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FRANCIS MARTIN |
Remiremont Terminus Des ZoquésAux éditions AMAZON |
656Lectures depuisLe samedi 3 Mai 2014
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Une lecture de |
À Remiremont, ville de Lorraine à moins de trente kilomètres d’Épinal, c'est l'époque de la Foire d'automne. Sur le marché, un vieux camelot allemand se fait buter par un trio grimé avec des faux nez et de fausses moustaches. L'un des tueurs est probablement une jeune femme. Vendant des surplus des armées, Otto Hampann vivait la moitié de l'année dans les Vosges, et le reste de l'autre côté du Rhin. Pour le commissaire Major, amateur de thés aux brimbelles et de cigares, l'affaire a certainement un rapport direct avec un cas précédent. D'une famille alsacienne, fille d'un cordonnier, la jeune Elas Saschmick a été la cible d'un fusil de calibre 7,5 qui daterait de la guerre. Grièvement blessée, elle est hospitalisée sous la protection de la police. Ce qui n'empêchera pas qu'on la supprime. Le commissaire a mis son meilleur limier sur cette double affaire. Avec son pote Sacha et sa copine Nelly, l'enquêteur traque le trio de malfaisants. Il s'avère que la jeune Elas a une grande sœur, prénommée Oulah. Sans donner de nouvelles à sa famille, celle-ci est censée vivre en Allemagne. Selon les Renseignements Généraux de Nancy, Oulah Saschmick appartient en réalité à un groupe extrémiste, le GODIVO. Il s'agit de régionalistes ultra, qui frayent avec les GRONAZ, des anti-nazis. Les intérêts de ces groupuscules sont généralement obscurs. D'ailleurs, il semble qu'ils soient proches de certains autonomistes corses. C'est pourquoi les RG ont infiltré Ange Baisoli, un de leurs agents, dans ces mouvements. De son côté, l'enquêteur romarimontain (de Remiremont) s'est trouvé une ardente petite amie, la belle Loulou. Sur la piste d'Oulah Saschmick, le voilà bientôt séquestré et menacé par la régionaliste et ses amis. Si leur slogan est “Les Vosges aux Vosgiens”, on peut se demander ce qu'ils défendent vraiment. D'autant que c'est cette pinéguette (garce) d'Oulah qui semble avoir tiré sur sa sœur. Si notre limier s'en sort, ce n'est pas le cas de Baisoli. Le commissaire Major envoie son enquêteur en mission, direction la Corse. Comme tout pinzute, le limier vosgien ignorait l'existence du village de Ghisonaccia. Débarquant innocemment sur l'Île, il rencontre Doumé Baisoli, frère du flic abattu, qui n'exclut pas une vendetta. La grand-mère maternelle d'Oulah et Elas est aussi îlienne authentique, cousine de la famille Baisoli. La mémé ne croit pas qu'Oulah soit devenue terroriste. De retour dans les Vosges, c'est du côté du Val d'Ajol que l'enquêteur va traquer les membres du GODIVO. Plusieurs riches étrangers établis ici, dont l'Anglaise Maggy Boll, pourraient être les prochaines cibles des régionalistes. Mais un règlement de compte commence par faire quelques victimes parmi les militants locaux... C'est une comédie policière “à l'ancienne” particulièrement sympathique et mouvementée que Francis Martin propose à ses lecteurs. Publiant lui-même ses livres, il vous faudra sans doute fouiller sur Internet ou contacter la page Facebook de l'auteur pour vous le procurer. À moins que vous n'habitez dans la région, entre Remiremont et Épinal, où on le trouve assez aisément. Outre quelques polars vosgiens, Francis Martin a publié plusieurs titres sur la culture et le langage traditionnel de Lorraine. Il ne se prive pas d'utiliser certains mots typiques, qu'un petit lexique permet de traduire. “Zoqués” signifie ici “tués”, mais il est aussi question de goulaf, de beuloux, de minmins, ou de schmiquer, et autres termes dont on découvre le sens. Ça pimente agréablement le récit, bien sûr. L'histoire est racontée à la première personne, par le héros, ce qui donne du rythme au récit, comme toujours. Le tempo est aussi vif que la narration est souriante. Les noms de plusieurs protagonistes (Otto Hampann = auto en panne, Maggy Boll = ma guibolle) indiquent le caractère humoristique du roman. Le parler incompréhensible du cordonnier Saschmick est réjouissant. Chez les ultra régionalistes, on va croiser des personnages bien caricaturaux. Si l'auteur évoque les contrées vosgiennes, de l’Étang de la Demoiselle au Val d'Ajol en passant par Remiremont, il n'oublie ni l'intrigue policière, ni un suspense fort agité. Un “polar régional” très drôle, qui intéressera sûrement les curieux de romans policiers méconnus. |