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PHILIPPE MIGNAVAL |
Vierge NoireAux éditions LE PRE AUX CLERCSVisitez leur site |
1328Lectures depuisLe mercredi 17 Juin 2009
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Une lecture de |
La centenaire Georgette est la dernière habitante du hameau de Font-Sainte, le village natal d’Alban Vertigo. Avant d’aller en maison de retraite, elle lui confie ce qu’elle appelle “les affaires de la chapelle”. Il s’agit de statuettes, de reliques et de lettres, qu’Alban va garder en dépôt chez lui. Avec son fils Eudes, branché look Gothique, il découvre un vieux courrier concernant la Vierge Noire du Puy-en-Velay. Selon la légende, cette mythique statue aurait inspiré toutes les autres. Officiellement détruite lors de la Révolution, il semble qu’elle ait été sauvée et cachée par un prêtre. Alban se renseigne auprès d’un curé et d’un instituteur érudit, visite le musée local. Avec son fils, une nuit, il inspecte clandestinement la chapelle de Font-Sainte. Ils y trouvent le cadavre du curé consulté, étrangement mis en scène. Le policier Gargovitch ne suspecte pas vraiment Alban, qui poursuit ses investigations dans le microcosme des admirateurs de la Vierge Noire. Auphanie, l’ex-épouse d’Alban, prétend avoir des talents en matière d’ésotérisme. C’est une amie du nommé Vital, un gourou fumeux. Alban est contacté au sujet de son enquête par un juriste, puis par une “dame orange” (Marieke, une antiquaire hollandaise), et par la jeune journaliste Valentine. Se présentant comme moine copte, un certain Athanase affirme que la Vierge Noire est passée par l’abbaye de l’Estargue, aujourd’hui détruite. Après un cambriolage chez Alban, un couple tente d’enlever Georgette à la maison de retraite. Experte parisienne qu’Alban avait rencontrée peu avant, Mme Amaury est assassinée. La mise en scène est identique que pour le curé. La psy Armelle, qui assiste le policier Gargovitch, estime qu’il s’agit d’espèces de sacrifices humains. Quant au concept d’ethnopsychiatrie, il échappe un peu à Gargovitch. Alban retrace progressivement le trajet de la Vierge Noire depuis sa disparition. La statue fut cachée au collège de la Sainte-Trinité, avant d’appartenir à un collectionneur paralytique. D’abord peu coopératif avec Alban, celui-ci croit que la statue a des origines antiques. Le druide Gérald Ker prétend, lui, que c’est la représentation de la déesse celte Angona. Le moine Athanase et une autre victime sont retrouvés morts dans le cimetière de l’Estargue. Tandis qu’Alban est gravement en danger chez Gérald Ker, les policiers qui le surveillaient sont éliminés. Auphanie, Valentine et Eudes ne sont pas à l’abri des assassins. Alban trouve une alliée pour aller au bout de son enquête, même si rien ne prouve que la statue existe encore… Du culte de Sainte Sarah aux religions celtiques, en passant par diverses croyances médiévales ou plus anciennes, les symboliques Vierges Noires se prêtent à toutes les interprétations. Ce roman est basé sur une riche documentation autour du sujet. Avec, même, un détour par Copenhague et sa célèbre Petite Sirène, souvent mutilée. Heureusement, ceux qui étudient la part mystique de ces statues ne poussent pas la passion jusqu’aux meurtres, comme c’est le cas ici. S’il nous offre beaucoup de précisions sur le thème, l’auteur n’oublie pas de développer une vraie intrigue criminelle. Le mystère plane sur la mise en scène des cadavres. La menace est omniprésente autour d’Alban et de ses proches. Soulignons aussi de beaux moments humoristiques, notamment dans les dialogues : “Et il nous faudra le thème astral de la statue au jour de sa disparition – Elle doit être du signe de la Vierge, non ?” ou “Vous qui êtes cultivé, lieutenant, vous devez savoir quelle langue il parle – Je dirais que c’est du pur jus de cerveau malade”. Un suspense très réussi, d’une lecture extrêmement agréable. |