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M.V. MONTALBAN |
Pepe Carvalho (3 Titres)Aux éditions SEUILVisitez leur site |
1067Lectures depuisLe jeudi 20 Juillet 2012
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Une lecture de |
Né en juin 1939 à Barcelone, décédé en octobre 2003, Manuel Vázquez Montalbán fut un écrivain espagnol majeur. Si son œuvre est riche, incluant des romans de forme classique, c’est probablement grâce au personnage de Pepe Carvalho qu’il a acquis une notoriété internationale. Ayant connu une vie politique militante et tourmentée, Pepe Carvalho devient détective privé à Barcelone. “avait trente ans, il était grand, brun, il s’habillait cher, chez un tailleur des beaux quartiers, pourtant, il y avait dans son apparence quelque chose d’un peu négligé; et il aimait par-dessus tout se balader tranquille, entre les étals de la Boquería, chaque fois qu’il abandonnait le domaine de Charo pour reprendre le chemin de sa tanière, là-haut, sur les flancs de la montagne qui dominait la ville”nous dit un portrait tiré du roman “”. En sachant qu’il vieillit au fil de la série. Outre son activité de détective, Pepe Carvalho est aussi vrai gastronome et fin cuisinier. Un bon repas est aussi l’occasion pour lui de brûler un livre. Autour de Pepe Carvalho, Biscuter est son homme à tout faire rencontré dans les prisons de Lerida, et puis le cireur de chaussures Bromure est son indicateur attitré. Il faut également citer sa maîtresse Charo, une prostituée au caractère indépendant. Ces romans ne sont pas de simples enquêtes, car le contexte est essentiel. D’abord, ces polars ont (en grande partie) pour décor la ville de Barcelone d’avant les Jeux Olympiques, au temps où la capitale catalane conservait des quartiers typiques. Surtout, il s’agissait pour Manuel Vázquez Montalbán de présenter des aspects sociopolitiques, historiques et culturels de l'Espagne, du franquisme jusqu’à la fin du 20e siècle. Toutefois, si les faits ont des racines politiques et sociales, ces intrigues sont racontées avec une belle fluidité, non sans un certain humour. Pepe Carvalho est aujourd’hui de retour dans un premier recueil réunissant trois titres : “Tatouage”, “Mers du Sud”, “Meurtre au Comité central”. Cette co-édition Seuil-Christian Bourgois est une belle occasion de (re)découvrir l’univers de ce héros emblématique. On est rapidement immergés dans ces aventures car, dès la première enquête, le détective est engagé par le mari d’une coiffeuse afin de découvrir la vérité sur la mort d’un homme retrouvé sur une plage. Sur le dos de la victime, une énigmatique formule est tatouée : Né pour révolutionner l’enfer. Une phrase extraite d’une vieille chanson… Une lecture qui permet de retenir ce qui reste un témoignage sur une époque. D’ailleurs, les noms des partis et institutions politiques nous sont précisés hors-texte, c’est bien utile. En post-face, il faut lire l’un des derniers entretiens entre Manuel Vázquez Montalbán et sa traductrice Michèle Gazier, datant de fin mai 2002. L’auteur y évoque l’écriture, son héros, mais aussi la marche du monde. Comme Frédéric Dard qui a si souvent tenté de faire comprendre qu’il n’était pas si simple d’écrire un San-Antonio, Manuel Vázquez Montalbán s’explique à ce sujet : “Il m’est bien plus difficile d’écrire un Carvalho qu’un autre roman, en apparence plus complexe dans sa structure. Car il est autrement compliqué de composer un roman linéaire qui ne soit ni rhétorique, ni redondant, comme doit l’être un Carvalho. Il est vraiment difficile de partager un roman avec un personnage, sans que le lecteur s’aperçoive du divorce entre le personnage et l’auteur, qui se lasse peut-être de lui et aimerait faire autre chose. [Un roman complexe, c’est de la technique] Il est beaucoup plus ardu et subtil d’écrire un Carvalho qui est, lui, une vérité littéraire.” Pour les amateurs de romans noirs, lire et relire les enquêtes de Pepe Carvalho est toujours un excitant plaisir.
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