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MARCUS MALTE |
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2781Lectures depuisLe vendredi 24 Mars 2012
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Une lecture de |
Il vit dans un lotissement, quelque part en France. Il est veuf depuis deux mois. Son épouse Nadine est décédée de maladie. Il élève maintenant seul leurs deux fils : Hugo, six ans, et Dylan, quatre ans. Pour lui, c’est comme une malédiction touchant sa famille, même s’il se refuse à croire aux sornettes paranormales. Il se demande pourquoi le sort n’a pas choisi ses voisins d’en face, un couple heureux et leur fillette de bientôt cinq ans. Il culpabilise car, la maison en question, c’est celle-là qu’ils auraient dû choisir. Au lieu de cette villa maudite où ils habitent. Il se convainc de plus en plus que telle est l’origine de leur malheur. D’ailleurs, leur chat n’est-il pas mort peu après leur installation ? C’est un indice, selon lui. Son voisin s’est montré compatissant, certes. Mais le tranquille bonheur de cette famille ne peut que l’écœurer chaque jour davantage. D’autant qu’il n’ont aucune intention de déménager, et qu’échanger leurs maisons parait bien saugrenu. Une invitation pour l’anniversaire de la fillette d’en face ? S’il considère ça comme un affront, il ne montre pas ses sentiments. Des difficultés respiratoires lors de ses insomnies le fragilisent. Il cultive son amertume contre les voisins : “La foudre nous a frappés. Le malheur. Nous et pas eux. Ça se joue à si peu de choses: le même lotissement, la même rue, mais pas le même numéro. Pair ou impair. On n’a pas misé sur le bon. C’est ma faute, je le reconnais. Mais permettez-moi de croire que tout n’est pas perdu.” Il a dérobé la clé de la maison des voisins. Depuis, il profite des absences de la femme d’en face pour effectuer des visites clandestines. Puisque c’est pour cette villa qu’ils auraient dû opter, c’est un peu la leur. À lui et à Nadine, car il imagine qu’elle l’accompagne quand il s’installe là pour écouter de la musique. Il retrouve une certaine sérénité ici. Et puis voilà que disparaît la voisine. Le cas n’est pas si rare, comme le lui explique un jeune flic courtois. Des tas de gens disparaissent chaque année, sans qu’il faille trop s’inquiéter, finalement. Il se rapproche de son voisin, forcément désorienté par le départ de son épouse. Il accepte de lui rendre service, de s’occuper de sa gamine et d’un peu de ménage chez eux. Agaçantes, les jérémiades du voisin s‘alcoolisant, mais la situation risque encore d’empirer… Traverser les pénibles épreuves que la vie nous impose, c’est souvent ressentir avec douleur une injustice. On doit donc surmonter ces difficultés. Le héros, lui, cherche des causes, rumine sa malchance, s’enfonce dans sa solitude et son pur égoïsme. “Moi, j’ai pensé avant tout au bonheur de mes enfants” dit-il. Le genre de prétexte fréquemment entendu, de la part des gens qui se cachent la vérité. Sans méchanceté, ce père de famille glisse vers une réalité quasi-paranoïaque. Il n’est pas animé par un véritable cynisme, mais ne poursuit plus qu’un seul but. Il s’agit d’un conte délicieusement noir, d’un savoureux court roman (ou novella). Ce format est parfait, l’histoire ne nécessitant pas de trop longs développements. Et si l’on aime les gaufres, on y trouvera même un certain humour. Auteur confirmé, récompensé par plusieurs prix littéraires, Marcus Malte nous propose là une histoire très réussie. |
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