Dans « Publicité meurtrière » collections Point, Seuil, 2009, le commissaire Kostas Charitos perd le sommeil et même l’appétit tandis que sa fille se trouve coincée sur un bateau détourné par des terroristes alors qu’il faisait route vers la Crète. Alors que le policier voudrait de toutes ses forces participer à l’action policière visant à dénouer cette prise d’otages, il est renvoyé à Athènes. On lui demande de résoudre un, puis deux meurtres. Une revendication qui paraît en premier lieu farfelue se révèle on ne peut plus sérieuse au fil des victimes. « Arrêtez tout ! Plus de pub, ni à la télé, ni même à la radio ! » Comment cette affaire finira par rejoindre la prise d’otage est tout l’enjeu de ce roman qui permet de mettre au cœur de la narration la place, selon moi terrifiante, qu’a pris la télévision dans le quotidien des Grecs. D’autant plus terrifiante que je ne puis m’arracher de l’idée qu’elle est la même en France. Aucun événement n’a pas plus d’existence s’il n’est repris par le petit écran ? Aucune personnalité n’a plus d’écho si elle n’apparaît aux vingt heures. La première nullité venue, si elle est assénée assez souvent se retrouve parée de toutes les qualités… Ce roman est heureusement l’occasion de raconter aussi des personnages succulents, une vie de couple hilarante, avec engueulade à heure fixe et la grande tendresse des vieilles habitudes, l’odeur du café grec, des grillades, les injures des automobilistes. Je me suis trouvée, malgré ces savoureux ingrédients, plusieurs foios irritée par le narratif intérieur du personnage. Par la bouche de Charitos, Markaris fait en effet preuve d’une homophobie affligeante, semble-t-il de règle dans ce pays où pourtant on continue, vu de France, à prier les gens d’aller se faire… voir. Pour les grecs, l’homosexualité semble être devenue la même raison dégradante d’être mis au ban de la société que pour les beaufs ordinaires du reste de l’Europe. Quelle misère quand on admire tous ces beaux éphèbes nus qui peints, sculptés, racontés, ont construit une des plus belles mythologie qui soit. Je ne puis m’empêcher de sursauter quand je tombe, dans la narration même, sur les mots de « lopette » ou de « pédé » utilisés comme synonyme d’homosexuel. Une fois passée cette partie du roman, il reste une narration d'une belle authenticité, et le portrait que nous fait Markaris de la Grèce moderne sonne on ne peut plus juste. À tel point qu’il rencontre, semble-t-il, un beau succès populaire dans son pays.
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