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CATHERINE MARX

Moralopolis


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Le vendredi 13 Decembre 2013

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Catherine MARX




Une lecture de
CLAUDE LE NOCHER

CLAUDE LE NOCHER  

La France des années 2050 a beaucoup changé. Né en 2025, librement élevé par des parents non-conformistes, Franck Doutandre n'est guère à l'aise dans ce monde-là. Tout a commencé avec la prise du pouvoir par les féministes ultra, peu après la naissance de Franck. La présidente Elsa Mindacié lança rapidement ses réformes autoritaires. Au nom de “la femme-victime-ancestrale”, on édicta quantité de lois sexistes contre les hommes. Régulation des naissances dans l'esprit eugéniste, évaluation de la dangerosité potentielle des bébés, enseignement dirigé favorisant les filles, tous postes de décision réservés aux femmes : une politique visant à détruire l'ennemi masculin, qui fut reprise et amplifiée par Anaïs Pouagne-Deferre, l'actuelle présidente. Quand on a été, comme Franck, élevé selon des principes hors-normalisation, difficile d'adhérer aveuglément à cette gynocratie.

Les déboires de Franck débutent réellement lorsqu'il veut se marier avec Amandine. Son analyse prénuptiale, dictée par la critères officiels, détecte qu'il serait porteur du “gène du viol”. Plus question de mariage, pour Amandine. Serveur au Café des Ombres, Franck se montre maladroit en séduction avec sa collègue Cynthia. S'ensuit une plainte qui lui fait perdre son job. Interpellé, Franck est obligé de suivre un pénible stage de redressement moral, sous les ordres de la grosse et agressive Annabelle. Chez un psy, Cynthia réalise un peu tard que le discours ultra-féministe l'a manipulé. Éduquée à la conquête victorieuse, elle en oubliait que charmer est un jeu. Franck comprend bien vite qu'il doit feindre la soumission, apparaître dans la normalité de son époque. Déjà, il se promet de prendre sa revanche. Quand le stage se termine, on lui offre un emploi dans une morgue.

Franck n'est pas convaincu par la rébellion des masculinistes : “La guerre doit se mener sur le terrain des idées et mobiliser des individus de toutes conditions sociales et de tous genres. L'ennemi, c'est la bêtise et elle n'a pas de sexe !” Méfiant envers son supérieur, Franck se tient tranquille, tandis que la présidente Pouagne-Deferre persiste à lobotomiser les foules. Les futures mesures anti-hommes sont carrément démentielles. Par contre, la tolérance envers les femmes fautives augmente, déniant leur culpabilité. Christine et Fabienne sont les deux premières à subir successivement la vengeance de Franck. Il y aura aussi Élodie, cas à part puisqu'il s'agit d'une prostituée clandestine. Ce n'est pas la vaste enquête en cours autour de ses viols, qui cause à Franck des cauchemars sur fond de requiem. C'est le déséquilibre de la société, alors qu'il cherche simplement l'amour...

Il est heureux que cette histoire soit écrite par une femme, car un auteur homme eût été taxé du plus ignominieux machisme, d'être un vil réactionnaire contre les justes avancées en faveur de la population féminine. Et pourtant, tout ce que décrit Catherine Marx dans ce roman d'anticipation n'est que la vérité extrapolée, déjà partiellement en action. Certes, nous n'en sommes pas à vivre sous la dictature d'un pouvoir féministe radical. La répression n'en est pas encore au point qu'elle évoque, si virulente même contre ceux qui ne causent aucun tort aux femmes. Néanmoins, on s'en rapproche à grand pas. Depuis quelques années, la Justice “excuse” largement les femmes infanticides, un traitement psychologique se substituant à l'essentiel de la peine de prison. Par contre, gare au grand-père accordant un bisou chaste à ses petits-enfants, le voilà rapidement classé pédophile.

La situation pourrait donc empirer, nous suggère l'auteure. À travers l'eugénisme, qui guette les handicapés : “Ah, les belles allocutions publiques pour vanter la grandeur d'âme et la tolérance des politiciens vis-à-vis des personnes handicapées, par exemple. Ça vaut son pesant de cacahuètes comme modèle de duplicité. Oui, on a aménagé la ville pour mieux les intégrer à la société […] Ils peuvent nous dire merci ! Seulement ce qu'on tait, c'est qu'on exècre le handicap, qu'on ne veut pas de handicapés, qu'on agit en amont pour ne plus en mettre au monde...” Quant aux contrôles sur la dangerosité supposée des mômes, en est-on si loin ? Quant aux pères divorcés présentés comme d'infâmes tyrans et des obsédés sexuels, n'est-ce pas déjà un argument ? Cultiver une violente opposition avec les hommes, “victimiser” sans nuance les femmes, certaines s'y emploient, hélas.

Anticipation, oui, mais c'est aussi un regard sur notre société actuelle : “Sous l'effet conjugué de la sur(dés-)information, du stress et du pharmaco-dopage, l'être humain a métamorphosé ses schémas de pensée. Atteint par la fièvre acheteuse, envahi par de faux besoins qu'il jugera vitaux et urgents à satisfaire, sa capacité à s'émouvoir pour autrui s'est lentement mais considérablement atrophiée. Il a perdu le sens de la compassion, il n'est plus que peur, condamné à mener un combat autocentré pour ne pas être broyé par une société de consommation qui exige de lui une servilité absolue, en échange d'un statut social précaire, mais néanmoins indispensable pour subsister en qualité d'acteur économique […] Paradoxalement, plus on grimpe dans l'échelle sociale, plus c'est surfait, l'accumulation de biens matériels et le sentiment de réussite occultant le côté dérisoire et vain de cette conquête matérialiste.”

Bien sûr, “Moralopolis” n'est pas une thèse, c'est une fiction. Dans un proche futur, bien que son comportement soit ordinaire, un jeune homme se voit étiqueté “violeur”. Comme il n'est ni un mouton gobant les discours de la présidente, ni un collabo admettant trop commodément des pratiques dictatoriales, il tente de réagir. Il est prêt à respecter les femmes en se comportant à égalité, mais tout le pousse à aller trop loin. Pourtant, derrière les principes despotiques, perce parfois chez celles qu'il croise un romantisme féminin parfaitement normal. Plutôt entraînante, la tonalité du récit est majoritairement ironique, mordante sur quelques points. Outre un léger érotisme, il existe une certaine part de suspense, quant au sort du jeune Franck. Un roman sociétal, assez sombre sur notre avenir, sans être désespéré car l'humour n'est pas absent, qui mérite un grand coup de cœur.

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