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MARCUS MALTE |
Fannie Et FreddyAux éditions ZULMAVisitez leur site |
1472Lectures depuisLe dimanche 19 Octobre 2014
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Une lecture de |
Suivi de Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas. Parution le 2 octobre 2014. 160 pages. 15,50€. Et Freddy est Fannie ? Après Les Harmoniques publié à la Série Noire en 2011,Marcus Malte s'était laissé gentiment oublié des lecteurs, publiant parcimonieusement quelques nouvelles ici où là. Mortes saisons aux éditions Le Bec en l'air ou Canisses chez In8 et cet été Les cow-boys dans la collection les Petits Polars du Monde. C'est peu ! Oserais-je même dire que ce n'est pas assez ? Peut-être a-t-il été perturbé, trop sollicité par les concerts littéraires Les Harmoniques et sa présence devenue indispensable dans de nombreux salons et festivals. Mesdames et messieurs les Organisateurs, s'il vous plait, laissez les écrivains s'adonner en paix à leur louable labeur : rédiger leurs œuvres, en toute sérénité, destinées à un lectorat impatient. Alors découvrir un nouveau titre de Marcus Malte est toujours un plaisir même s'il est quelque peu gâché par le nombre restreint de pages, moi qui me plaint toujours que les romanciers en font trop ! Car ne vous y fiez pas, cet ouvrage qui comporte 160 pages recèle en son sein deux longues nouvelles, celle éponyme du recueil et la seconde, Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas, qui est la réédition de Plages des Sablettes, souvenirs d'épaves, titre publié en 2005 dans l'éphémère collection Noir Urbain, dirigée par Claude Mesplède aux éditions Autrement.
Fannie et Freddy : Fannie n'est pas une femme comme les autres. Si dans son service ses collègues l'ont surnommé Minerve, à cause de sa propension à tourner le buste en même temps que la tête; si elle a un œil de verre, un vrai pas une réplique en vulgaire plastique avec iris peint à la main; si malgré un léger embonpoint elle possède des seins à se faire damner un saint, aux aréoles en auréole; si elle vit seule à Bayonne, petite ville du New-Jersey près de New-York connue surtout pour être la ville de naissance du célèbre écrivain de Fantasy George R. R. Martin... ce n'est pas pour toutes ses raisons que Fannie n'est pas une femme comme les autres. Elle a rendez-vous à New-York avec un jeune homme qui n'est même pas au courant de cette rencontre. De plus elle arrive avec une demi-heure d'avance dans le parking où doit avoir lieu la confrontation. Quand je vous dis que Fannie n'est pas une femme comme les autres ! Elle repère la voiture de l'homme qu'elle doit rencontrer, gare la sienne juste derrière afin de l'empêcher de sortir de son emplacement, sort le cric, fouille dans son sac à main, et attend. Des pas, un homme qui lui demande de se déplacer, le prétexte de sortir la roue de secours du coffre et vlan, c'est le coup de foudre. Enfin pas vraiment, mais une décharge électrique qu'il se ramasse sur la nuque, plongée du corps dans le coffre, et le voyage de noces peut commencer. Autrefois à Bethléhem, les cheminées des aciéries crachaient le feu, mais depuis l'interdiction de fumer, la petite ville industrielle s'est recroquevillée. Et ce n'est pas la crise des subprimes qui va la réveiller. La crise des supprimes, cela plus adéquat. Ce n'est pas pour rien si Fannie a sélectionné un jeune homme répondant au prénom de Freddy, car un esprit de revanche, de vengeance l'anime, et c'est peut-être aussi pour ça qu'elle n'est pas une femme comme les autres... J'écris ça, mais vous n'êtes pas obligé de me croire lorsque j'édicte cette dernière affirmation.
Ceux qui construisent les bateaux ne les prennent pas, est pour Marcus Malte l'occasion de nous présenter La Seyne-sur-mer, sa ville de naissance, avant, quand les construction navales existaient encore. Le lieutenant Ingmar Perhsson, c'est quelqu'un. Il est policier et quand il le peut, il arpente les mille deux cents mètres de sable, pieds nus, jusqu'à ce bout de terre fin de parcours où s'agglomèrent varechs, infimes cailloux et coquillages. Là où il a vu Paul pour la dernière fois. C'était il y a vingt sept ans, mais il s'en souvient comme si c'était hier. Tous deux avaient quatorze ans et ils se connaissaient depuis tout jeunes. Ils n'étaient pas placés sur les mêmes barreaux de l'échelle sociale, mais peu importe le statut lorsque l'amitié prend le pas sur l'argent. Et puis il ya eu le drame, peut-être à cause de Tarzan, un vieux bonhomme estropié du travail. Une hélice qui lui était tombée sur une jambe, et depuis il s'envoyait en l'air dans les souvenirs d'une vieillesse abandonnée. Tarzan se faisait un peu d'argent en ramassant les bouteilles vides laissées sur la plage par les touristes et en encaissant la consigne. Tout comme Paul et Ingmar, mais ceux-ci avaient l'âge de la jeunesse pour eux, et leur récolte dépassaient souvent leurs espérances, laissant le menu fretin à Tarzan qui ne disait rien.
Marcus Malte aime les histoires intimistes, avec peu de personnages, et ce qu'il a à raconter s'inscrit dans le registre des drames personnels. Pour Ingmar Perhsson, dont les parents étaient Suédois, c'est la recherche du passé qui le motive, et qui l'a amené à devenir policier. Un drame qui a marqué son enfance et dont il n'a pas la clé, consciemment ou non. Quant à Fannie et Freddy, il s'agit d'un drame qui prend sa genèse dans les agissements néfastes des banques, qui ont touché largement les petits propriétaires immobiliers des Etats-Unis, lesquels ont cru au mirage bancaire en s'endettant. |
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