Ce sourire, celui qu’on imagine tout de suite à la camarde, est aussi celui des « poupées » que Lew Archer, héros tutélaire de Macdonald rencontre, cherche, ou perd. Plus que jamais, dans cette intrigue, les femmes découvrent, volontairement ou pas, leurs fêlures, voire leurs blessures, à un Lew Archer dont la compassion se cache derrière la façade inflexible du privé des années cinquante. L’archétype indépassable du « hard boiled ». Il lui faut cependant faire un choix dans cette aventure : la beauté plastique la plus lisse peut cacher une âme tourmentée et noire à souhait ! Dans « Le Sourire d’Ivoire », Lew est recruté par une bourgeoise un rien vulgaire, touchante dans sa laideur mais qu’il pressent dangereuse. La femme lui demande de chercher une employée disparue avec quelques bijoux. Pourquoi alors la domestique indélicate est-elle retrouvée égorgée ? Cette entreprise de rééditer Macdonald dans une nouvelle traduction nous permet un retour aux sources américaines du polar, et c’est un grand bonheur que de se plonger dans cette atmosphère. La violence y est quasi désincarnée, loin des standards débordant d’hémoglobine de notre époque. Ce n’est pas l’aventure la plus fluide, la mieux menée et la plus convaincante de Lew Archer et la traduction parait moins réussie, moins légère et adaptée que dans les précédents opus. Mais ne boudons pas notre plaisir. On attend la suite avec plaisir.
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