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LEO MALET |
Journal SecretAux éditions FLEUVE NOIRVisitez leur site |
1690Lectures depuisLe samedi 1 Avril 2012
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Une lecture de |
Préface de Francis Lacassin, notes de Michel Marmin et Francis Lacassin. Photos de Marc Gantier
Lire une autobiographie d’un écrivain peut amener à mieux connaître celui-ci, à mieux le comprendre, à mieux appréhender son œuvre, si l’auteur est honnête envers lui-même et se dévoile sans pudeur et sans forfanterie. Léo Malet a laissé en héritage son journal secret, publié en 1997 au Fleuve Noir. "Je me demande brusquement pourquoi je continue à écrire toutes ces conneries, qui ne pourraient, si elles étaient rendues publiques, que me ridiculiser". Le besoin de s'expliquer avec lui-même, de coucher sur le papier ses angoisses, de se confier sans retenue, d'avouer ses obsessions, l'amènent à se poser cette question fondamentale : "Est-ce que j'existe ?" Plus que la mort de Paulette, sa femme grâce à qui il put écrire dans ses années de débine, le taraudent deux hantises : Paulette est décédée d'une crise cardiaque alors qu'ils faisaient l'amour d'où ce sentiment de l'avoir tuée. Depuis il ne parvient plus à satisfaire Christiane, une amie de cœur qu'il retrouve vingt ans après de premières relations. Sa virilité perdue le démoralise. Il possède un fils, des amis fidèles, qui lui écrivent, lui rendent visite ou qu'il voit régulièrement. Mais la défection de Christiane, qui vit elle-même avec ses propres problèmes, l'amène à écrire cette réflexion désabusée : "Je me sens vieux et malade, bon à rien et inutile. Abandonné n'est pas le mot. Je me sens rejeté, EXCLU." Alors qu'il connaît enfin la consécration, que ces romans sont réédités, qu'il ne vit plus dans la misère financière, c'est la misère affective qui l'assaille. "Aucun écrivain ne peut plaire à tous, aucun écrivain ne devrait essayer". Cette citation de Chandler est plac‚e en exergue au livre de J.-P. Schweighaeuser (éditions Encrage). J'ajouterai, reprenant ce qu'écrivait Bernard Le Saux dans sa rubrique Sang d'encre dans les Nouvelles Littéraires du 28 avril 1983 : "Sans doute se trouvera-t-il toujours des seconds couteaux pour baver sur les grands ancêtres en s'imaginant que cela leur confère automatiquement un brevet d'insolence." Et cet ouvrage autobiographique édité après la mort de Léo Malet a été accueilli avec circonspection, voire consternation par de nombreux écrivains et admirateurs. Beaucoup n’ont pas apprécié certaines remarques, surtout le racisme qui se dégage de ces écrits. Pourtant les propos xénophobes étaient connus, avant la publication de cette autobiographie puisque, en juin 1985, un article publié dans Libération avait fait scandale. Fallait-il exhumer le manuscrit du tiroir dans lequel il était rangé ? Ce sont les choix de Léo Malet lui-même, de Francis Lacassin, de Jacques Malet, de Michel Marmin son testateur ainsi que des éditions Fleuve Noir. Certains se sont élevés contre les propos tenus, ceux-là mêmes qui avouent sans vergogne considérer Céline comme un grand écrivain. Déclaration contradictoire ou prise de position opportuniste ? Entamé le 9 aout 1982, terminé le 29 février 1984, ce témoignage apporte un éclairage partiel sur la vie et l’œuvre de Léo Malet. S’il l’avait continué, peut-être que la suite aurait été différente, plus nuancée. Le décès de Paulette l’avait-il rendu atrabilaire, même si le succès lui tendait les bras grâce aux nombreuses rééditions qui se profilaient, d’abord chez Néo, des romans édités à l’origine sous pseudonymes, les bandes dessinées adaptées par Tardi, dès 1981, et surtout les téléfilms avec Guy Marchand dans le rôle de Nestor Burma. |
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