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PHILIPPE MOURET |
La Véritable Histoire Des Héros De BdAux éditions LE PAPILLON ROUGE EDITEUR |
730Lectures depuisLe jeudi 20 Novembre 2014
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Une lecture de |
Certains personnages de bédé sont issus de la réalité, même les moins férus de planches, de cases et de phylactères le savent. Un des exemples les plus célèbres serait sans doute le physicien et explorateur helvète Auguste Piccard, qui servit de modèle au Professeur Tryphon Tournesol. Un savant original, dont le fils Jacques puis le petit-fils Bertrand ont hérité des mêmes rêves scientifiques, d'ailleurs. Dans l'univers de Tintin, on trouve aussi un sacré garnement de six ans, Abdallah, le jeune fils turbulent de l’Émir dans “Tintin au pays de l'or noir”, qui apparaîtra dans d'autres albums. Hergé s'est inspiré de Fayçal II, le dernier roi d'Irak, chassé du trône et exécuté avec les siens. Déjà, le pétrole semait la guerre et la mort dans ces pays du Moyen-Orient. Tintin croisera également le chemin de Basil Bazarroff, nom à peine déguisé du trafiquant d'armes Basil Zaharoff, figure pleine de mystère à laquelle les historiens se sont intéressés. Hergé s'inspira encore de Jacques Bergier, scientifique et écrivain. Mais c'est dans une autre série bédé, “Scott Leblanc”, que l'on voit l'ingénieur Wernher von Braun. Au service des nazis, ce passionné d'aéronautique créa les bombes volantes V1 et V2. Puis von Braun fut récupéré par les Américains, pour qui il dirigea la conception d'armement, de missiles, et jeta les bases du programme spatial de la NASA. L'univers de Lucky Luke est lui aussi peuplé de personnages issus de l'Histoire. C'est avec l'arrivée de René Goscinny aux scénarios que ceux-ci ajoutèrent un savoureux piment aux aventures du cow-boy solitaire. Les frères Dalton, Billy the kid, Black Bart, Calamity Jane, Jesse James, le juge Roy Bean, Wyatt Earp, l'industriel pétrolier Edwin Drake, l'actrice Sarah Bernhardt, et le détective Allan Pinkerton furent quelques-uns des héros associés à Lucky Luke dans les albums dessinés par Morris. Bien qu'il ne soit pas évoqué ici, une pensée pour l'Empereur Smith, riche citoyen américain qui se prit pour Napoléon, dans un des très bons épisodes de cette série. Goscinny sut dénicher des personnages singuliers. La bédé nous a donné d'autres cow-boys que Lucky Luke. En particulier, Kit Carson, dont les aventures en format “fumetti” connurent un long succès en Europe. La présentation de ces fascicules était moins élégante que pour les albums, mais surtout moins coûteuse. Et le public adorait ces scénarios mouvementés. Dans un autre genre, carrément comique, Turk et De Groot créèrent voilà une quarantaine d'années le personnage de Léonard, un savant très inventif qui s'inspire directement de Léonard de Vinci. La bédé utilise également des célébrités du moment. Tel Régis Franc qui publia dans les années 1980 trois albums ayant pour héros Marcel Dassault (série “Tonton Marcel”). Plus récent encore, dans le diptyque “Quai d'Orsay”, c'est le politicien et diplomate Dominique de Villepin qui est mis en scène. Il semble que le scénariste ait appartenu au cabinet ministériel de l'intéressé, rebaptisé ici Alexandre Taillard de Vorms mais reconnaissable sans hésitation. Ah, Betty Page, la reine des pin-up ! On a redécouvert depuis vingt ans ces jolies filles quelque peu dénudées qui firent fantasmer les générations des années 1950 et 1960. Betty Page fut le nom d'une de ces héroïnes court vêtues, passées de la photo à la bédé. Néanmoins, la “vraie” Betty Page eut sa propre carrière, son heure de gloire. Après des clichés sexy et enjôleurs, elle devint une icône grâce au photographe Irving Klaw. Betty Page posa pour des centaines de photos (et quelques films) sadomasochistes. Bien que célèbre et appréciée du monde du spectacle, Betty Page ne joua jamais dans les films plus traditionnels. Aussi se fit-elle oublier à partir de 1958. Mais l'inoubliable pin-up n'est décédée que cinquante ans plus tard, âgée de quatre-vingt-cinq ans. Gilles de Rais, Raspoutine, Dracula, César Borgia, Casanova, le général Custer, et bien d'autres ont inspiré les auteurs de bande-dessinée. Au total 46 portraits, mi-héros de BD mi-personnalités originelles, c'est ce que nous présente Philippe Mouret dans cet ouvrage. Belle occasion de se souvenir de ces albums et, si l'on est moins spécialiste du genre, d'en découvrir quelques autres. Très bonne initiative, qui va au-delà du monde bédéiste. |