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LAURENT MARTIN |
Des Rives LointainesAux éditions PASSAGE |
1182Lectures depuisLe dimanche 9 Novembre 2014
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Une lecture de |
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Parution le 27 août 2004. 140 pages. 14,20€. Bon anniversaire à Laurent martin, né le 7 novembre 1966. Joseph, le narrateur, va bientôt fêter ses dix-huit ans et il a décidé d’abandonner ses études pour voyager. Depuis que Juliette, sa petite amie, lui a prêté un livre de Mark Twain, il ne rêve que de partir, de fuir son univers pour rejoindre le Mississipi. Son univers, comme à beaucoup de ceux qu’il côtoie, se réduit à la Caserne, à l’Usine et au Panama. La Caserne, c’est là où il habite, en compagnie de sa mère qui l’a élevée seule. Il n’a jamais connu son père, Paco. L’Usine, c’est là où travaillent pratiquement tous les habitants de la Caserne. Le Panama, le café tenu par René, c’est l’endroit où tous viennent écluser ballons de vin blanc sur ballon de vin blanc. Le Panama fait aussi hôtel, mais seules deux chambres sont occupées, l’une par Mac, l’Ecossais, l’autre par Lucienne, le réconfort des âmes solitaires ou délaissées. L’arrivée de Louis, qui vient de purger une peine de prison, met ce petit monde qui vit en vase clos, en effervescence. Joseph pose sa candidature pour se faire embaucher à l’Usine, mais les événements se précipitent. Monsieur Frémont, le Directeur, est retrouvé assassiné, le corps déposé dans une décharge. Il est remplacé par son cousin, lequel parle tout de suite de chômage, de restructuration et autres menaces, ce qui déclenche immédiatement l’ire parmi les ouvriers, même parmi ceux qui devraient légitimement garder rancune envers une entreprise qui leur a pris leur main, leurs yeux, leur santé. Bref la grève est votée menée par Maurice, le délégué syndical, dont le corps sera découvert un matin, accroché aux grilles de l’Usine. La police, représentée par deux hommes venus de la Ville, enquête mais cela n’avance guère. D’autant que leur présence ne rebute pas l’assassin qui persévère.
Laurent Martin place son intrigue, dont l’épilogue est attendu mais ce n’est pas là le principal objet du roman, sinon les motivations du meurtrier, dans un endroit anonyme représentatif aussi bien de l’univers rural rongé par l’attrait facile du monde ouvrier que d’une banlieue consacrée à une entreprise qui régente la vie urbaine. Des rives lointaines s’érige comme une parabole avec en point de crêt une affaire de meurtres qui met en émoi une communauté, moins toutefois que l’annonce d’une fermeture prochaine d’une entreprise qui pourtant les réduit en esclaves. Gravitent des personnages issus d’univers différents mais qui se retrouvent tous unis malgré, ou à cause, de leur dissemblance. Laurent Martin se révèle dans ce court roman aux phrases sobres comme l’un des auteurs les plus singuliers et les plus prometteurs de ces dernières années. |
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