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GUY DE MAUPASSANT |
Au Siècle De MaupassantAux éditions OMNIBUSVisitez leur site |
159Lectures depuisLe mercredi 2 Fevrier 2011
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Une lecture de |
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Outre d’être tous plus ou moins contemporains, quel est le point commun entre Maupassant, Labiche, Barbey d’Aurevilly, Balzac, Hugo, Zola, Daudet (Alphonse), Courteline, Leroux (Gaston), Renard (Jules), Allais, France (Anatole), Mirbeau, Feydeau, Gaboriau, Gyp ou Chavette (Eugène) ? Au moins un de leurs textes a été adapté à la télévision dans le cadre des séries Chez Maupassant puis Au siècle de Maupassant. Aussi devant le succès des deux premières saisons de Chez Maupassant, le producteur Gérard Jourd’hui décida de prolonger l’expérience en invitant ses contemporains. Guy de Maupassant, tout le monde connait, au moins de réputation, et a lu quelques uns de ses contes ou romans. Une Vie, Le Horla, Boule de suif, La Maison Tellier font partie du patrimoine littéraire. Mais quel plaisir de retrouver des histoires aussi dissemblables que Histoire d’une fille de ferme, Deux amis, Hautot père et fils, Toine, Le Rosier de madame Husson, Le petit fût, Ce cochon de Morin ou encore Au bord du lit, dans lesquelles Maupassant exprime avec force, ironie, causticité, cynisme, cruauté parfois et vision rétrograde cette fin de XIXème siècle. « Maupassant, au contraire de la plupart de ses contemporains illustres, ne croit guère que les usines, le chemin de fer, les avancées de la médecine, la pensée socialiste vont améliorer les conditions de vie des êtres humains. Son point de vue se révèle visionnaire en faisant étrangement écho à ce que nous vivons en ce début de XXIème siècle » (extrait de l’entretien avec Gérard Jourd’hui en guise de préface). Il situe tout aussi bien ses histoires dans le monde rural, roublard et madré de la campagne normande, que dans celui feutré et non moins pervers des petits bourgeois et commerçants de la capitale. D’autres auteurs partageaient cet art d’écrire et de décrire, de penser. Zola par exemple avec Pour une nuit d’amour. Tous ont en commun l’idée de dénoncer les travers de la société, tel Victor Hugo qui avec Claude Gueux, dans un style pamphlétaire dresse un réquisitoire contre la peine de mort et l’état des prisons. La peine de mort n’est plus d’actualité, mais l’état de délabrement des prisons, les conditions de vie de ceux qui y vivent ( ?!), qui y sont enfermés et ne sont pas tous des assassins récidivistes, n’ont guère changé depuis la parution de ce texte. Tout au moins la mentalité. Vaste débat de société qui alimente les discours mais qui n’a pas d’effet dans l’action réformatrice et sur les résultats. Dans Le fauteuil hanté, Gaston Leroux joue dans un autre registre, et répond avec verve au refus qui lui a été signifié par l’Académie française lorsqu’il présenta sa candidature. Petite rectification à apporter au texte de présentation : « J’ai introduit le rôle du petit journaliste Fandor, clin d’œil à Arsène Lupin, qui n’existe pas dans le texte initial de Gaston Leroux » (page XI). Fandor n’est pas un personnage de Maurice Leblanc apparaissant dans les aventures d’Arsène Lupin, mais de Pierre Souvestre et Marcel Allain pour les épisodes de Fantômas. Gyp, alias de Sybille-Gabrielle de Riquetti de Mirabeau, est tombée en désuétude de nos jours. Tout au plus se souvient-on du Mariage de Chiffon, et encore le titre est plus connu que son auteure. Elle connut une certaine notoriété et bon nombre de ses textes, une trentaine entre 1910 et 1914, parurent dans la revue Lisez-Moi. Contrairement à Octave Mirbeau elle fut une antidreyfusarde convaincue, réactionnaire et antisémite. Toutefois Le mariage de Chiffon dénonçait cette pratique courante à l’époque (et aujourd’hui encore ?) des mariages arrangés, les jeunes filles n’ayant en aucun cas leur mot à dire. Octave Mirbeau, dont son Journal d’une femme de chambre reste l’œuvre majeure qui a défié les décennies, fut le compagnon d’armes de Zola, en se déclarant dreyfusard dès la première heure. Un engagement moins médiatique que celui de son confrère qui n’en fut pas moins efficace. Considéré comme écrivain politiquement incorrect il connaitra le succès dans des parfums de scandale. Et Le gentilhomme, roman inachevé et œuvre ambitieuse, trop peut-être, parle de politique, finances, religion, antisémitisme, congrégations. Un cheval de bataille qui claudiquera sur trois pattes. On déplorera quelques coquilles dans le texte de présentation d’Octave Mirbeau, par exemple « à Jules Clarétie il confie en 1802… » au lieu de 1902, et deux ou trois autres, mais personne n’est parfait et les fautes de frappe n’apparaissent pas toujours, même en se relisant. Œuvrant dans des styles différents ces auteurs pourraient être partagés aujourd’hui en deux factions, en deux clans, les Classiques comme Barbey d’Aurevilly : Le bonheur dans le crime, Balzac : La maison du chat-qui-pelote, Zola : Pour une nuit d’amour, Anatole France : Crainquebille, et les Populaires tels que Emile Gaboriau : Le petit vieux des Batignolles, Gaston Leroux : Le fauteuil hanté, Eugène Chavette : Aimé de son concierge et ceux qui oscillent des deux côtés de la barrière invisible, Labiche : La cagnotte, Courteline : Boubouroche, Alphonse Allais : L’affaire Blaireau, Jules Renard : L’Ecornifleur, Alphonse Daudet : Les trois messes basses et Feydeau : On purge Bébé ! , et les plus ou moins oubliés : Octave Mirbeau : Le gentilhomme et GYP : Le mariage de Chiffon tous jouent quasiment dans le même registre de la description d’une société malade de sa morale stricte, religieuse, de l’emprise des financiers, des administrations ubuesques, du mépris des grands et des nantis envers les petits sans défense, de l’hypocrisie politique. Des textes qui furent novateurs, accusateurs, empreints de colère, d’ironie et qu’il est bon de redécouvrir. En complément de ces textes toujours agréables à lire et fort bien présentés, les fiches techniques des différents téléfilms fournissent les noms des scénaristes et dialoguistes, des réalisateurs, des principaux interprètes et la date de première diffusion. |
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