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NADINE MONFILS |
Le Bar Crade De KaskouilleAux éditions LA BRANCHEVisitez leur site |
3036Lectures depuisLe mercredi 11 Mars 2009
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Une lecture de |
Dans cette localité sans grand attrait pour le tourisme, le bar de Lucien est un simple bistrot d’habitués, pas très rutilant. Lucien tient le comptoir et s‘occupe comme il peut. Son frère Roger, un débile mental plutôt gratiné, assure le service. Recluse dans la cuisine, leur mère reste invisible, interrogeant parfois Lucien sur les incidents de la rue. Rosalie est une vieille pochtronne qui squatte la banquette du bistrot, laissant son ardoise impayée depuis belle lurette. Rosalie se dit malade, atteinte d’artériocirrhose. Marcel, le boucher chez qui il vaut mieux ne pas acheter de la viande, est aussi un client régulier. Sa femme l’a quitté pour un Marseillais de Pigalle. Pas sûr que ça le dérange tellement, qu’elle soit partie. La belle Carmella est une autre habituée. Un cas particulier, cette jolie fille, vu que c’est le frère travelo de Marcel. Inutile de préciser que le boucher ne veut plus adresser la parole à Carmella. Ce jour-là, se présente un nouveau client inconnu. L’homme distingué avec sa mallette et son manteau gris détonne dans le décor. Il semble avoir rendez-vous chez Lucien avec quelqu’un. Pour Rosalie, bonne occasion de lier connaissance, et de se faire offrir quelques verres. C’est à peine s’il surprend l’assistance quand il annonce être tueur à la carte. “Je suis la dentellière du crime, le Pierrot sanguinaire, le voleur d’ombre… Je tue celui qui me le demande, où il veut, comme il veut. Pour ceux qui n’ont pas d’imagination, je propose des petites morts gouleyantes sur couteau de velours, ou des morts grandioses entourées de guirlandes. La mort est un art, cher monsieur…” Rosalie ne risque pas d’être choquée, elle dont le passé est peuplé de morts douteuses. La rentabilité financière de cette activité spécialisée intéresse Carmella, qui a besoin d’argent pour quelques retouches esthétiques. Un curieux métier, quand même. Le client avec lequel il a rendez-vous étant en retard, l’homme essaie de placer ses services aux habitués du bistrot. Quand le Marseillais qui cocufie Marcel vient lui chercher des noises, le boucher commence par l’enfermer dans le frigo. On trouvera bien un moyen d’en finir avec ce gêneur. Quant à l’étranger, le hasard malicieux qui l’a conduit chez Lucien lui réserve encore quelques mauvaises surprises… Court roman, où l’on retrouve avec grand plaisir toute la fantaisie de Nadine Monfils. Dans son théâtral décor de miteux estaminet, cette comédie noire surréaliste nous fait passer un fort agréable moment de lecture. Les dialogues fusent, d’un humour décalé et percutant. À propos d’avortements répugnants, par les faiseuses d’anges d’antan : “Quelle horreur ! De nos jours, les femmes sont quand même plus propres : elles planquent leurs nouveaux-nés dans le congélateur, dit Lucien – C’est vrai ! La race humaine évolue bien, fit Carmella”. Les scènes cocasses se succèdent avec fluidité. La caricature des personnages est succulente. L’auteur a même concocté une vraie intrigue, avec crimes et dénouement surprise. La tonalité des histoires de Nadine Monfils est toujours aussi personnelle et originale. |
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