Bien qu'ils fassent équipe, entre Franck d'un côté et José et son frère Miguel de l'autre, on ne peut dire que règne la franche camaraderie, l'entente cordiale. Non, mais cela ne les empêche pas de se rendre ensemble dans un petit village de Normandie, afin d'y effectuer une livraison chez un député. Après leur passage, une explosion se produit. Exit le député, sa femme et la secrétaire. Ce qui alimente la fringale des médias car le politicien n'était pas en odeur de sainteté, imbriqué dans une magouille financière. Franck, un peu perdu, passe le restant de la nuit dans une boite de jazz. Subjugué par le talent de Mister, le pianiste, il ne peut s'empêcher de le complimenter puis de lui avouer qu'il vient de tuer trois personnes. Mister, prenant cette confidence pour une blague, le prend sous son aile et le présente à son copain Bob, un chauffeur de taxi qui refuse la clientèle. Lorsque Mister et Bob réalisent que les aveux de Franck ne sont pas fictifs, mais s'ancrent dans le fait divers, ils vont s'incruster dans l'enquête, cherchant à comprendre les motivations de Franck. Une histoire qui prend ses racines dans l'enfance même de Franck, le député étant son père, lequel avait abandonné sa famille pour se remarier avec une femme dont les introductions dans le milieu politique ne pouvaient que le servir. Ah l'ambition ! Ce premier roman de Marcus Malte publié à l’origine au Fleuve Noir, est une plongée abrupte dans le blues et le jazz - le doigt d'Horace étant celui d'Horace Silver, célèbre pianiste de Jazz - aux imbrications politiques et vengeresses. De la noirceur qui s'en dégage, s'élèvent des fumerolles d'humour, ironie caustique et amère. Les personnages, sans être tout à fait déjantés, gravitent comme dans une semi liberté. Celle du mouvement mais pas celle des souvenirs qui collent à eux façon chewing-gum. On pense s'en défaire et voilà qu'il se pose à un autre endroit. Un bon premier roman qui mettait Marcus Malte sur orbite, tout comme le premier titre de Tonino Benacquista, Epinglé comme une pin-up dans un placard de G.I., publié lui aussi au Fleuve Noir, et qui ouvrait la porte sinon des succès, du moins celle des éditeurs. Comme quoi, malgré ses détracteurs, le Fleuve Noir savait aussi découvrir des talents prometteurs.
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