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CHRISTOPHE MOLMY |
Les Loups BlessésAux éditions DE LA MARTINIEREVisitez leur site |
662Lectures depuisLe jeudi 19 Mars 2015
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Une lecture de |
Approchant de la cinquantaine, le commissaire Renan Pessac est chef du Service central de répression du banditisme. Il supervise diverses enquêtes, notamment celles confiées à l'équipe de Philippe Lelouedec, qui n'a pas grande estime pour son supérieur. Pessac garde un indic personnel très fiable, le Grand, et obtient parfois des infos grâce à la prostituée Tania, amie de cœur plus que de sexe. Un braquage de convoyeurs de fonds a fait deux victimes parmi les employés. Ça ne manquait pas de professionnalisme, mais l'affaire n'a rapporté que soixante mille Euros. Si les policiers disposent de peu d'éléments, ils pensent que ce sont deux semi-amateurs et un pro qui ont attaqué ce transport de fonds. En effet, le jeune Doumé Astolfi s'est associé à Imed et Nordine Belkiche, deux frères du Val-de-Marne. Nordine, l'aîné, fait plutôt dans le trafic de drogue, blanchissant ses gains en achetant et exploitant des commerces dans leur cité. Plus fougueux, son cadet Imed est partisan d'actions d'éclat, et aime claquer du fric. Nordine n'apprécie pas tellement ce Corse, qui organisa le braquage. Doumé est le frère de Matteo Astolfi, un caïd du grand banditisme. Il affiche une vie tranquille auprès de sa compagne Carole et de leur fils Roch. Après l'avoir sermonné, il a expédié Doumé en Espagne, du côté de Malaga, en compagnie de son adjoint Sergio. Un braquage avec deux morts, il vaut mieux se faire oublier. Tandis que Matteo, bien renseigné, prépare un nouveau coup bien plus fructueux contre un fourgon de transport de fonds, les frères Belkiche ont également un projet en cours. Il s'agit d'attaquer au petit matin le bureau de poste de Savigny-sur-Orge. Bénéficiant de tous les détails, ils prennent le temps de tout prévoir. Par son indic le Grand, Pessac est mis sur la piste d'un Yougo fournisseur d'armes, appelé Angelco. S'il en sait davantage, le Grand conserve des billes. C'est grâce à Tania que Pessac obtient le nom d'Imed Belkiche. Un dispositif de surveillance et de filature est bientôt en place par l'équipe de Lelouedec, autour d'Imed. Trois semaines plus tard, les frères Belkiche attaquent la poste. À Marseille, Matteo, Doumé, Sergio et leur complice l'Acrobate braquent sans bavure un convoi de fonds. Par contre, leur comparse convoyeur est trop pressé de toucher sa part. Matteo ne lui fait pas de cadeau. Arrêté en flagrant délit à Savigny-sur-Orge, Nordine ne balancera rien, ni personne. Doumé et Matteo s'arrangent pour engager un avocat très efficace, afin d'assurer la défense de Nordine. Le Grand finit par donner à Pessac d'utiles infos sur les Corses, dont l'adresse du bar Chez Mylène, à Vitry-sur-Seine, tenu par un vieil ami de Matteo. Le caïd corse prépare déjà une nouvelle affaire. Le jeu du chat et de la souris entre Pessac et Matteo risque de finir par une fusillade… Quadragénaire, Christophe Molmy est commissaire divisionnaire, chef de la brigade de recherche et d’intervention (BRI, surnommée l'Antigang). C'est donc un flic de carrière qui est l'auteur de ce roman, son premier titre. Dans ces conditions, il faut bien sûr s'attendre à un polar trépidant qui s'inspire d'un univers criminel brutal. Sans doute Christophe Molmy n'ignore-t-il pas qu'il y a quelque chose d'intemporel dans le grand banditisme. Les petits voyous, qu'ils soient ou non d'origine maghrébine, cherchent toujours à montrer leur valeur en montant des coups qu'ils ne maîtrisent pas forcément. Et les expérimentés caïds, qu'ils viennent de Corse ou d'ailleurs, espèrent encore impressionner par des braquages spectaculaires et très rentables. Il est vrai que les transports de fonds restent le maillon faible de la sécurité bancaire, cible des truands les plus déterminés. Comme souvent quand l'auteur est policier, le récit est parsemé d'expressions issues du jargon de ce métier. Certaines formules semblent assez actuelles ("faire le canard" pour passer inaperçu, ou "un crâne" pour une interpellation), d'autres sont d'un argot plus classique ("être détronché", se faire repérer en tant que flic, ou "cantiner" en prison). On nous relate des scènes de surveillance d'un suspect, avec le contact-radio permanent entre policiers, sûrement courantes dans leur profession. Une certaine tension règne, tant du côté des policiers que chez les malfaiteurs. Un suspense classique et solide, dans la bonne tradition du polar. |