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WALTER MOSLEY |
Les Griffes Du PasséAux éditions JACQUELINE CHAMBONVisitez leur site |
1838Lectures depuisLe samedi 29 Octobre 2011
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Une lecture de |
Âgé de cinquante-quatre ans, Leonid McGill a longtemps participé au plus sales activités combinardes de la vie new-yorkaise. Ce Noir encore athlétique, boxeur amateur, a tourné la page depuis quelques années en devenant détective privé. Ses relations avec les flics restent diverses. À son égard, la policière Bonilla fait preuve d’empathie, mais l’honnête inspecteur Kitteridge espère toujours coincer McGill pour ses méfaits passés. Quant au capitaine Charbon, c’est l’adversaire le plus dangereux du détective. Côté familial, pas brillant non plus pour McGill. Son épouse Katrina et lui, aussi infidèles l’un que l’autre, n’ont plus rien d’un couple. McGill est toujours obsédé par la belle métis Aura Ullman. Elle l’a quitté pour le directeur financier gérant l’immeuble prestigieux où il a ses bureaux. Sur le conseil de son fils, le détective engage la toute jeune Mardi Bitterman. Celle-ci ayant déjà connu de lourdes épreuves, elle va se montrer une secrétaire parfaitement efficace. Au sujet de ses garçons, McGill connaît des contrariétés. Twill, le fils très débrouillard de Katrina, et Dimitri, l’ombrageux fils de McGill, se sont entichés de filles de l’Est. Ils ont disparu avec elles, restant vaguement en contact avec le détective. Katrina s’inquiète, à juste titre. Pas sorcier d’imaginer que ces trop jolies filles appartiennent à un réseaux mafieux. En l’occurrence, celui d’un slave nommé Gustav. Si McGill ne craint guère les sbires de ce type retors, une explication invoquant une erreur ne suffira pas à régler la situation. Même si Twill est un malin, Dimitri et lui sont néanmoins dans le pétrin. Alphonse Rinaldo, conseiller spécial de la ville de New York, est en réalité un caïd mafieux auquel McGill ne peut refuser aucun service. Sans s’expliquer, Rinaldo exige que le détective retrouve et protège Angélique Tara Lear. C’est d’abord sur un double meurtre que tombe McGill. Une certaine Wanda Soa, fille de riches parents brésiliens, a été assassinée avec violence. Son meurtrier, un inconnu, est également mort dans la même pièce. Les flics étant sur l’affaire, ils posent d’embarrassantes questions à McGill, qui ne peut citer Alphonse Rinaldo. Outre le directeur financier (amant d’Aura Ullman) qui le harcèle, et le cas du pauvre Ron Sharkey qu’il doit sauver, McGill poursuit son enquête sur Angie Lear. Ce n’est pas la mère de la jeune femme qui l’aidera. Pourtant, elle évoque un ami architecte d’Angie, John Prince. Dans l’agence qui emploie la disparue, McGill apprend qu’elle a été engagée sur recommandation spéciale. Parmi les voisines d’immeuble d’Angie, seule une vieille dame est troublée par son départ hâtif. Le gardien s’avère fort peu coopératif. Le gérant apprend à McGill que le logement d’Angie est, en quelque sorte, subventionné. Entrer en contact avec ce John Prince éclaircirait-il certaines questions ? Décidément, beaucoup de secrets aux nébuleuses connections entourent cette jeune femme…
Après “Le vertige de la chute” voici la deuxième aventure de Leonid McGill, aussi excitante que la première. De plus en plus foisonnante, même. Le fil conducteur étant l’enquête autour d’Angie, le détective utilise ruse et force pour progresser. “Dans tout polar qui se respecte, le privé démarre son enquête vers la page six et la suit sans se laisser distraire ou interrompre par les évènements de sa vie personnelle (…) Les bons polars suivent aussi le même schéma : à la fin, l’énigme est résolue et tout le monde est content. Le méchant se fait pincer, dans le pire des cas il est découvert…” C’est ainsi que l’auteur nous prévient avec malice: l’univers de McGill est bien loin d’investigations linéaires, ponctuées de quelques effets et de révélations soudaines. Son expérience s’est construite sur des erreurs, tel le cas du couple Lavender, ou celui de Ron Sharkey (“Oh, il n’était pas le seul, mais il représentait à coup sûr un des rouages les plus grinçants de mon âme”). Si son existence est encore plus compliquée que pour la moyenne des new-yorkais, McGill s’en accommode : “Vivre, c’est passer un examen après l’autre, avec la certitude d’être recalé à la dernière épreuve.” Il se souvient chaque jour des leçons que lui inculqua son père idéaliste. Son principal enseignement étant, sans doute, qu’il faut toujours trouver un moyen de se sortir des situations périlleuses. Justement, notre détective super-occupé va en traverser un grand nombre, zigzagant d’une affaire à l’autre, récoltant souvent plus de questions que de réponses. Dans un roman aussi riche en péripéties, des scènes plus touchantes, des réflexions personnelles, et une tonalité largement amusée du récit, sont indispensables. Un équilibre idéalement maîtrisé par cet auteur expérimenté qu’est Walter Mosley. C’est un pur bonheur de suivre les nouvelles tribulations de Leonid McGill, véritable héros humaniste de roman noir. |
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