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NADINE MONFILS |
La Vieille Qui Voulait Tuer Le Bon DieuAux éditions BELFONDVisitez leur site |
2575Lectures depuisLe jeudi 7 Mars 2013
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Une lecture de |
On se souvient que Jeannette Vanpiperzeel, mieux connue sous le nom de Mémé Cornemuse, a vécu de pétulantes tribulations. Inoubliables, ses vacances avec un serial killer sur les côtes de la Mer du Nord. Puis Mémé Cornemuse convola avec le flic travelo Michou. Union qui ne dura évidemment guère, d’autant que la vieille dame indigne aime tripoter les boules de tous les messieurs potables. Elle ne perd jamais une occasion de clamer sa sexualité active : “Écoute moi bien, résidu de confettis, y a pas d’âge pour aimer le sexe. La seule différence entre toi et moi, c’est que tu baises avec des baguettes, et moi je m’enfile les minets à la louche. Suis une gourmande.” Son idéal d’homme reste ce demi-Dieu qu’est Jean-Claude Van Damme, grand maître du langage obscur. Annie Cordy et lui sont, quoi qu’en disent les jaloux, parmi ce que la Belgique a produit de plus brillant. Mémé Cornemuse s’est désormais reconvertie en concierge. Sans mettre de côté son esprit baroudeur : “Elle, ce qu’elle voulait, c’était de l’aventure ! Elle était l’Indiana Jones des charentaises, la James Bond des bas de contention.” Si, dans la cave, elle héberge le repris de justice Jef Kluut, c’est qu’elle a une idée derrière la tête. L’ex-malfaiteur est un romantique, qui rêve de pactole afin de rejoindre à Meudon son premier amour Marinette. En attendant, Jef creuse. La maison voisine est une bijouterie, fort tentante pour ce duo assorti, tête pensante et bras solides. Mais, en face, il existe un couvent. Saint lieu qui va accueillir Micheline Martini, épouse et complice d’un trop célèbre pédophile, où elle terminera sa réclusion. Et ça, pas de doute que ça risque d’attirer reporters, flics et badauds. Mauvais pour le plan élaboré par Mémé Cornemuse. Il est à craindre qu’elle ait une désillusion bien plus grande encore d’ici peu. Le couple le plus stupide de l’immeuble se compose de Ginette Plouf et de Marcel Durite. Prince charmant et destin de star, voilà ce que devrait être la véritable vie de Ginette. Pour l’heure, elle se contente des chaussures très jaunes de Lady Di. Ce qui, au lieu de la métamorphoser, va occasionner quelques tracas dans son existence. Elle découvre son mari Marcel assassiné et mutilé chez eux, la bite plantée dans un camembert. Son frère Jules Durite, dit Bouboule, est censé se trouver en vacances au bord de la mer. Mémé Cornemuse le découvre bientôt, aussi occis et démembré que son frangin, dans sa baignoire. Jef connaît le chemin de la chaudière pour incinérer les rebuts. Ginette se pose quand même des questions sur Marcel, qui lui a visiblement caché pas mal de choses sur son passé. Ce ne sont pas les coûteuses séances de voyance bidonnées par la concierge qui vont lui éclaircir les idées. Elle va mener sa petite enquête sur les locataires de l’immeuble, retrouvant même les parents Durite. Quant à la peu maternelle Mémé Cornemuse, elle est contactée par un fils qu’elle ignorait avoir pondu. Un de ces traîne-patins juste bons à lui tirer ses rares économies ? Non, l’inverse, un élégant quadragénaire au métier excitant pour une arnaqueuse comme la brave Mémé Cornemuse. Malgré ses prières ferventes à l’icône de Jean-Claude Van Damme, pas sûr qu’elle parvienne à s’enrichir ces temps-ci. Le bon Dieu ne l’aide pas vraiment, en effet… On peut aimer les thrillers calibrés au millimètre, les enquêtes orchestrées avec grand soin, les romans noirs soulignant de pénibles réalités sociales. Et puis, les lecteurs peuvent avoir envie de rigoler un peu, beaucoup, à la folie. Oui, il y a bel et bien de la dinguerie dans les histoires que nous concocte Nadine Monfils. Rien qu’à observer l’anecdotique, par exemple les scènes avec le hamster Gustave et le perroquet Rousseau, on suppute être entrés dans un immeuble de fêlés. Le peintre Luigi, spécialisé dans les portraits de cadavres, ne va pas nous rassurer. L’ensemble des habitants, pas tellement plus. Au centre de ces perturbés, trône la redoutable Mémé Cornemuse. Le plus comique des personnages qu’on ait imaginé depuis longtemps. Elle a compris que, pour qu’un peu d’excitation agrémente nos vies, on doit compter sur le sexe et le fric. Et elle s’y emploie au quotidien avec férocité, la bougresse. Pas d’hésitation, adoptons tous Mémé Cornemuse. |
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