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PATRICK MOSCONI |
MélancoliesAux éditions SEUILVisitez leur site |
2170Lectures depuisLe mardi 28 Avril 2009
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Une lecture de |
Après une intervention en neurochirurgie à l’hôpital Lariboisière, le coma de Mariane se prolonge anormalement. Violeta, l’anesthésiste, s’inquiète et reste au chevet de sa patiente. Elle note les bribes de paroles qui échappent à la malade. Comme si Mariane devait lui délivrer ses secrets, peut-être la raison pour laquelle elle se réfugie dans ce coma. Ces propos décousus, Violeta les évoque avec son amant Tristan. Infirmier, celui-ci est devenu muet après un choc. Sans doute a-t-il choisi de ne plus parler, suivant une logique qui lui est propre. Tristan consigne dans des cahiers l’évolution de cette relation, somme toute ambiguë, entre Mariane, Violeta et lui. Dès leur première rencontre, l’anesthésiste a senti le caractère énigmatique de Mariane. Celle-ci ne partage rien de fort avec son compagnon Benjamin ou son amie Romane. Dans l’atelier d’art de Mariane, Violeta découvre le portrait d’une femme brune. Son sosie ou son propre portrait, pourtant peint avant leur rencontre. Dans les documents de Mariane, Violeta est troublée par un conte - récit qui réveille des réminiscences de son enfance. L’état de santé de Mariane s’aggrave, frôlant le coma irréversible. C’est le moment que choisit Tristan pour sortir de son mutisme. Puisque la cartésienne Violeta a ressenti de l’irrationnel chez Mariane, Tristan lui propose de s’adresser au magnétiseur Adrien. Le lien inexplicable qui s’est tissé entre les deux femmes incite Violeta à le contacter. Probablement est-il le seul qui puisse la sauver. Est-ce vraiment aider Mariane, habitée par des démons intérieurs maléfiques, que de l’amener à sortir du coma ? Gilles, le mari de Violeta, pourrait semer la confusion dans l’esprit de Tristan. Mais celui-ci est déjà conscient de la complexité de son amante, de l’image incomplète qu’elle donne d’elle-même. Pas même une question de jalousie maritale, chez Gilles : Violeta est déjà absente de sa vie. Après quatre jours de coma, peut-être grâce à Adrien, Mariane se réveille. Elle veut se montrer forte, méprisant les ombres qui la tourmentent. Pour le trio commence un jeu complexe, avec divers degrés d’attirance. “Dans l’univers instable des sentiments en perpétuelle mutation, chacun doit savoir où se trouve sa place” : Mariane et Violeta sont telles des sœurs jumelles complices et opposées, et Tristan est leur amant - intérimaire entre l’une et l’autre. Au destin de donner un avenir à leur histoire… Roman noir ou romance noire ? On peut jouer avec les mots. Mais c’est plutôt avec les limites de genres que s’amuse Patrick Mosconi. Il fut un des initiateurs du “néo-polar”, publia les grands noms du roman noir actuel. Il n’ignore pas que l’originalité d’écriture n’admet pas les étiquettes. Le jeu amoureux n’étant pas un crime, il n’y a pas ici de cadavre. Rien dans cette affaire n’enfreint la loi, ni n’entraîne enquête ou poursuites. Ce serait donc un pur exercice de style ? Pas seulement, non. Riches en nuances, ces portraits de trois personnes détaillent leur fonctionnement individuel. Ils sont seuls, tiennent à cette indépendance, mais ont besoin de s’intéresser à “l’autre” sans afficher de sentiments. À l’image de beaucoup de gens aujourd’hui, qui sait ? En terminant ce livre, on pourrait fredonner la chanson "C'est quand le bonheur?". Soulignons un petit clin d’œil final à un roman de Michael Connelly, qui nous indique que l’auteur reste toujours fidèle au "noir". Lecteurs de romans hors normes, celui-ci vous est adressé. Patrick Mosconi ? Un grand du polar ! |
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