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GRAHAM MOORE |
221b Baker StreetAux éditions CHERCHE-MIDIVisitez leur site |
2303Lectures depuisLe vendredi 27 Janvier 2012
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Une lecture de |
Harold White vient tout juste d’être admis dans la confrérie des Baker Street Irregulars, les plus savants admirateurs de Sherlock Holmes. À New York, où ce jeune Américain assiste à leur congrès annuel, il fait la connaissance de Sarah Lindsay. La séduisante journaliste s’est immiscée chez les Sherlockiens sans y être autorisée. Comme Harold, elle tient à assister aux révélations d’Alex Cale. Cet expert vient de retrouver le tome perdu du journal intime de Conan Doyle, celui de l’automne 1900. Tous les fanatiques de Holmes ont rêvé de découvrir ce document. Car il possible que ce soit à cette époque que Conan Doyle ait décidé de ressusciter son héros, qu’il fit périr en 1893 dans les chutes de Reichenbach. À l’heure où il doit prendre la parole, Alex Cale est absent. On découvre bientôt son cadavre dans sa chambre d’hôtel en désordre. Harold examine le corps et les lieux comme l’eût fait Holmes, mais il ne glane guère d’indices. L’inscription “élémentaire” ne signifie pas grand-chose. Sarah et lui sont peu inquiétés par la police. On s’agite entre Sherlockiens, hypothèses et soupçons fleurissant dans leurs échanges. Jeffrey, le mentor d’Harold, est-il plus suspect qu’un autre ? Le petit-fils de Conan Doyle, qui s’estime héritier légitime du journal intime perdu, contacte Harold. Il lui offre les moyens d’enquêter sur l’affaire, en compagnie de Sarah. Le couple s’envole pour Londres. Ils y rencontrent la sœur d’Alex Cale. “Je crois que découvrir le journal de Conan Doyle est la pire des choses qui soit arrivée à mon frère” leur avoue-t-elle. Poursuivant leurs recherches, Harold et Sarah visitent l’appartement du défunt. Leur enquête va les entraîner bien plus loin que Londres. C’est sur les lieux d’une des aventures de Sherlock Holmes, que se dénouera le mystère. Son héros a apporté gloire et fortune à Conan Doyle. Dans les années suivant la mort de Holmes, beaucoup de gens lui reprochent cette fin brutale. Lorsqu’une bombinette explose dans son bureau, à l‘automne 1900, Doyle entre en contact avec l’inspecteur Miller. Puisque le policier ne le prend pas au sérieux, l’écrivain s’improvise enquêteur. Le cas d’une jeune mariée assassinée dans une auberge de l’East End lui semble à sa portée. Toutefois, il a besoin de l’aide de son ami Bram Stoker, auteur de “Dracula” (1897) et administrateur d’un théâtre. Selon l’aubergiste, la victime tuée chez lui n’était pas une prostituée. Il semble donc que “le meurtrier était l’homme qu’elle venait d’épouser”. Doyle ne trouve rien de précis dans les enregistrements de mariages. Mais le moine s’en occupant est certain d’avoir vu deux fois le même “marié” venu pour une déclaration. Dans une sorte de pension de famille, Doyle découvre un cas meurtrier identique au premier. Traquer une ombre n’est pas de tout repos, d’autant qu’il ne se fie pas aux hommes de Scotland Yard. Et que, sur cette piste, Doyle pourrait être impliqué dans d’autres meurtres de jeunes femmes… Le récit permet de suivre alternativement les deux enquêtes, celle de Conan Doyle en 1900, celle d’Harold cent dix ans plus tard. Cette dernière est basée sur la mort non résolue d’un expert qui affirmait avoir retrouvé le journal intime perdu du créateur de Holmes. Parmi les Sherlockiens du monde entier, beaucoup sont de véritables obsédés de l’œuvre et de l’auteur, ce qui n’en fait pas des criminels potentiels. Aussi parfaitement documentée que soit cette histoire, il s’agit toutefois bel et bien d’une fiction. On suit avec grand plaisir cette partie du roman, dans la meilleure tradition du mystère et des investigations du détective amateur. Néanmoins, la partie historique séduit presque davantage encore. On se plait à imaginer Conan Doyle et Bram Stoker dans le Londres de 1900. Décors qui nous ramènent à cette époque victorienne aux classes sociales si tranchées, où le crime semble dans son élément naturel. Belle reconstitution, y compris en ce qui concerne la vie personnelle de Conan Doyle. Petit hommage à Oscar Wilde (“Ce n’est pas le vice qui a tué Oscar, c’est la solitude”) mort au même moment. Entre passé et présent, un roman à suspense de très belle qualité. |