|
|
PASCAL MARMET |
Le Roman Du ParfumAux éditions EDITIONS DU ROCHER |
1878Lectures depuisLe mardi 2 Janvier 2013
|
Une lecture de |
La part fine du parfum C’est par hasard que l’auteur retrouve lors de la fête de la rose de mai à Grasse une jeune femme qu’il a croisée lors d’un voyage en avion l’emmenant aux Etats-Unis. Il lui demande, comme un service, de lui narrer ce voyage qu’elle effectuait en compagnie de Tony Curtis en septembre 2009. Sabrina, ainsi se nomme-t-elle, avait failli louper son vol à cause d’un surligneur baladeur épris de liberté sous un fauteuil dans le hall d’embarquement. Heureusement par un heureux concours de circonstance, elle parvient à embarquer mais elle n’a plus le choix de place. Elle est installée par l’hôtesse près d’un vieux monsieur octogénaire, portant sur le chef un chapeau de cow-boy et le cou ceint d’une écharpe de luxe. De lui se dégage un parfum féminin qui réconcilie le nez de Sabrina après les miasmes endurés dans l’aéroport et dans la carlingue. Mais l’homme semble souffrir. Elle sort de son sac de petites fioles de parfum, laisse tomber sur un carré de tissu quelques gouttes du précieux liquide et l’homme parait revivre. Il avoue être atteint d’aérodromophobie et d’acrophobie. Entre ces deux personnes s’engage une conversation à laquelle elle ne pouvait s’attendre. L’homme affable se propose de lui faire réviser son cours sur l’histoire du parfum à l’aide de l’encyclopédie dont elle s’est munie. De temps à autre ils sont dérangés par des passagers demandant des autographes à son voisin qui déclare en toute innocence s’appeler Tony Curtis. Elle ne connait pas, sa culture cinématographique s’arrêtant à Brad Pitt. Dans cet ouvrage qui est tout autant roman, récit, biographie, document, le lecteur suit deux parcours tout en apprenant l’histoire et les subtilités des parfums. C’est ainsi que la jeunesse de Tony Curtis, ses débuts dans le cinéma, ses aventures professionnelles et amoureuses sont déclinées. Comment gamin alors qu’il s’appelait encore Bernard, dit Bernie, Schwartz, il se faisait un peu d’argent comme cireur de chaussures, comment de petits nazillons new-yorkais s’en étaient pris à lui et l’avaient tabassé, puis ses débuts au théâtre et au cinéma, les premiers petits rôles qui lui ont été confiés, les efforts qu’il dut faire pour effacer son accent, son mariage avec Janet Leigh, sa rencontre avec Norma Jean Mortensen ou Baker qui deviendra Marylin Monroe, le rôle négatif joué par des journalistes de la presse à sensation qui détournèrent une de ses phrases, Qu’est-ce que tu crois, mec ? Que c’est comme embrasser Hitler ? devenant Embrasser Marylin, c’est pire que d’embrasser Hitler ? Ses succès dans Les Vikings, Spartacus ou le célèbre Certains l’aiment chaud. Sabrina raconte comment, encore adolescente elle a quitté le giron familial biarrot. Elle travaillait au réassortiment des étalages ou comme caissière dans une supérette mais un jour elle en a eu marre. A l’âge de cinq ans après un orage qui avait décuplé les senteurs des tilleuls et des fleurs, elle s’était aperçue qu’elle possédait un nez capable de distinguer les fragrances dans l’air. Suite à la lecture d’un article sur les roses de Grasse, elle avait pris le train et la chance aidant elle s’était retrouvée dans la ville du parfum comme cueilleuse. Son don olfactif n’étant pas passé inaperçu, elle avait été embauchée et l’un des pontes locaux lui avait proposé de suivre les cours d’une prestigieuse école de parfumerie. Elle doit se rendre à Los Angeles, plus précisément à Neverland afin de tenter d’élaborer une gamme de parfums dédiée à Michael Jackson. Si elle n’a jamais vu un seul film avec Marylin Monroe, elle connait l’actrice surtout grâce à son visage affiché dans le monde entier. Elle incarne la femme-sandwich des parfums et dérivés, bougies parfumées, chandelles, bâtons de rouge à lèvres. Roman donc, récit et biographie, Le roman du parfum est aussi un ouvrage didactique sans être pédant ou rébarbatif. Le lecteur plonge dans cet historique comme dans un conte des milles et une nuits, avec la partie consacrée à la mythologie égyptienne, le rapport entre la religion chrétienne et le parfum, les différentes marques et leurs composition avouées, leurs fragrances, la fabrication, utile mesdames, d’un parfum maison, et tous les petits à-côtés de la parfumerie et de la vente. Le prix de revient d’un flacon de parfum, par exemple, ou comment dans les grandes surfaces le nez du client potentiel est accroché par des artifices afin que du stade de chaland il passe à celui de consommateur. Si Pascal Marmet, l’auteur, se met rapidement en scène, comme passager de l’avion, c’est pour mieux donner de la crédibilité à son roman. Tony Curtis et Sabrina tenant la vedette ou servant de fil rouge au propos premier, une histoire du parfum qui nous permet de l’être… au parfum. Et bien entendu une histoire d’amour se greffe dans le récit, mais comme il s’agit de la vie privée de Sabrina, je n’en dirai pas plus. Relevé page 17, cette phrase que je pourrais faire mienne : Lire fut ma câlinothérapie, mon espace de soin, la cathédrale où j’édifiais mon être, le palais de mots qui tapissait mon mur intérieur. Dans la poussière des bibliothèques, je me vautrais, et quand viendrait l’heure, on m’enterrerait dans cette poussière, telle était ma folle décision. Alors Messieurs, si vous désirez faire plaisir à votre compagne ou à votre maman, ou toute autre personne qui vous est chère, je vous conseille ce livre que vous pourriez offrir par exemple pour les étrennes, la Saint-Valentin ou tout autre moment agréable. Ce qui vous permettra en outre de le lire sans ressentir ce petit sentiment de culpabilité qui parfois nous étreint comme si on était en possession d’un ouvrage qui est pas destiné aux hommes, aux vrais, aux machos, ceux qui se refusent à admettre un côté fleur bleue. Cet ouvrage est complété par une bibliographie, la filmographie complète de Tony Curtis et une liste des parfums fabuleux, leur créateur et leur date de naissance. |
Autres titres de |