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PIERRE-ALAIN MESPLEDE |
Les Caïmans Du MaraisAux éditions PASCAL GALODE |
1063Lectures depuisLe jeudi 7 Mai 2009
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Une lecture de |
Collection Univers Policiers En cette fin d’année de l’an de grâce 1787 , les accidents et les décès consécutifs aux accidents provoqués la plupart du temps par le renversement de balles de foin tombées de chariots, dans le quartier du Marais à Paris sont légion. Et la mort du premier violon de l’orchestre dirigé par le chevalier de Saint-Georges, le Concert de la loge olympique, d’obédience maçonnique, arrange les affaires de Nicolas Lecoeur qui convoitait ce poste depuis quelque temps. Un autre événement va précipiter les enquêtes policières. Une bijoutière, la veuve Fournier, a été assassinée ainsi que son commis et ses hommes de confiance en sa boutique du quai des Orfèvres. La carriole qui devait transporter une petite cargaison d’or à son fils installé dans le Marais, s’est volatilisé. L’héritier est naturellement soupçonné mais aucune preuve ne peut être retenue contre lui, puisque justement il est l’héritier direct et n’a donc aucun intérêt immédiat à tuer et à voler sa mère. Le commissaire Davier confie l’affaire à l’un de ses adjoints particulièrement prometteur dans la profession, l’agent de police Malvy. Nicolas Lecoeur pendant ce temps fricote avec Marianne, une servante d’auberge, et las de vivre confiné dans une petite chambre chez ses parents ébénistes, est hébergé par Auguste Vestris, un danseur dont il avait fait la connaissance neuf ans auparavant et qu’il a retrouvé par hasard lors de l’un des concerts. Les accidents se succèdent et les manants n’en sont pas les seules victimes. Des personnes huppées aussi décèdent de la chute de balles de foin mal arrimées. Les témoignages n’affluent guère, obtenus auprès de témoins qui n’ont quasiment rien vu, ou des mouches (les indics) qui recueillent ragots plus ou moins fiables. Toutefois il semble qu’à chaque fois la carriole serait attelée d’un cheval gris pommelé. Et les caïmans ne seraient peut-être innocents. Les Caïmans, ce sont les malfrats de l’époque, ceux qui plus tard seront surnommés les Mohicans puis les Apaches. Les romans policiers ayant pour trame l’histoire, et l’histoire de France plus particulièrement, font florès actuellement, obéissant à une mode du lectorat, et quasiment tous les auteurs se conforment à la même règle. Celles d’intégrer à l’intrigue des descriptions d’une époque attractive, souvent le XVIIème ou le XVIIIème siècle, privilégiant souvent le décor et insérant personnages fictifs et réels qui se côtoient sans se faire de l’ombre. Habilement Pierre-Alain Mesplède, tout en apportant un éclairage substantiel au cadre et à l’ambiance, ne faillit pas à cette tradition. Mais contrairement à certains qui privilégient les us et coutumes, le décor local, l’architecture, les imbrications politiques et les magouillages de salon, il préfère s’intéresser à la vie culturelle qui régentait alors la capitale. C’est ainsi qu’au détour des pages on rencontre le symphoniste Ignace Pleyel, dont la marque de pianos aura survécu à ses compositions, le capitaine Thomas Alexandre Davy de la Pailleterie, plus connu sous le nom d’Alexandre Dumas, père de l’auteur des Trois Mousquetaires et que Charles Geneviève Louise Auguste André Timothée de Beaumont alias chevalier d’Eon y est évoqué de même que Gluck et Haydn. L’intrigue devient presque secondaire, mais est néanmoins toujours présente avec un épilogue inattendu.
L’insécurité règne au cœur de Paris. Particulièrement visé, le quartier du Marais où se produisent de nombreux accidents douteux, qu’on suppose d’origine criminelle. Les autorités de la capitale s’en inquiètent, mettant tout en œuvre pour faire cesser cette série meurtrière. En effet, en ce mois de novembre 1787, plusieurs accidents ont été causés par des charrettes de foin trop chargées. Il arrive que des ballots tombent sur les passants et les tuent. Le commissaire Davier désigne le compétent policier Malvy, afin qu’il enquête sur chacun des cas en question. Grâce à ses mouches (ses indics) fréquentant les auberges du quartier, il espère d’utiles renseignements. Dans le Marais, des bandits appelés “caïmans” sont à l’affût de tous les mauvais coups. Ainsi, Jehan Le Roux et sa bande ont repéré le jour du transfert d’or mensuel destiné au fils Fournier, à partir de chez sa mère la veuve Fournier, riche orfèvre. Dans le cas du savetier Verbois, ce fut un vrai accident. Toutefois, Malvy s’aperçoit que le sieur Rabineau, propriétaire charretier, n’est pas totalement innocent. La mort de la mère Cornebœuf a été provoquée car, comme dans tous les accidents suspects, on a repéré un cheval à la robe pommelée tirant le chariot de foin. Nicolas Lecœur est aujourd’hui Premier violon dans l’orchestre dirigé par M.de Saint-George, un métis très apprécié par Marie-Antoinette et sa cour. Dans les soirées mondaines, Nicolas et son amie Marianne croisent les célébrités du moment, compositeurs et comédiennes, et même M.de Lafayette. Danseur à l’Opéra et camarade de Nicolas, Auguste Vestris participe à ces festivités. Dans leur entourage, la mort du violoniste Philippe de l’Estoile pourrait être un accident réel, rien de sûr. Pourtant le témoignage de Marianne, servante d’auberge, aiderait sûrement à identifier une bande de “caïmans”. Le meurtre de M.de Lantenay, architecte victime d’un ballot de foin, n’est pas si compliqué à solutionner. Il y a aussi celui du prêteur sur gages Josuah Lévy, dont les feuilles de comptes vont aider la police. Plus incertain est le cas de la marquise de Lagny, tuée avec le laquais qui la protégeait, probablement par des “caïmans”. Le décès de cette joueuse invétérée profite à son neveu, le comte de Saint-Priest, mais ça ne constitue pas une preuve. La mort du proxénète Denis le Gros offre au policier Malvy une nouvelle piste sérieuse… C’est l’ambiance parisienne à la fin de l’époque Louis XVI que ce passionné d’Histoire qu’est Pierre-Alain Mesplède nous invite à découvrir. Grâce aux musiciens d’un orchestre prisé par la Cour, il nous présente mondanités et milieux huppés. Avec bon nombre de détails historiques, comme il se doit. Mais c’est dans le Paris populaire, dans les ruelles et tavernes du quartier du Marais, que se déroule l’intrigue criminelle proprement dite. En ce temps-là, on ne mène pas une enquête de la même façon qu’aujourd’hui. Bien sûr, les indics apportent déjà une aide précieuse. Mais indices et déductions permettent à Malvy de résoudre plusieurs cas. Menacer les coupables de la “question” suffit pour obtenir leurs aveux. Ce roman nous propose un voyage très plaisant (et fort bien documenté) à la fin du 18e siècle. |
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