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JACQUES MAZEAU |
La Ferme De L'enferAux éditions L'ARCHIPELVisitez leur site |
1611Lectures depuisLe mardi 24 Septembre 2008
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Une lecture de |
Dans la Nièvre, en 1935. La Vernières est une ferme dirigée avec autorité par le sexagénaire Émile. Servis par la vieille Margot, il y vit avec son fils Hippolyte, qui manque de personnalité, et la fille de celui-ci, Emma. Âgée de 18 ans, elle garde rancune à sa mère Jeanne, ayant quitté la ferme sans explication trois ans plus tôt. Une lettre en provenance d’Afrique apprend à Emma que sa mère est décédée. Sans annoncer la nouvelle à quiconque, à l’abri du grenier, la jeune fille lit enfin les lettres que la défunte lui adressa. Emma s’aperçoit que Jeanne fut fort mal traitée par Émile et Hippolyte. Profitant d’un petit héritage, elle s’enfuit pour voyager, de Venise à la Pologne, puis jusqu’en Afrique. En mémoire de sa mère, et de son bien-aimé oncle Maxime, Emma est habitée par un besoin de vengeance. Si elle s’implique dans la gestion du domaine, c’est pour mieux s’attaquer à son père et son grand-père. Cela n’échappe pas à Margot, dont les sentiments à l’égard de la famille sont complexes. Emma cultive les tensions entre Émile et Hippolyte, trop mou pour contrer sa fille. Les rapports entre père et fils se détériorent encore quand Hippolyte abîme la voiture d’Émile, ou quand il est retrouvé ivre dans la cave. Margot est avare de confidences, mais confirme que Jeanne n’était guère heureuse ici. À l’époque de Noël, une violente altercation entre Émile et son fils entraîne la mort accidentelle d’Hippolyte. Personne ne remet en cause la version édulcorée des faits, d’Emma et Émile. Celui-ci n’affiche guère de regrets, suite à ce décès. “Ni faiblesse, ni repentir” non plus de la part d’Emma, masquant toujours ses sentiments contre son grand-père. Il veut la marier au médecin local, plutôt qu’à son jeune amant Louis. Emma feint d’accepter... Romancier confirmé, Jacques Mazeau mêle dans cette solide intrigue terroir ancestral et secrets de famille. Décrits avec soin, ses personnages ruraux sont loin d’être caricaturaux, leur caractère étant nuancé. À travers ses lettres, on imagine que le romantisme de Jeanne s’adaptait mal à la dure vie menée entre son mari et son beau-père. Déterminée, la jeune héroïne de cette histoire est plus attachante – et moderne pour son temps – que réellement cynique. Pourtant, c’est bien une vengeance sans pitié qui la guide. S’il ne s’agit pas d’un pur suspense, c’est un roman précis et subtil que nous propose l’auteur. |