On trouve de tout au fond d’un verre de whisky, quand la musique est là et que les lumières virevoltent : la joie, la dignité, la force, l’oubli… mais aussi le meurtre sordide, le coup de couteau fatal, au fond d’un parking. Et pendant ce temps-là, la ville dégringole les escaliers qui mènent à la mer, alors qu’un soleil blanc l’écrase de ses feux, ou qu’une nuit obscure l’enveloppe de ses menaces diffuses. Sordide, la vie l’est… mais qu’importe pourvu que celui-ci n’entre pas en résonance avec l’Histoire, avec des conflits en suspens, qui suintent toujours un pus verdâtre aux relents de traumatismes sanglants et de tortures machinales. Un soir un jeune homme, au cœur idéaliste, disparaît. L’amour conduit à ces extrémités. Un soir une jeune fille est assassinée. L’amour conduit à ces extrémités. Il n’en faut pas plus pour que s’éveillent les vieux démons d’une guerre civile jamais éteinte. Il n’en faut pas plus pour que ressortent les kalachnikovs jamais remisées. Il n’en faut pas plus pour qu’un vieux flic à la retraite désabusée reprenne du service… L’amour conduit à ces extrémités. Et tout se confond, se mélange et fusionne dans un sang aux odeurs d’égouts mal curés. Les loups deviennent serpents et la mort les attend depuis des décennies. « La prière du maure » : un polar que Dieu semble avoir déserté. Un polar à lire juste avant que ne meurt l’espoir.
Une autre lecture duLa Prière Du Maurede L A |
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Alger. Ville blanche, avec ses rues et ses ruelles qui coulent jusqu’à la mer, sombres ou écrasées par un soleil de plomb, théâtre de fusillades féroces et mortelles, arène d’une guerre sans nom au nom d’une religion que tous partagent. Cabarets pisseux et bistros mal famés que hantent les laissés pour compte, des illusions perdues, de l’âge avancé, de la peur paralysante. Anciens officiers, journalistes, trafiquants, prostituées chacun semble attendre sa rédemption, que ses péchés soient effacés.
Et voila que Djo, un vieux policier à la retraite, replonge dans ce marigot où chacun s’épie et se soupçonne, où les services secrets foisonnent, où les factions s’entredéchirent en silence, sur fond de lutte antiterroriste.
Djo est de retour à Alger car il doit s’acquitter d’une dette, une dette d’honneur, une dette d’amour… mais on ne quitte pas le lointain Tamanrasset impunément, on ne le quitte pas sans éveiller les fantômes endormis du passé et les tueurs mercenaires du présent.
A Alger, un jeune homme a disparu… Djo le cherche…
A Alger, la fille de «Structure», le commandant du DRS («Département de recherche et de sécurité»), est retrouvée morte, assassinée. STRUCTURE, cet être mystérieux que d’aucuns voudraient abattre, mais qui n’existe peut-être pas, qui n’est peut-être que STRUCTURE… de l’état, héritage de la lutte sanglante de libération…
Djo ne sait pas tout, mais il n’ignore rien et il pressent le dénouement.
Adlène Meddi signe un roman captivant et tranchant tel un scalpel, émouvant et désespéré tel le hurlement d’un supplicié.
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