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JEAN-CHRISTOPHE MACQUET |
Un Américain Sur La Côte D'opaleAux éditions POLE NORDVisitez leur site |
993Lectures depuisLe dimanche 18 Avril 2016
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Une lecture de |
Collection Belle Epoque. Parution le 9 novembre 2015. 218 pages. 10,00€. Et je dirais même plus : sur la cote d'eau pâle ! Tout ça parce qu'un ingénieur hydrographe s'est trompé dans ses calculs ! En effet Boivin, l'ingénieur en question, a ordonné le second forage afin de découvrir la source des eaux du bois de Rombly, propriété de la société d'exploitation de l'eau de source Valroy, mais en vain. Ce n'était pas au bon endroit. Et bien évidemment le directeur n'est pas satisfait de son travail. L'augmentation espérée, Boivin gagne bien sa vie mais sa femme dépense plus vite qu'il engrange, ne lui est plus accordée. Les ouvriers sont arrivés à des bandes de sable, mais surtout, dessous, ils ont mis à jour des ossements. Humains les ossements, et celui qui prétend que l'os ment, il se trompe. Plus étonnant, ils ont remonté à la surface une espèce de plastron, un pectoral forgé dans une matière qui, nettoyée, pourrait être de l'or. Boivin décide de s'accaparer cette relique afin de la vendre, associé à un historien local qui pense en connaître ou au moins en déterminer la provenance. Dans le milieu du XVIIe siècle, un cataclysme a ravagé les Côtes d'Opale, l'ancien village de Rombly se trouvant enfoui sous les sables amenés par un énorme mascaret. Boivin, malgré son statut d'ingénieur, n'est guère futé. il aurait dû se douter que son geste ne passerait pas inaperçu. Il suppose qu'en monnayant son trophée, il va se remettre en fonds. Une illusion. D'autant que d'autres personnes sont à la recherche de ce pectoral, dont une ressortissante colombienne, adepte de cette religion vaudou qui s'est disséminée insidieusement de par le monde. Une légende, venue d'ailleurs, affirmerait que ce pectoral, sur lequel sont gravées des inscriptions à la signification inconnue des profanes représente un masque bizarre, qui pourrait être, ceci sous toutes réserves, la représentation d'une sorte de pieuvre géante à visage humain dénommée Cthulhu.
Placé sous l'ombre tutélaire de Howard Philip Lovecraft, ce roman lorgne vers un côté fantastique maritime mais sans pour cela que cette ambiance soit trop appuyée. Jean-Christophe Macquet débute cette histoire par une partie historique située le 21 février 1636. Le Saint-Michel, un superbe trois-mâts corsaire, entre en baie de Canche avec à son bord des prisonniers espagnols et un moine mutique. Parmi la cargaison que contenait le galion espagnol arraisonné par les corsaires, un drôle d'objet en or, un pectoral. Le moine daigne parler, un peu, se déclarant ennemi des hispaniques, et réclame son bien qu'il juge inestimable. Dans la nuit se déclenche la fameuse tempête qui balaiera tout sur son passage, enfouissant l'ancien village de Rombly. Quelques siècles plus tard, débarquent à Insmouth, dans le Massachussetts, l'inspecteur Matingout et l'agent spécial Walter Smith. Ils sont à la recherche d'un couple, dont Henri Delafontaine, en provenance de la Louisiane, identifié comme un grand prêtre d'un culte mystérieux, le vaudou. Il serait accompagné d'une certaine Ursula Morales, veuve d'un anarchiste français, Emile Dubois, condamné à mort et fusillé à Valparaiso peu de temps auparavant.
Dans ce récit, qui suit un ordre chronologique, évoluent par la suite, au moment de la découverte du pectoral et sa soustraction par Boivin, le policier français Louis Delamer, qui est sur la trace d'une Colombienne, Ursula Morales, plus quelques autres personnages dont un énigmatique peintre américain qui réserve la vue de sa production à des amis choisis.
Entre policier et fantastique, ce roman qui inaugure la nouvelle collection Belle Epoque, se lit avec un plaisir trouble, dont certains personnages ont réellement existé, par exemple l'anarchiste Emile Dubois, un enfant du pays. Il n'est pas nécessaire de connaître l'œuvre de Lovecraft pour en apprécier l'hommage au maître de Providence. Cette plongée dans une époque considérée comme belle, nous ramène à des points plus terre-à-terre. Le racisme latent, ordinaire, quotidien, qui ne s'avoue pas comme tel. Ainsi l'un des protagonistes parlant d'un couple évoluant sur la plage de Wimereux, s'exprime ainsi : Je les ai croisés sur le boulevard de la Plage, et puis le mari... c'est un négro ! C'est également une page d'histoire, souvent méconnue, que met en scène l'auteur, lorsque par exemple il évoque un certain Charles-Joseph Bonaparte, petit-neveu de Napoléon 1er, né à Baltimore en 1851 et créateur du BOI : Bureau Of Investigation, l'ancêtre de l'actuel FBI. |