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HUBERT MONTEILHET |
Les Confessions Du DiableAux éditions DE FALLOIS |
1754Lectures depuisLe samedi 10 Decembre 2011
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Une lecture de |
Le commissaire Bernard Hauterive est en poste à Bergerac, en Dordogne. C’est un policier d’âge mûr, assisté de son jeune collègue Martinet. Non loin de là se trouve le collège Saint-Christophe. Ancien monastère transformé en pensionnat, cet établissement “à l’ancienne” dirigé par des ecclésiastiques, est fréquenté par des pensionnaires issus de familles bourgeoises. Deux neveux du commissaire y firent d’ailleurs leurs études. On vient d’alerter la police, car un des prélats vient de mourir, se suicidant probablement avec de la mort-aux-rats. Âgé de 73 ans, le père de Coursensac fut un homme d’église dans la pure tradition, enseignant de qualité ayant aussi un parcours colonial. Certes, il est étonnant de trouver du poison dans sa chambre, mais il y a une explication. Le défunt était proche d’un élève, son filleul Gédéon d’Arsonval. L’adolescent est à la fois solitaire et brillant, “surdoué généraliste”, épileptique, s’intéressant en ce moment au trotskisme sans être aveuglé, interrogatif quant au catholicisme. Gédéon n’est pas dénué d’ambiguïté dans certains cas, d’esprit taquin ou plus manipulateur. Le commissaire connaît déjà le père du jeune homme. En effet, ce notaire de Bergerac s’est récemment inquiété d’un courrier anonyme prédisant à sa famille des drames à venir. Pas de lien apparent avec le décès de Coursensac, qui était une vague parenté du digne notaire. Empruntant un scooter et un peu d’argent, Gédéon s’enfuit du collège Saint-Christophe. Ce que le commissaire n’interprète pas encore comme un signe de culpabilité. Il existe un enregistrement sur dictaphone numérique des conversations entre Gédéon et de Coursensac, confessions retrouvées par la police. Il y est question entre autres de l’évolution et de l’éthique de la religion catholique, Gédéon n’étant pas avare d’ironie à ce sujet. Il y avoue des petits méfaits familiaux, justifiés par son aversion envers la seconde épouse de son père le notaire. Plus sérieux, il laisse entendre que cette femme serait suspecte. Professionnel, le commissaire se renseigne auprès d’un détective privé niçois ayant enquêté sur elle, consulte un article évoquant le décès de la première Mme d’Arsonval. Rien de tellement probant, à vrai dire. Si Gédéon reste un temps introuvable, le policier entend éclaircir cette délicate affaire avant qu'il n‘y ait trop de morts… Né en 1928, couronné par le Grand Prix de Littérature policière en 1960 avec “Les mantes religieuses”, Prix Arsène Lupin 2009 pour “Choc en retour“, Hubert Monteilhet est un auteur à part dans l’univers du roman policier. Cet esthète de l’intrigue criminelle et du suspense psychologique possède sa propre tonalité. Le terme d’enquête ne convient pas aux histoires qu’il met en scène, même quand (comme ici) un policier interroge des témoins ou écoute une pièce à conviction. Les portraits précis et les faits suggérés, aussi énigmatique soient-ils, importent davantage qu’une traque de l’assassin, s’il existe. Le climat un brin désuet d’un collège religieux traditionnel dans la France profonde se prête bien aux mystères tels que les conçoit cet auteur. C’est également l’occasion pour lui (qu’on dit catholique intégriste, mais qui dénonça souvent les cyniques excès religieux) de philosopher sur la théologie, d’en railler certains aspects à travers l’opinion de Gédéon. Pris au second degré, ces propos comportent une belle part d’humour mordant. Si l’érudit Monteilhet appartient lui-même à la “bonne société” qui se veut “bourgeoisie éclairée”, il ne se prive pas de s’en moquer. C’est en grande partie ce qui fait le charme de ses romans, des polars hors catégorie. |
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