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M.V. MONTALBAN |
Le Quintette De Buenos AiresAux éditions 10:18 |
3030Lectures depuisjour de sa mise en ligne
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Une lecture de |
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« Je crois que le fait qu'un écrivain décide ou non que son écriture est une écriture d'intervention est un problème de satisfaction morale, personnelle, et qu'il ne peut jamais espérer que de cette intervention puisse découler un changement réel des choses. » Dans Mouvements n°15/16 A la demande de son oncle Pepe Carvalho quitte Barcelone et s’envole pour Buenos Aires. Sa tache est simple, il doit retrouver son cousin Raoùl qui est reparti en Argentine, d’où il avait réussi à s’enfuir au lendemain du coup d’état militaire de Videla, laissant derrière lui sa femme morte lors d’une rafle et son bébé « disparu » - un parmi les trente mille - au cours de ce que les Argentins nomment le Processus : « Nous avions inventé un euphémisme, ici, pour parler de la dictature, c'était le Processus, Processus de la Réorganisation nationale, comme l'appelaient les militaires. Pour les uns, le processus de normalisation du pays, pour d'autres l'extermination. Toutes les dictatures masquent leur image, et le langage est un outil qui sert à camoufler. Appelez fermeté la cruauté et elle cesse d'être de la cruauté. » A son arrivée dans la ville Alma – la belle sœur de Raoul - le prend en charge et le mènera à la rencontre des anciens camarades de combat de son cousin… Et les personnages qu’il rencontre en Argentine sont les mêmes que ceux qu’il croise d’ordinaire en Espagne ou qu’il pourrait observer si d’aventure ses pas le conduisaient en France. Anciens de la lutte armée devenus ministres, directeurs de clinique, péronistes radicaux sur le point d’épouser la fille d’une des plus puissantes familles argentines, montoneros aujourd’hui associés à leur ancien tortionnaire dans des affaires juteuses… « Qui n’a pas été révolutionnaire à vingt ans n'a pas de cœur qui l’est encore à quarante n'a pas de cerveau. » « - Le militantisme nous a rendus efficaces, travailleurs et cyniques, l'échec nous a rendus Après, nous réussissons dans les affaires. Ceux qui sont entrés dans le monde des affaires, évidemment. » Car tous ne sont pas passés de l’autre côté, mais ceux qui sont demeurés « fidèles » on peut d’avenir… Face à ce constat, comme à son habitude, le détective se cache derrière le cynisme et l’ironie : « Marxiste-léniniste, fraction gourmet. », sceptique quant aux possibilités de reconstruire une internationale révolutionnaire puisque « - Une internationale sans fax est impossible(…) Où mettrons-nous le fax ? A Moscou, terminé, à La Havane aussi, ce serait un suicide de le mettre à Tripoli ou à Téhéran. Où mettrons-nous le fax, monsieur Barone? » D’Asados en asados et comme ces investigations s’éternisent, que Charo ne l’attend plus, il monte une agence de détectives à Buenos Aires… achète des livres dans le seul but de les brûler : « - C'est une vieille habitude. J'ai lu des livres pendant quarante ans de ma vie, maintenant, je les brûle parce qu'ils ne m'ont presque rien appris de la vie. » et passe ses nuits dans Tango Amigo à écouter Adriana chanter tout en continuant à chercher son cousin. De page en page, il mettra à jour les bassesses des uns, les trahisons des autres… la vérité sur quelques disparus et se retrouvera à table, pour un repas privé, avec les dignitaires de la junte… Un repas ?… mais quel repas ! Le Quintette de Buenos Aires est un livre où le pessimisme et le cynisme font bon ménage et si un moment on espère qu’il se conclura sur une note optimiste : « tous les trois, regardent passer la manifestation, des milliers de jeunes, de vétérans aussi de toutes les manifestations, de toutes les guerres perdues, le portrait du Che au-dessus des têtes, par-dessus même le Che le cri de « Venceremos » » Force est de constater que ce n’est pas le cas |
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