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MICHEL MOATTI

Blackout Baby


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Michel MOATTI




Une lecture de
PAUL MAUGENDRE

PAUL MAUGENDRE  

Parution le 2 octobre 2014. 352 pages. 19,90€.

Dans l'horreur d'une profonde nuit...

Février 1942. Les Londoniens subissent encore les affres du Blitz et à la moindre alerte ils se refugient dans des abris, des caves, des entrées de métro. C'est ainsi qu'en ce 7 février, David Cummins, atteint d'un mal de tête insoutenable rentre dans une pharmacie où il est servi par une jeune femme. Dans son crâne tournent et retournent des phrases extraites des Leçons. Une idée le turlupine depuis quelque temps : Trouver des femmes, les suivre. Les tuer. Il fait le tour du quartier, attend la sortie de la pharmacienne et à ce moment les sirènes se mettent en branle. Ils s'engouffrent dans un abri puis...

David Cummings pensait pouvoir faire carrière dans la Royal Air Force, car il possède un don particulier, une vision scotopique. Il voit la nuit, en noir et blanc, certes, mais il voit, tandis qu'il ne peut supporter la lumière trop vive. Et depuis ses années passées sur les bancs de l'école, il traîne la réputation d'afficher des prétentions supérieures à sa condition. Alors qu'il pensait devenir un héros à bord d'un Spitfire, il est un simple rampant, rongeant son frein, étant la risée de ses collègues qui l'appellent Duke ou Monsieur le Comte. Actuellement il est préposé à la manipulation de ravitaillement en produits divers, ce qui ne l'empêche pas d'être toujours vêtu impeccablement de son uniforme. Une élégance qui attire les regards des jeunes femmes en manque de tendresse et surtout d'argent.

En ce même jour du 8 février, alors que Cummings traîne dans les rues, Amelia Pritlowe s'affaire au London Hospital, soignant les blessés, des gamins déjà meurtris par la vie. Physiquement et moralement. Si des enfants ont été évacués de Londres, d'autres, des orphelins ou dont les parents pauvres comptent sur eux pour assurer le vivre et le couvert, triment dans des baraquements, véritables petits forçats. Des accidents se produisent régulièrement, à cause des bombes ou des incendies. Ainsi Smike qui a été brûlé dans l'incendie d'un baraquement où il travaillait se remet peu à peu de ses blessures. Amelia l'a pris en amitié et elle lui raconte parfois des histoires pour lui remonter le moral.

Amelia reçoit la visite de Walter Dew, qui sait plus ou moins le rôle qu'elle a joué quelques mois auparavant dans l'affaire Crippen et une autre qui prenait sa source dans les assassinats perpétrés par Jack l'Eventreur. Amelia est la fille de Mary Kelly, la dernière victime de Jack The Ripper, en 1888, et elle a gardé en elle un traumatisme. Dew désire qu'elle l'aide à traquer un individu qui vient d'assassiner une jeune femme. Trois autres corps sont découverts en quelques jours. Si ces cadavres sont mutilés comme les prostituées du siècle précédent, Dew ne pense pas qu'il s'agisse de répliques, de mises en scènes comparables à celles de Jack l'Eventreur. Tout au plus des similitudes. D'autant que des messages sibyllins sont inscrits sur les murs des pièces où les jeunes femmes ont été retrouvées.

Dew a enquêté sur l'affaire de Jack l'Eventreur, il n'est donc plus tout jeune. Il n'est plus policier non plus, mais il laisse entendre à Amelia qu'il est chargé d'une mission. Elle s'en réfère à son ami Francis Buir, de la Filebox Society et après d'âpres discussions elle accepte d'apporter ses maigres connaissances et son soutien à Dew. D'autant que grâce à un ami policier, Dew leur soumet les dossiers constitués ainsi que les photos prises lors des découvertes des cadavres. Dew pense que ce Blitz Ripper agit sous l'influence de pensées démoniaques, et ces messages, dont certains sont signés AL, les mènent à une sorte de gourou qui dispensait ses Leçons et avait essayé de faire publier un ouvrage.

Le chef du Yard fulmine. Cette affaire lui a été retirée au profit du Cabinet Gris, des représentants du Conseil de la Reine qui siègent à la Rotonde. Mais c'est bien Dew, assisté de Francis Buir et surtout d'Amelia, qui s'attache à la résolution de cette affaire. Il ne faut pas que la panique s'installe. Amelia est d'autant plus impliquée que cela lui remémore l'affaire de Jack l'Eventreur et surtout qu'en analysant les messages, elle est persuadée que des enfants seront les prochaines victimes de ce tueur qui agit sous l'influence des textes du gourou, textes malsains issus d'un épisode biblique. Et elle est inquiète pour Smike, son jeune protégé, qui doit prochainement être évacué en compagnie de quelques centaines de ses petits camarades vers la campagne.

Si Dew et Muir agissent et réagissent selon leurs synthèses, leurs sentiments ou leurs convictions, s'engouffrant parfois dans des brèches qui s'avèrent aléatoires, Amelia procède selon son intuition, cette fameuse intuition qui lui a permis de résoudre l'affaire relatée dans le précédent roman de Michel Moatti : Retour à Whitechapel. Elle cerne peu à peu la personnalité du tueur, ce qui la met en danger.

En lisant ce roman, le lecteur ne pourra s'empêcher d'évoquer Dickens, et sa dénonciation du travail des enfants, de leur condition d'esclaves, de leur rôle de victimes sociales. La peinture sombre et froide de Londres lors du couvre-feu, de ses quartiers désolés, pauvres, pratiquement en ruines, nous ramène au XIXe siècle. Certaines infirmières se conduisent en garde-chiourmes, en geôliers hargneux, rabaissant, mortifiant, humiliant les gamins qui leur sont confiés alors qu'elles devraient au contraire tout faire pour soulager leurs peines, physiques et psychiques.

Mais ce Londres est également celui décrit par Graham Greene dans Le ministère de la peur. La description de la capitale britannique durant le Blitz, avec ce côté humoristique décalé, lugubre et morbide, dérisoire dans la mise en scène de certaines situations, l'apparition de personnages qui mettent mal à l'aise. Ainsi cette parade d'un cirque composé d'un Monsieur Loyal atteint de scabiose, d'un clown debout sur des sortes d'échasses fabriquées avec des bidons d'huile, deux nains qui se chamaillent puis font la roue, des animaux étiques et pelés, ou encore ces gamins que arborent des masques de faons ou de chevreuils, revêtus de sortes de pyjamas poil fauve et qui distribuent des tracts annonçant la sortie imminente du film de l'année, Bambi de Walt Disney.

Michel Moatti prolonge avec Blackout Baby ce qu'il avait entamé dans Retour à Whitechapel : le roman historique proche prenant sa source dans une affaire ayant défrayé la chronique policière et journalistique. Cummings a réellement existé, tout comme ses victimes, mais le talent de Michel Moatti réside en cette faculté d'entremêler vérité historique et imaginaire, un peu comme Alexandre Dumas jouait avec la réalité historique dans ses romans mais tout en gardant l'essentiel, en l'enjolivant certes, mais en lui fournissant cet aspect d'horreur et de peur qui régnait dans la capitale britannique.

Michel Moatti se réfère, pour développer un épisode de son roman, à un conte des frères Grimm, Le joueur de flûte de Hamelin., j'ai moi-même évoqué ce texte dans ma chronique de La poule borgne de Claude Soloy il y a peu. Coïncidence, heureux hasard, les voies de la littérature sont impénétrables. La preuve qu'il existe des convergences littéraires même si les sujets traités sont différents !

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