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MARCO MALVALDI |
Un Tour De Passe-passeAux éditions 10/18Visitez leur site |
1136Lectures depuisLe vendredi 3 Juillet 2015
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Une lecture de |
Pineta est une station touristique à dix kilomètres de Pise. Massimo Viviani, trente-sept ans, ex-mathématicien, a ouvert quelques années plus tôt son propre bistrot, le BarLume, dans cette petite ville qui est le berceau de sa famille. D'ailleurs, son grand-père Ampelio et un quarteron d'amis ayant largement dépassé la septantaine sont les plus fidèles clients du bar de Massimo. Parfois envahissants, les vieillards ! Tiziana Guazzelli est serveuse à temps partiel au BarLume. Ce qui laisse une certaine liberté à Massimo, quand le besoin s'en fait sentir. Pineta accueille ponctuellement des congrès, tel celui qui réunit en ce mois de mai des scientifiques du monde entier. "International Workshop of Macromolecular and Biomacromolecular Chemistry" : avec un pareil intitulé, ce doit être du sérieux. À l'hôtel Santa Bona, Massimo et Aldo, vieil acolyte de son grand-père, assurent le service traiteur pendant les pauses du congrès. Un des Japonais présents, Koichi Kawaguchi, ne se passionne guère pour les conférences, car il est plutôt expert en informatique. Quant au lunatique professeur hollandais Antonius C.J.Snijders, il préfère chevaucher un vélo et trouver des attractions touristiques peu onéreuses. On déplore le décès accidentel du professeur japonais Asahara, soixante-quatorze ans, qui a fait une mauvaise chute dans sa chambre d'hôtel. Connu pour être un imbécile antipathique, le commissaire Vinicio Fusco est chargé d'enquêter. Convoqué par le policier, Massimo comprend qu'il ne s'agit pas du tout d'une mort naturelle : on a versé une dose de médicament contre-indiqué dans la boisson du vieux scientifique. Ça ressemble donc bien à un meurtre. Même si l'information est censée ne pas être trop tôt divulguée, le grand-père Ampelio et ses amis en débattent au bar de Massimo. Client de passage, le professeur Snijders révèle avoir été témoin d'une scène avec la victime : l'éminent Asahara projetait de donner un avis négatif quant aux crédits accordés à son compatriote scientifique Watanabe. Voilà qui entraînerait la fin des recherches de l'intéressé et de son équipe. Un bon motif de vouloir éliminer Asahara. Ça mérite d'être indiqué au commissaire Fusco. Le service traiteur étant annulé, vu que le congrès est en deuil, Massimo accepte de jouer au traducteur pour aider le policier Fusco. Durant les interrogatoires des participants, il va traduire de l'anglais à l'italien, tandis que Koichi Kawaguchi traduira les réponses des Japonais. Watanabe affecte de mépriser la suspicion criminelle le concernant. Selon un de ses confrères nippons, l'ordinateur trouvé dans la chambre du professeur Ashara n'est pas celui qu'il utilisait couramment. Massimo contacte un ami informaticien de l'université de Pise afin qu'il explore l'appareil. En effet, le contenu de cet ordinateur ne présente pas grand intérêt. Impossible même de s'en servir pour une présentation lors d'un congrès. Alors que Tiziana a redécoré le bar en son absence, Massimo s'énerve à peine, se concentrant sur cette énigmatique affaire. Si le farfelu Snijders ne peut pas l'aider, Koichi Kawaguchi est un spécialiste de l'informatique et de ses astuces… On retrouve avec un grand plaisir les protagonistes de “La briscola à cinq”, premier titre de cette série inédite. On s'imagine volontiers dans ce paysage toscan, à l'ombre de l'orme sur la terrasse du bistrot de Massimo, écoutant les palabres d'Ampelio et des ancêtres qui y jouent quotidiennement aux cartes. Après la “briscola”, il sera d'ailleurs question d'un autre jeu, le bonneteau, dont le vieil Aldo reste un habile expert. Ambiance pittoresque, bien sûr, mais la technologie de pointe s'invite dans cet épisode. D'abord, Internet arrive (avec difficulté) sous forme de Wifi au BarLume. Ensuite, ce sont des pointures du monde scientifique qui sont réunies en congrès, ce printemps-là à Pineta. La modernité (aussi incarnée par Tiziana) côtoie donc la tradition dans cette histoire. L'humour est omniprésent dans ce roman. En témoigne le portrait du policier : “Massimo éprouvait pour le commissaire Vinicio Fusco de l'irritation et de la compassion. Triste et agaçant était à ses yeux le mélange d'arrogance, de prétention, de bêtise et d'entêtement qui, compressé avec un goût douteux en bloc d'environ un mètre cinquante-cinq, lui donnait naissance. Et comme c'est toujours le cas avec les individus antipathiques, une caractéristique aussi insignifiante que la taille se changeait chez lui en défaut impardonnable, ainsi qu'en occasion de moquerie.” La circulation urbaine à Pise n'échappe pas à l'ironie, non plus, l'aménagement routier semblant hasardeux : “En roulant dans ce bordel amoncelé, Massimo avait parfois l'impression que la mairie s'était ingéniée à créer un minigolf...” Cette comédie policière inédite est un délicieux bonheur de lecture. |
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