suppose-t-il pas une forme de violence ? Suspectes, les familles présentes le sont-elles ? Y aura-t-il arrestation d’un coupable, au final ? L’intention de l’auteure est plus littéraire, descriptive, psychologique, nous transmettant les émotions et les questions pouvant traverser l’âme des protagonistes. Ce roman québécois d’Andrée A.Michaud peut surprendre, mais il ne déçoit certainement pas, bien au contraire.

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