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ISABELLE MICALEFF |
Un Coin De ParadisAux éditions SIXTOVisitez leur site |
581Lectures depuisLe mardi 29 Decembre 2015
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Une lecture de |
En avril 1990, l'informaticien parisien Paul Tribot a besoin d'un peu de vacances. Dans sa CX, il prend la direction de la Bretagne. Il choisit un itinéraire moins fréquenté que les grands axes, pour se rendre en Pays Bigouden. Sans trop y réfléchir, contrairement à ses habitudes, il embarque une auto-stoppeuse. Cette Nathalie Nelson apparaît tendue, voire agressive. Lors d'une pause dans une station-service, elle dérobe le fric de la caisse. Elle ne tarde pas à braquer Paul avec son flingue, à lui donner des ordres. Sur le trajet, elle l'oblige à récupérer son complice, Joseph Serra. Celui-ci est aussi nerveux que la jeune femme. Paul apprend que Nathalie vient de séjourner pendant six ans en prison, qu'elle est sortie depuis seulement quelques jours. Elle envisage de partir au Canada. Trouillard de nature, Paul est effrayé par les réactions de Nathalie : “Un rire sonore, glaçant, venant de derrière les cordes vocales. Un rire de hyène bien élevée.” Le trio prend bientôt en otage une jeune fille qui cherchait une voiture pour Lorient, Marie Fressier. Paul a commis l'erreur de dire à Nathalie qu'il allait loger dans une maison isolée, près d'un étang : une bonne planque pour elle et Joseph Serra. Le duo de malfaiteur menace de s'en prendre à Marie si Paul refuse de les conduire à l'adresse prévue. Peu courageux, il finit par céder. Le quatuor arrive ce lundi soir au lieu-dit le Stang, à Plonéour-Lanvern, non loin de Pont-l'Abbé. Ancien corps de ferme, c'est la maison chaleureuse et agréable d'un ami de Paul qui les attend à la fin d'une journée agitée. Après une première nuit, la jeune Marie ne cache pas son antipathie envers Paul, qu'elle considère comme un lâche. Non sans raison, car il n'aurait pas empêché Joseph Serra de la violenter. Il est vrai que le complice de Nathalie n'est pas avare de coups contre Paul. Les deux victimes éprouvent le même sentiment concernant le charisme de Nathalie. Si Marie peut espérer un entente entre femmes, Paul ne voit pas de solution pour s'échapper. Même pas lorsqu'ils sortent tous quatre pour une balade sur les plages de La Torche. Il arrive à Nathalie de se remémorer les circonstances de son arrestation, suite à un projet de fourgon-sandwicherie pour lequel elle avait d'urgence besoin de fric. Si elle se repasse son “film”, le jeune femme reste attentive par rapport à ses prisonniers. Suite à une humiliation, Marie éprouve un ressentiment de plus en plus ardent contre Paul. Elle fait profil bas, souhaitant que la situation se décante. Ce n'est pas le paysan voisin, Marcel Le Bihan, n'ayant rien remarqué lors de sa brève visite, qui sortira du pétrin Paul et Marie. Ni les appels téléphoniques du propriétaire de la maison, Paul ne pouvant lui faire passer un message d'alerte. Une sortie jusqu'à une ancienne usine de concassage du secteur permettra-t-elle à Paul, qui connaît bien les lieux, d'échapper enfin aux griffes de Nathalie Nelson et Joseph Serra ?… Il s'agit ici d'un polar à suspense de très belle qualité. Qu'il serait stupide de qualifier de “roman régional”, sous prétexte que la plus grande partie se passe en Pays Bigouden, dans le Finistère-sud. Par contre, Isabelle Micaleff a bien raison de situer l'intrigue dans des décors qu'elle connaît sûrement. Un “bout du monde” qui ne manque pas de charme, en effet. Elle a choisi de placer les faits dans une époque déjà lointaine, il y a un quart de siècle. Non par nostalgie, mais sans nul doute pour évoquer un monde un peu différent. Suffirait-il aujourd'hui d'une maison isolée pour se cacher ? Ce n'est pas certain. Cette affaire se déroule sur une petite semaine, du lundi au samedi. Un huis-clos ? Pas exactement, l'auteure ne commettant pas l'erreur de confiner son quatuor dans cette maison tranquille. Par contre, c'est bien entre les quatre personnages principaux que tout va se jouer. C'est ainsi que le lecteur peut observer à loisir leurs comportements, et même entrer dans leurs pensées. Paul apparaît lâche, mais c'est plus nuancé. Le double-jeu de Marie vaut-il mieux ? Joseph est primaire et violent. Nathalie est forte, mais jusqu'à quel point ? Des retours en arrière retracent les évènements qui conduisirent Nathalie en prison (son “film”). De la psychologie et de l'action, au programme. Un polar fort convaincant. |