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M.V. MONTALBAN |
Roldan, Ni Mort Ni VifAux éditions 10:18 |
3658Lectures depuisjour de sa mise en ligne
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Une lecture de |
« Je crois que le fait qu'un écrivain décide ou non que son écriture est une écriture d'intervention est un problème de satisfaction morale, personnelle, et qu'il ne peut jamais espérer que de cette intervention puisse découler un changement réel des choses. » Dans Mouvements n°15/16 Luis Roldan, cet ex-haut dirigeant du parti socialiste et ancien directeur général de la garde civile du gouvernement socialiste de M. Felipe Gonzalez entre 1986 et 1993, fut accusé d'avoir détourné 2 milliards de pesetas (70 millions de francs) et après une cavale de six mois fut arrêté à Bangkok (Thaïlande). (Sur la période lire le Monde-diplomatique ) V. Montalban a écrit ce roman durant la fuite de cet homme et ne cherche pas à élucider l’affaire, il répond par contre à la question : « Comment le système démocratique peut-il produire de tels hommes » « Il chronométrait les temps de production de ses camarades de travail, au point qu'il avait été sur- nommé1'« Horloger ». Dans les années cinquante, les ingénieurs de gauche s'interrogeaient : était-ce honnête ou malhonnête de se prêter à la logique tayloriste de la production ? (…) Mais Roldàn était aussi un faux ingénieur et un faux économiste : il profita de son passage par l'UGT et par le PSOE, après la mort de Franco, pour monter encore et toujours, en essayant de se créer des gardes prétoriennes(…)Le maire Sainz de Varanda le recommanda comme délégué du gouvernement en Navarre, car(…) « il est dépourvu d'idéologie et de scrupules », qualité indispensable, apparemment, pour tout délégué du gouvernement « Il n'est jamais monté à une tribune (…) il n’a jamais écrit un article et n’a jamais expliqué ce qu'il pensait de la vie, quelle était sa conception des problèmes du monde. » l’absence de racines idéologiques et théoriques lui avait permis de grandir à l'intérieur de ce parti à la fois vieux et jeune(…) qui avait besoin de centaines de Roldàn avec un chronomètre à la main, de centaines d’« horlogers » convaincus que la modernité commençait par mettre en doute la finalité de la classe ouvrière, quand ce n'était pas son existence même. Des centaines de managers d'une politique avec un emballage de gauche, mais qui n'avait de sens que comme promotion personnelle » « Le roman noir reflète le sous-sol de la société » (M.V. Montalban dans Mouvements n°15/16) Ecrit sur le même ton que Sabotage Olympique ce livre ne nous entraîne pas seulement dans les sous-sols idéologiques de la société mais dans ces véritables égouts, à croire que les uns ne sont que le réel des autres. La recherche de Roldàn conduira Biscuter dans les égouts de Saragosse et Carvalho dans ceux de Damas qui étrangement débouchent sur Jérusalem et ce sont des centaines de Roldan qu’ils croiseront dans leur quête impossible d’un Roldan hypothétique… L’échec mettra un terme à l’enquête, puisque « Roldàn... il n'existe pas(…) Il a été l'exception qui confirme la règle des égouts : le silence » |
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