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ROGER MARTIN |
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Hélène Rénal a connu un passé difficile et rares sont ceux qui l’ont aidée à se remettre à flot à sa sortie de prison. Mue par un idéalisme sans borne, elle a monté une petite agence de détective « l’agence du dernier recours » qui se fixe pour mission d’aider les laissés-pour-compte à retrouver leurs droits. Mais il lui est difficile de faire le tri parmi les affaires qu’on lui soumet. N’a-t-elle pas négligé l’histoire que lui avait raconté ce roumain ? Difficile de penser autrement ! Celui-ci vient d’être retrouvé mort... Elle essayait de se remémorer le moindre détail des propos qu'il lui avait tenus dans les bureaux de l'Agence du Dernier Recours, son agence, et auxquels elle n'avait pas prêté l'attention qu'ils méritaient Était-ce sa faute? Qui l'avait écoutée, elle, pendant les années où elle s'était retrouvée entre quatre murs? Qui pourrait lui restituer cette jeunesse volée qui la rendait encore trop souvent si amère ? Stanku était de sa race, celle des victimes, et elle n'avait pas su l'écouter Alors, elle décide de tirer au clair cette histoire et de répondre favorablement à la supplique d’un mort Accoutrée des oripeaux d’un émigré clandestin candidat au départ pour le Canada, elle s’embarque pour Paris et entre en contact avec une filière de passeurs. Roger Martin profite de ce roman pour présenter un aspect de la « révolution » roumaine dont peu de journaux ont rendu compte, passant au profit et perte le faux massacre de Timisoara. « Stanku avait quitté la Roumanie peu après les « événements » .Il faisait son service militaire lorsque les rues s'étaient mises à gronder. Un soir, un sergent était passé dans sa chambrée. Le colonel le convoquait. Il s'était retrouvé au garde-à-vous devant le colosse, en compagnie de six autres soldats qu'il ne connaissait pas. Comme tous les hommes de son unité, il admirait l'officier depuis que, quelques mois plus tôt, celui-ci avait refusé de faire tirer sur la foule, à Cluj. Alors, ce soir-là, quand il leur avait expliqué que le temps était venu de donner un coup de pouce à l'Histoire, aucun d'entre eux n'avait refusé la mission qu'il leur confiait Il n'avait jamais oublié la semaine qui avait suivi. Avec ses camarades, il avait endossé l'uniforme de la Securitate et, pendant trois jours et trois nuits, ils avaient échangé des coups de feu avec des militaires aussi jeunes qu'eux, aussi minutieusement sélectionnés. Les balles à blanc avaient trompé la presse, les cadavres miraculeusement retrouvés sur les toits qu'ils canardaient aussi. Les médias du monde entier avaient donné dans le panneau, comme ils n'avaient cessé de le faire depuis les massacres arrangés de Timisoara, évoquant dans des trémolos « les combats terribles, maison par maison, au corps à corps, entre les militaires, la population et les mercenaires de la Securitate » » Il dresse un tableau sans concession ni manichéisme du monde des passeurs et des trafiquants en tout genre, ces nouveaux négriers qui ont en commun avec leurs ancêtres d’être eux-mêmes les victimes potentielles de leur commerce. Il rompt avec les « allants-de-soi » faussement angéliques et les politiquement-corrects, nous restitue la complexité du monde et nous rappelle la puissance trompeuse des évidences |
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